Un projet d'envergure pour l'essor du sport à Montréal se concrétise. Lundi dernier, dans le grand hall de l'hôtel de ville, le maire Gérald Tremblay a présenté le concept retenu pour la construction d'un complexe de soccer intérieur, avenue Papineau, sur le site de l'ancienne carrière Miron.

L'édifice, qui ouvrira ses portes en 2014, sera érigé au coût de 28 millions. Un terrain de soccer extérieur se greffera au projet. Il s'agit d'un nouveau jalon dans le développement du Complexe environnemental Saint-Michel, où on retrouve notamment la Tohu et un immense parc.

Les croquis laissent présager un édifice magnifique où le bois sera mis en valeur. Au plan social, ce complexe répondra à un besoin. «Après les incidents de Montréal-Nord, on nous a demandé des terrains de soccer synthétiques, explique M. Tremblay. Le sport favorise l'estime de soi, en plus de développer des valeurs positives.»

Au cours des derniers mois, Montréal a souffert de la comparaison avec la ville de Québec au niveau de l'engagement envers le sport. Pendant que la capitale nationale se dotait d'une structure pour attirer des événements internationaux (le congrès SportAccord, qui réunira des centaines de représentants des sports olympiques s'y tiendra au printemps prochain), Montréal se distinguait surtout par ses faux pas.

Le traitement réservé aux essais canadiens de canoë-kayak en mai dernier en a constitué l'exemple parfait. À la suite du bris d'une conduite électrique au bassin olympique, la compétition a été annulée sans égard pour ses participants. Heureusement, au moment où la réputation de Montréal s'écroulait dans toutes les fédérations de sport amateur du pays, le réveil a sonné.

Normand Legault, président de la Société du parc Jean-Drapeau, a réparé les pots cassés. Ses gestes de réconciliation avec les gens de canoë-kayak ont été remarqués. Pendant ce temps, en coulisse, Gérald Tremblay préparait un plan d'attaque. Des résultats pourraient survenir en 2012.

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Le premier objectif de M. Tremblay est de faire de Montréal la plaque tournante de la Coupe du monde de soccer féminin, qui sera présentée au Canada en 2015.

«Je suis le seul maire qui est allé à Berlin pour convaincre la FIFA d'implanter son bureau d'affaires dans sa ville en vue de ce tournoi, explique-t-il. J'ai aussi demandé la présentation de la finale au Stade olympique. J'attends des nouvelles en début d'année. Les sons de cloches sont assez positifs.»

Ce tournoi est un événement en pleine croissance. Comme son pendant masculin, il se déroule tous les quatre ans. La présentation de l'été dernier, en Allemagne, a suscité un immense intérêt partout dans le monde. L'obtention de la finale serait un gros coup pour Montréal.

Au cours des derniers mois, j'ai jugé sévèrement l'immobilisme de l'administration municipale dans le domaine du sport. Les bonnes intentions ont été plus nombreuses que les gestes concrets.

Un exemple: on promet depuis longtemps la création d'un organisme visant à promouvoir la candidature de Montréal pour l'obtention d'événements internationaux. Pour l'instant, cela reste à l'état de projet, même si le dossier devrait, dit-on, débloquer en 2012.

Le maire Tremblay a parfois estimé mes critiques trop sévères. Très poliment, il me l'a fait savoir. «On peut parler en bien de Québec sans dénigrer Montréal», m'a-t-il dit, plus tôt cet automne.

Puis, avec conviction, M. Tremblay m'a rappelé les actions posées par la Ville pour appuyer le sport. Ses propos offrent une perspective intéressante. Ils reposent sur une théorie difficilement contestable: les équipements ont été laissés à l'abandon durant les années 90.

«Nous avons investi pour retaper l'aréna Maurice-Richard et le centre Claude-Robillard, rappelle-t-il. Et on a appuyé la création par le gouvernement de l'Institut national du sport au Stade olympique.»

Le maire de Montréal ajoute du même souffle que les dirigeants des Alouettes, de l'Impact, du Grand Prix de Formule 1 et du Grand Prix cycliste ont pu compter sur l'appui de la Ville. Cela dit, le coup dont il est le plus fier est le sauvetage du Championnat mondial de natation en 2005. «Si on n'avait pas réussi, nous aurions perdu toute crédibilité. On est maintenant en train de se structurer pour obtenir des événements internationaux. La réussite passe par des équipements de référence, comme notre nouveau complexe de soccer.»

Un autre dossier majeur connaîtra son aboutissement en début d'année: le choix du nouveau toit du Stade olympique. Le maire Tremblay milite en faveur d'un toit rétractable. «On veut protéger la mission olympique de Montréal. Si le toit n'est pas rétractable, on limite notre potentiel d'obtenir de grands événements.»

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Beaucoup de travail reste à faire pour consolider la vocation sportive de Montréal. Des investissements massifs seront nécessaires pour moderniser certaines installations. L'aréna Maurice-Richard peine à satisfaire la demande et le centre Pierre-Charbonneau doit être rénové.

N'empêche que l'année 2011 finit mieux qu'elle n'a commencé. Que le maire Tremblay ait été agacé par la critique est en soi positif. Cela démontre que le sport lui tient à coeur.

Photo fournie par Mtlunescodesign.com

Gérald Tremblay a présenté lundi le concept retenu pour la construction d'un complexe de soccer intérieur, avenue Papineau, sur le site de l'ancienne carrière Miron.