Au menu, il y aura de la dinde rôtie, des patates douces, une tarte à la citrouille et... trois matchs de football! C'est ainsi que des millions d'Américains célébreront aujourd'hui Thanksgiving, une fête de retrouvailles familiales où le sport occupe une place de choix.

Depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, le quatrième jeudi de novembre constitue une date spéciale à mon calendrier. Même si nous célébrons notre propre Action de grâce six semaines plus tôt, j'ai toujours profité avec plaisir du grand party de nos amis américains. Les belles traditions sportives apportent du bonheur à nos vies.

Comme chaque année depuis 1934, les Lions de Detroit lanceront les célébrations à 12h30 en disputant un match devant leurs partisans. Seule la Deuxième Guerre mondiale a interrompu ce moment magique du calendrier de la NFL. En fin d'après-midi, les Cowboys de Dallas joueront aussi à domicile, une habitude brisée seulement deux fois en 45 ans.

Un affrontement intrigant aura lieu en soirée: les Ravens de Baltimore accueilleront les 49ers de San Francisco. Ces deux équipes sont dirigées par des frères, John et Jim Harbaugh. Commentant cette réussite, leur mère a rappelé l'importance de permettre aux enfants de vivre leurs propres expériences et de développer leur autonomie: «Ne faites pas pour eux ce qu'ils peuvent faire par eux-mêmes».

Demain, les parents des deux coachs célébreront leur 50e anniversaire de mariage. Quelle est l'importance du football dans la famille Harbaugh? Un indice: pour leur lune de miel en 1961, Jack et Jackie ont assisté à un match de la NFL à Cleveland.

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Le calendrier sportif du week-end de Thanksgiving a pris de l'ampleur. Et si le football professionnel et collégial en constitue le point d'ancrage, le hockey tente de se tailler une niche.

Ce matin, lors du grand défilé à New York, la LNH commanditera un char allégorique. L'élément principal sera une dinde géante personnifiant un gardien de but sur un étang gelé! Cam Neely, le président des Bruins de Boston, sera à bord.

Le char, plutôt amusant, fera la promotion du «Thanksgiving Showdown» qui, après le «Winter Classic», constitue la nouvelle initiative de la ligue pour hausser sa notoriété aux États-Unis. Avouons-le: la LNH a du pif pour trouver des expressions imagées afin de mettre en valeur ses grands événements.

Le «Showdown» opposera les Bruins de Boston aux Red Wings de Detroit, vendredi, à 13h. La rencontre sera présentée partout aux États-Unis sur NBC. Ce sera la première fois en 20 ans qu'un grand réseau américain diffusera une rencontre de la LNH si tôt en saison. Un des arbitres portera un micro afin d'offrir une expérience nouvelle aux téléspectateurs.

Pour Gary Bettman, cette percée du Thanksgiving constitue une petite victoire, qui lui fera peut-être oublier un moment ses échecs dans plusieurs marchés du sud des États-Unis.

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De quoi parleront les Américains entre deux bouchées de dinde? De l'économie, sûrement, d'Obama et du Tea Party, sans doute. Mais le nom de Tim Tebow meublera aussi les conversations.

Tebow est ce jeune quart-arrière des Broncos de Denver admiré par certains, détesté par d'autres. Mauvais passeur, mais excellent coureur, son acharnement et son désir de vaincre sont inouïs. Ses succès au cours des derniers matchs ont incité l'organisation à libérer Kyle Orton, le quart numéro un en début de saison.

Le jeu de Tebow porte à controverse, tout comme la manière dont il affiche ses convictions religieuses. Chrétien engagé, il brandit sa foi comme un trophée, remerciant Dieu à toute occasion devant les caméras. Jake Plummer, un ancien quart des Broncos, a déclaré tout haut ce que plusieurs pensent tout bas: «On sait qu'il aime Jésus-Christ, il n'est pas obligé de le rappeler à chacun de ses bons jeux».

Bien dit, Jake!

Fils d'un missionnaire américain aux Philippines, Tebow estime que son devoir est de «sauver» des vies en transmettant la parole de Dieu. Des partisans, impressionnés par ses miracles sur le terrain, ont inscrit le nom «Jesus» sur des répliques de son chandail numéro 15. Certains chrétiens crient au sacrilège, d'autres soutiennent l'initiative. Tebow a évité de se mouiller, affirmant simplement que tout dépendait de leurs motivations. «Mais seul Dieu sait ce que chacun de nous a au fond du coeur», a-t-il commodément nuancé.

La NFL a vécu plusieurs controverses au fil des ans, mais celle-ci est plutôt unique! Only in America, comme on dit...

Alors bon week-end de Thanksgiving américain. Et si le boulot vous fait rater l'affrontement Canadien-Flyers demain à 15h, consolez-vous: Sidney Crosby et les Penguins reçoivent les Sénateurs d'Ottawa à 19h. Le match est télévisé et, non, vous n'y perdrez pas au change!

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Sources: San Jose Mercury News, USA Today, Associated Press, Denver Post.

Photo: AP

Tim Tebow, le jeune quart des Broncos de Denver, brandit sa foi comme un trophée, remerciant Dieu à toute occasion devant les caméras.