Avec un titre pareil, vous aurez compris que cette chronique ne parlera pas du Canadien.

Mais plutôt d'Alex Harvey.

Et de Dominique Maltais.

Et de Mikaël Kingsbury.

Et de Justine Dufour-Lapointe.

Et de tous ces jeunes athlètes qui, au fil d'un formidable hiver, ont porté aux quatre coins du monde cette belle image: celle du Québec qui gagne.

«Tu sais quoi? Je n'ai jamais pensé qu'on pourrait faire aussi bien aux Jeux de Sotchi, en 2014, qu'à ceux de Vancouver, lance Dominick Gauthier. Mais je suis en train de remettre ça en question. Nos athlètes n'ont plus peur de dire haut et fort qu'ils veulent gagner. Et le succès entraîne le succès.»

Gauthier est un des meilleurs analystes du sport olympique au Québec. Cofondateur de B2Dix, un organisme qui encadre des athlètes d'élite, il constate à quel point les membres de la nouvelle génération croient en leurs chances d'atteindre le podium. Il s'agit d'une évolution majeure des mentalités. «Plus personne ne se contente d'une cinquième place», explique-t-il.

Les derniers jours ont été particulièrement fructueux. En Suède, Alex Harvey a remporté sa première victoire en Coupe du monde sous les yeux de son père Pierre, lui-même un des grands sportifs de notre histoire.

En Italie, Dominique Maltais a décroché le globe de cristal de snowboardcross. En France, Mikaël Kingsbury a été consacré champion de la saison en ski de bosses, pendant que Justine Dufour-Lapointe, sa prometteuse coéquipière, a obtenu sa première médaille d'or du calendrier.

À ces succès, ajoutons la récente médaille de bronze de Marie-Michèle Gagnon en slalom, première Québécoise à monter sur le podium depuis 2006. Et le fabuleux retour d'Olivier Rochon, en ski acrobatique (sauts).

Sans oublier les performances de Laurent Dubreuil (patinage longue piste), Valérie Maltais (patinage courte piste) et Kaya Turski (ski slopestyle). Et si Erik Guay n'a pas terminé la saison comme il l'espérait, il demeure une figure dominante en ski alpin.

Bref, pour les jeunes athlètes en développement, peu importe le sport, les modèles sont nombreux. Plus besoin de regarder aux États-Unis ou en Europe pour trouver des figures inspirantes. Il suffit de se tourner vers ses compatriotes.

* * *

Le sport olympique a beaucoup changé au Canada depuis huit ans. Dominick Gauthier identifie un événement clé: les piètres résultats de nos athlètes aux Jeux d'Athènes, en 2004.

«Ce bilan médiocre a provoqué une prise de conscience, dit-il. Un changement de cap était nécessaire. On s'est dit "Assez, c'est assez". Notre approche devait être plus spécifique. On a commencé à privilégier l'excellence.

«Il n'y a que trois places sur un podium, ajoute-t-il. Avec notre philosophie égalitaire, c'était très difficile de les obtenir. Alors, on a choisi de concentrer nos efforts sur certaines disciplines et certains athlètes. Les résultats ont été au rendez-vous. Ce qui est encourageant, c'est de voir que cet élan se poursuit après les Jeux de Vancouver.»

Certaines performances sont carrément exceptionnelles. Qui aurait pensé, il y a 10 ans, que le Canada deviendrait une force en ski de fond?

En plus d'Alex Harvey et Devon Kershaw, voilà que Len Valjas, un colosse de 6'7, a connu une fin de saison remarquable. Originaire de Toronto, il a rejoint au Centre d'entraînement au Mont Sainte-Anne afin de profiter du meilleur encadrement possible.

«Moi, je suis convaincu que les performances de nos athlètes ont un impact positif sur la jeunesse, ajoute Gauthier. Si leurs succès peuvent donner le goût de la pratique sportive, on aura une société plus en santé.»

Évidemment, briller sur la scène internationale est une mission coûteuse. Aussi est-il encourageant de constater que les entreprises s'étant associées aux Jeux de Vancouver ont renouvelé leur soutien aux athlètes. «On se bat contre de grands pays, rappelle Gauthier. Il faut avoir les ressources pour lutter.»

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Après cet hiver magique, aurons-nous droit à un été semblable? Nos athlètes s'illustreront-ils avec le même éclat aux Jeux de Londres?

On aura sans doute droit à quelques belles surprises, mais il ne faut pas rêver en couleurs. Les dirigeants de l'équipe canadienne visent une 12e place au classement des médailles.

«La montagne est encore plus haute aux Jeux d'été, rappelle Gauthier. On affronte la planète entière, pas seulement les pays d'hiver. Beaucoup de pays investissent tout leur budget olympique dans les sports d'été.»

Les effets du programme À Nous le Podium, qui identifie et appuie financièrement les athlètes possédant les plus grandes chances de remporter une médaille, prendront plus de temps à donner des résultats. L'objectif est de réussir une percée significative à Rio de Janeiro, en 2016.

Mais avant de penser aux prochains rendez-vous olympiques, prenons le temps de saluer nos athlètes à la suite de cet hiver merveilleux. Parce que leurs compétitions sont trop rarement télévisées, parce qu'ils séjournent des semaines entières en Europe et parce que le sport professionnel occupe toujours le haut du pavé, leurs exploits passent parfois inaperçus.

Mais les choses changent. Il suffit de lire La Presse pour s'en convaincre. Tout au long de l'hiver, les articles passionnants de mes collègues Simon Drouin et Michel Marois nous ont fait découvrir des athlètes hors de l'ordinaire.

Le Québec qui gagne. On ne s'en lasse pas.

Bonnes décisions de Bachand

Les budgets ne font jamais l'unanimité. Mais le milieu du sport amateur a accueilli avec plaisir les annonces de Raymond Bachand hier.

D'abord, le ministre a donné de l'air aux fédérations sportives en créant Placements Sports. Déjà en vigueur dans le secteur culturel, cette initiative encourage les dons du secteur privé, puisque l'État bonifie chacun d'eux. En 2012-13, une somme de 2 millions sera versée, puis de 3 millions à compter de 2013-14.

Le gouvernement accepte ainsi la recommandation d'un groupe d'experts. Parmi eux, Andrew Molson et Jean-Marc Chouinard. La ministre responsable des Sports, Line Beauchamp, a porté le projet.

Ensuite, 50 millions seront consacrés à la construction de nouvelles infrastructures : piscines, terrains de tennis, patinoires extérieures... Dans un contexte budgétaire serré, il s'agit d'une bonne nouvelle.