Vous n'aimez pas la vérité, c'est le titre d'un documentaire de Luc Côté et Patricio Henriquez sur Omar Khadr. Pourtant si, j'aime la vérité. J'aime aussi Patricio Henriquez, dont j'ai vu plusieurs des documentaires - celui sur Salvador Allende et d'autres. Je figure même dans un de ses reportages sur les immigrés. À cette occasion, Patricio m'avait offert un livre, La tante Julia et le scribouillard, de Vargas Llosa, le Nobel de cette année.



Anyway. J'aime la vérité. J'aime Patricio. Omar Khadr aussi. Il n'y a pas de raison que je ne l'aime pas, ce jeune homme. Il avait 15 ans quand il a lancé cette grenade sur un soldat américain, qu'il a tué. Ou peut-être qu'il ne l'a pas lancée. Il a toujours dit que ce n'était pas vrai.



L'a-t-il lancée ou pas?

Patricio se trompe. Tout le monde aime la vérité. Mais est-ce que l'addition de plusieurs vérités périphériques constitue une vérité centrale? Omar était un enfant. C'est vrai. Omar avait été laissé dans ce camp par son père, en route vers le Pakistan. C'est vrai. Omar a été torturé. C'est vrai. Omar, qui est de nationalité canadienne, s'est fait honteusement niaiser par les autorités canadiennes, c'est vrai.

Mais l'a-t-il lancée ou pas, cette grenade?

La moitié du docu est consacrée à l'interrogatoire de Khadr par les agents canadiens, qui lui font croire qu'ils sont venus pour l'aider. Khadr s'aperçoit vite qu'ils sont là pour le piéger. Ils veulent des renseignements. Des adresses. Des noms. Des réseaux. Est-ce qu'il a rencontré ben Laden? Sont chiens tout le long et, à la fin, tellement déçus de ne pas rapporter un p'tit nonosse à Ottawa.

Khadr a été torturé avant d'arriver à Guantánamo. Sans doute après aussi, mais avant, on le sait de façon certaine. Un des militaires qui l'ont torturé en Afghanistan témoigne. Raconte. S'excuse. Dit sa honte d'avoir torturé un enfant.

Oui, mais cette grenade, l'a-t-il lancée dans le feu de l'action? Pendant l'assaut? Froidement, après coup? Pas du tout?

Là-dessus, le documentaire n'est pas très convaincant. Remarquez, je n'ai pas besoin d'être convaincu. C'est un enfant que son terroriste de père, en route pour le Pakistan, laisse dans un camp de talibans. Le camp est pris d'assaut par des soldats américains. Les talibans se défendent avant d'être tués. C'est un fait de guerre. Il n'y a pas de meurtre. Pas de tentative de meurtre. Pas de complot. Pas d'espionnage. Toutes ces accusations, auxquelles Khadr a plaidé coupable hier, sont débiles.

Même s'il a lancé la grenade, il n'y pas de meurtre. Il y a la guerre.

Reste que ce documentaire, qui nous dit que nous n'aimons pas la vérité, ne nous la dit pas.

Omar Khadr l'a-t-il lancée ou pas, cette grenade?

SAINT LULU - Je ne vois pas pourquoi Mme Marois devrait être inquiète du nouveau parti de droite que se proposent de lancer François Legault et Joseph Facal. Je veux bien croire que le PQ n'est presque plus souverainiste, mais il n'est pas encore de droite. C'est M. Charest qui devrait s'inquiéter du projet de M. Legault, et tout autant Gérard Deltell, de l'Action démocratique.

Combien on parie que Mme Marois souhaite que ce parti voie le jour et, tant qu'à mettre tous les oeufs couvis dans le même panier, que M. Landry s'y joigne.

Je trouve que c'est une sacrée bonne nouvelle pour la gauche, cette effervescence de la droite. Un nouveau parti ici, les libertariens qui s'agitent là... Ciel! Je croyais la social-démocratie bien morte, mais du diable si ces gens-là ne réussissent pas à la réveiller.

Vous voulez que je vous dise? Le seul danger pour la gauche, toute la gauche, de Line Beauchamp à Amir Khadir - ça fait pas mal de monde -, le seul épouvantail, c'est Lulu. Saint Lulu qui viendrait unir toute la droite, d'André Boisclair à Jeff Fillion. Je ne dis pas qu'il s'apprête à le faire. Je dis qu'il en aurait la carrure.

CHÂTELAINE - Nombreux commentaires pour ma chronique de samedi Le chemin parcouru, qui soulignait - malicieusement, me reprochent quelques lectrices - la contradiction totale, dans la presse féminine, entre le contenu et la pub. N'est-ce pas, peu ou prou, le cas dans la presse en général? me demande-t-on.

Sans doute. Mais il y avait ce titre: «On en a fait du chemin!» C'est vrai, beaucoup de chemin. Vous vous êtes libérées de tout. Sauf de la colossale industrie de la beauté qui vous tient plus que jamais par les couilles. Je sais, je sais, ce ne sont pas les vôtres. C'est bien là le pire.

Mais de quelle autorité vous réclamez-vous, me demande Virginie L., pour juger de ces questions féminines?

Sachez, madame, que j'ai dirigé les pages féminines de La Presse. Brièvement, certes. N'empêche que les survivantes en parlent encore avec émotion, n'est-ce pas, Anne? N'est-ce pas, Lili? N'est-ce pas, Jeanne?

Pourquoi vous interrogez-vous sur la présence de Coeur de pirate dans ce numéro? (Liliane)

En fait, la vraie question que je me posais, c'est: pourquoi elle et pas la fille de Tricot machine? Fait longtemps qu'on a entendu parler de la fille de Tricot machine, je trouve.

Et non, pour finir, on ne parlera pas des littéraires de ce numéro de Châtelaine. Sauf une, une que je n'ai pas lue et pour laquelle je n'ai aucune sympathie, mais ça n'a rien à voir. Comment (COMMENT?), parlant de femmes d'écriture, parlant de quête de sens (et des sens), comment a-t-on pu oublier Nicole Brossard (mais pas India Desjardins)?