C'est le sport qu'on insulte. Pas les femmes. Le sport. On s'amuse beaucoup ces jours-ci de la décision de la fédération internationale de badminton de rendre OBLIGATOIRE le port de la jupette à compter du 1er juin.

Le mot «jupette» avec ses retroussis coquins fait sourire; quant au badminton, tout le monde s'en fout. Je vous mentirais si je vous disais que je suis un grand spécialiste du badminton féminin, n'empêche que j'ai le souvenir de finales olympiques d'une incroyable intensité impliquant des Chinoises et me semble-t-il des Scandinaves, j'ai le souvenir de performances hallucinantes d'agilité et de force, de beauté finalement, c'est l'effort qui est beau dans le sport, pas le cul de la fille qui smashe une p'tite bouboule à plumes au-dessus d'un filet.

Vous n'allez pas au concert pour le cul de la pianiste? Si?

Le sport aussi est culture. Comme la musique, comme la sculpture, la littérature, la peinture. Qu'il y ait 1000 personnes au concert ou 32, cela ne change rien à la valeur de l'oeuvre jouée.

La même chose pour une performance sportive. Sa grandeur, sa valeur, sa beauté ne dépendent pas du nombre de spectateurs dans les estrades.

Mais non, je n'ai pas changé de conversation, c'est pour ça, la jupette obligatoire, pour mettre du monde dans les estrades. Pour pouvoir dire aux éventuels annonceurs: 200 millions de téléspectateurs ont regardé la finale olympique du double féminin.

La perversion n'est pas dans la jupette, d'ailleurs plein de joueuses la portent déjà en toute liberté. La perversion est celle de l'époque.

Bon, voilà le chroniqueur qui se fâche encore contre la marchandisation du sport. Pas du tout. Marchandisez tant que vous voulez, mais marchandisez la performance. Quand vous marchandisez le cul de la joueuse, c'est le sport que vous insultez. C'est comme si vous admettiez que la performance ne suffit pas, qu'elle ne passe pas sans un petit nanane.

C'est sans doute vrai, remarquez. Mais pourquoi le faire passer? Si vous n'arrivez pas à vendre le badminton pour ce que c'est: du badminton, c'est pas grave. C'est pas important. Le sport en général n'est pas une culture «obligatoire».

Ne pas avoir de culture sportive ne rend pas plus bête, en avoir ne rend pas plus allumé. C'est seulement du petit bonheur pour ceux qui tripent sur la performance, sur la défaite-la victoire, et surtout sur cette esthétique particulière qui est celle de l'effort sans jupette.

Vous pensez que je ne vous pas vois aller depuis quelque temps? Cela vous prend des jupettes pour tout. Vous n'avez plus le goût des choses, seulement le goût de la jupette des choses. Encore ce matin quelqu'un m'écrit qu'il vient de lire L'élégance du hérisson et oh là là, oh là là, la littérature là-dedans, mon ami. C'est exactement ce que j'ai essayé de lui expliquer: c'est un hérisson à jupette.

Ce qu'on était bien au badminton féminin, au lancer du poids féminin, à la lutte olympique féminine, à l'escrime féminine, à l'aviron féminin, au softball, à l'haltérophilie féminine, ce qu'on était bien avec toutes ces filles sans jupette, parfois même comme au basket féminin avec ces culottes de grand-mère qui leur descendent à mi-mollets, des culottes comme celles des gars de la NBA.

Hélas, hélas, où y'a des filles, la fâmme n'est jamais loin et avec elle son crisse d'éternel féminin.

LA DOUANE - Les millions de cyclistes qui viennent rouler dans mon coin chaque année s'inquiètent des nouveaux horaires des postes frontaliers, pourquoi, comment, à quelle heure...

Alors.

Le poste Saint-Armand-Philipsburg qui relie la 133 à l'autoroute 89 (pour Burlington), pas de changement, ouvert 24 heures dans les deux sens sept jours sur sept. Pareil pour la grande douane de Frelighsburg, également pour celle d'Abercorn qu'on peut atteindre par la piste cyclable qui accompagne la 139 en venant de Sutton. Pareil encore pour le poste de Highwater - la route 243 en venant de Knowlton. Ces postes-là sont ouverts 24 heures sur 24, dans les deux sens.

Entre chacun de ces postes principaux sont nichées trois petites douanes champêtres, très populaires auprès des cyclistes: Morses Line que l'on atteint par la route 235, East Pinnacle que l'on prend par la montagne (la Joy Hill) à la sortie de Frelighsburg, et Glen Sutton au milieu de nulle part (en fait, au bout de Scenic Road).

Ces trois postes étaient ouverts jusqu'à tout récemment de 8h à minuit. Depuis le 1er avril, ils ferment à 16h. En vélo, c'est embêtant. Surtout pour les étourdis qui vont oublier ou pour les présomptueux qui pensaient avoir le temps mais oups, arriveront trop tard. Cela signifiera des détours entre 20 et 30 kilomètres pour rejoindre leur auto à Bedford ou Frelighs.

À noter que les postes américains correspondant à Morses Line, East Pinnacle et Glen Sutton ferment, eux, à minuit, comme avant. Venant du Canada, vous pouvez donc entrer aux États-Unis par ces trois postes jusqu'à minuit et cela même si la douane canadienne est fermée depuis 16h; un senseur vous ouvre automatiquement la barrière et la voie jusqu'au poste américain.

Pourquoi tout ça?

Pour faire des économies de bouts de chandelle en prétextant un faible trafic.

Bien sûr, en réduisant de moitié les heures d'ouverture, le trafic va baisser aussi de moitié. Et là, un petit malin dira que le trafic est maintenant si bas qu'on pourrait fermer complètement ces trois postes. Combien on parie, dès l'an prochain?

VOUS ÊTES INCROYABLES - Je suis allé récemment en Irak, j'ai écrit 8 longs papiers qui couvraient 10 pages format La Presse, j'ai reçu, je n'exagère pas, en tout et partout une douzaine de courriels soit moins d'un et demi par jour. Vous savez comme je peux parfois être cynique: je ne le suis pas du tout ici. J'avais complètement oublié, ce qui m'y fait penser c'est Adèle la chanteuse. La semaine dernière, je parlais de la plus belle toune de son dernier CD - Love Song - tenant pour acquis qu'elle était d'elle, Adèle. Vous avez été douze millions et demi - ici quand même j'exagère un peu - à me corriger très gentiment d'ailleurs, mais non Foglia, c'est une toune de The Cure. Hé, je vous remercie.