Vous avez vu les chiffres publiés dans La Presse de jeudi dernier? Les cotes d'écoute des matchs du Canadien à la télévision accusent une chute de 14% par rapport à l'an dernier.

Cette nouvelle ne m'étonne pas. L'équipe offre un spectacle médiocre et ne compte aucune tête d'affiche à l'attaque. Personne n'ouvre sa télé le soir en disant: «Wow, on verra jouer Brian Gionta et Michael Cammalleri, faut pas manquer ça!»

À moins d'un improbable coup de barre, cette saison est en voie de se transformer en catastrophe. Le Canadien joue sans inspiration. L'éventuel retour d'Andrei Markov, un gars de 32 ans absent du jeu depuis un an, ne suffira pas à renverser la tendance. Les joueurs de Jacques Martin sont éteints.

La controverse autour du but vainqueur des Penguins, samedi, ne masque pas l'essentiel: le Canadien éprouve de gros ennuis à protéger ses avances. Les arbitres ont peut-être commis une erreur en prolongation. Mais ils ont aussi manqué leur coup en troisième période en fermant les yeux devant le coup de Max Pacioretty à la tête de Kris Letang. Entre les deux gaffes, celle-là est pire.

Pacioretty mérite une suspension. Il n'a pas tenté d'éviter Letang. Si Brendan Shanahan passe l'éponge, comme il l'a fait à la suite du coup de Milan Lucic sur Ryan Miller, le signal sera clair: les dinosaures de la LNH auront remporté une manche.

Suis-je le seul à m'inquiéter de l'avenir de Jacques Martin? Au cours de sa longue carrière, l'entraîneur-chef du Canadien en a vu de toutes les couleurs. Mais je doute qu'il ait déjà été confronté à trois matchs si importants avant Noël.

Le Canadien disputera ses trois prochaines rencontres en Californie. S'il les perd, une perspective fort envisageable, l'équipe aura subi cinq revers d'affilée et ses chances de mériter une place en séries deviendront minuscules. Martin résistera-t-il au climat de panique qui ne manquera pas de s'installer?

Les affrontements de cette semaine nous en diront long sur les liens entre Jacques Martin et ses joueurs. Ceux-ci se défonceront-ils? Ou afficheront-ils plutôt leur insouciance de vendredi, à Philadelphie?

Geoff Molson est sûrement inquiet. Le Canadien s'éloigne du groupe des 10 équipes de tête, l'objectif fixé à Pierre Gauthier. Pas sûr que l'équipe possède le ressort pour rebondir.

Bon, je ne veux pas être prophète de malheur. N'empêche que le nouveau contrat de travail dans l'Association nationale de basketball (NBA) laisse présager des moments pénibles dans la LNH l'an prochain.

Pour bien comprendre la situation, retenons deux chiffres: 57% et 50%.

Le premier, c'est le pourcentage des revenus de la NBA que touchaient les joueurs dans leur ancien contrat. Le deuxième, c'est celui qui leur sera désormais versé. Chaque point de pourcentage vaut 40 millions. Les joueurs ont donc transféré aux proprios une somme annuelle de 280 millions, pour au moins les six prochaines années. C'est une concession énorme!

Au hockey, les joueurs touchent actuellement 57 % des revenus. Je serais bien étonné que Gary Bettman reconduise cette entente, surtout après la victoire patronale dans la NBA. Dans la LNH, chaque point de pourcentage vaut 30 millions.

Même s'ils ont plié le genou, les joueurs de la NBA ont évité le pire. Comment? En jouant dur, à l'image des proprios tout au long du conflit. Au début du mois, ils ont transformé leur syndicat en association professionnelle, ce qui leur a permis d'intenter une poursuite contre la NBA en vertu des lois anti-monopoles. (Un syndicat n'a pas le droit d'agir ainsi.)

Cette stratégie a inquiété les proprios. Ils ont assoupli quelques demandes, notamment au niveau de la taxe de luxe, et un accord a été conclu. Une saison de 66 matchs commencera le jour de Noël.

Conclusion: comme dans la NFL cet été, la NBA et ses joueurs ont fait la paix. Mais pas dans la sérénité. Je m'attends à un contexte aussi dur, plein d'accusations et de contre-accusations, dans la LNH en 2012. La convention collective prendra fin le 15 septembre.

J'espère que Gilles Courteau rappellera à l'ordre la nouvelle concession de Sherbrooke, de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Ses dirigeants ont surnommé l'équipe le «Phoenix», en référence au mythique oiseau. Or, en français, on écrit «phénix». Le «phoenix» est plutôt un palmier.

Il est désolant d'entendre un type droit et solide comme Jocelyn Thibault défendre ce choix en évoquant un clin d'oeil au bilinguisme de la région. Tu sais, Jocelyn, mal écrire le français, ce n'est pas célébrer les deux langues. Le faire en toute connaissance de cause, c'est plutôt ne pas le respecter. Et c'est envoyer un mauvais message aux jeunes joueurs de ton équipe.

Mauvais départ, donc, pour les «Sherbrooke Phoenix». Mais il n'est pas trop tard pour corriger la situation. Fais le beau geste, Jocelyn...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Cette semaine sera déterminante pour Jacques Martin. On verra s'il a les nerfs solides et de bons liens avec ses joueurs.