La démocratie, ça commence bien par des élections libres? Les gens choisissent des candidats qui gouvernent ensuite le pays comme ils avaient dit qu'ils le feraient, ou à peu près. Grosso modo, c'est ça?

Il y avait à la radio, dimanche après-midi, cet expert du monde arabe qui commentait les émeutes en Égypte. Des émeutes, il a glissé aux élections prochaines et au danger de voir des islamistes succéder aux militaires. L'expert a-t-il dit danger? Je n'en jurerais pas, mais c'est clair qu'il redoute une victoire des islamistes, vous et moi aussi et tout l'Occident, mais en quoi cela nous regarde-t-il? En quoi n'est-ce pas démocratique d'élire des islamistes dans des élections libres?

Si, comme en Tunisie récemment, les islamistes prennent le pouvoir en Égypte, et en Libye par la suite, à la faveur d'élections complètement libres, quel droit avons-nous de dire ah lala, comme c'est dommage d'avoir fait tout ça pour ça?

Avez-vous entendu, ce printemps, les Tunisiens, les Égyptiens, les Libyens soupirer ah lala, comme c'est dommage, les Canadiens, ces grands démocrates, ont élu un intégriste?

L'expert à la radio a parlé dans son petit topo des diktats de la majorité. Comment ne pas penser à M. Harper? Quand l'opposition lui reproche ses diktats sur le contrôle des armes à feu, sur les jeunes contrevenants, que répond-il? Le peuple canadien m'en a donné le mandat, voilà ce qu'il répond. C'est ça, la démocratie.

Cela ne vaut-il pas pour les Égyptiens? S'ils s'élisent des islamistes qui se réclameront de la charia pour mener le pays, ne sera-ce pas l'expression de la plus vigoureuse démocratie?

Une démocratie qui se choisit démocratiquement une forme de gouvernement pas vraiment démocratique (la charia ou Harper) est-elle encore une démocratie?

Troublante question? C'est toujours comme ça quand on commence à parler de la démocratie, au début cela coule de source, puis rapidement l'eau se brouille, rapidement on découvre que les choses qui comptent vraiment ne sont absolument pas démocratiques. Comme quoi?

Je vous cite comme ça me vient, le goût, la beauté, la justice même.

Voyez ce que ça donne quand le peuple vote pour le meilleur, le plus beau, le plus juste. Voyez le MetroStar, les Oscars, les Jutra, l'ADISQ, les élections, les referendums, tous ces machins-là. Rappelez-vous que c'est par un vote démocratique qu'à l'occasion de la Pâque, le peuple a fait libérer le voleur Barabbas et fait crucifier Jésus.

PRÉCISONS - Je regrette de vous avoir dit dans ma chronique de samedi que le texte sur les boomers dans la revue Liberté ne vous apprendrait rien. C'est que je supposais que vous aviez déjà exploré le sujet, en fait, je pensais que vous aviez au moins lu et applaudi, ou comme moi haï, La génération lyrique de François Ricard sorti au début des années 90...

Vos commentaires m'ont laissé pantois. Vous n'êtes pas un boomer, monsieur Foglia, les boomers, c'est à partir de 1943! Ah bon! Il y a une frontière, une ligne blanche, d'un bord oui, de l'autre non? En 1944 oui. En 1942 non. «Le baby-boom, c'est de 1946 à 1964 inclus», décrète Marie-Claude, j'aime beaucoup le inclus. On ne se croirait pas devant un fait sociologique, mais dans une discussion entre amateurs de grands vins, 1967 un grand cru, 1966 de la piquette.

Nonos! En 1980, vous aviez l'air de quoi? D'un cadre moyen de l'Hydro? Vous fumiez un joint avec votre plus vieux? Votre plus vieille venait de se faire avorter? Vous veniez d'arrêter de fumer pour vous mettre au jogging? Vous êtes un boomer. Votre statut, le pouvoir dont vous jouissiez, votre rayonnement, bref, si vous étiez dans la force de l'âge autour des années 80, alors que les X avaient autour de 20 ans, vous êtes un boomer, on s'en fout de votre baptistaire. Pour votre information, en 80, j'étais le boomer total, dans toute sa magnificence lyrique. Je parle d'un état.

Je ne pensais pas que la discussion partirait d'aussi loin. J'en avais sur la vacuité du discours intergénérationnel. Ma question était: en se réveillant, le matin, les boomers avaient-ils le choix de ne pas être des boomers?

Vous n'êtes pas un boomer, M. Foglia. O.K, O.K. Je suis pas un boomer. Et vous, des fois, vous n'êtes pas des aigles.

SNOBISME - J'ai peu lu Emmanuel Carrère, la vedette du Salon du livre. Le fait que vous, vous le lisez énormément, que vous vous précipitez sur chacun de ses romans et que chaque fois, vous me demandez: as-tu le dernier Carrère? - Non, calvaire, je ne l'ai pas lu -, le fait, disais-je, que vous le lisez énormément n'est sans doute pas étranger au goût modéré que j'ai de le lire.

Ainsi, je n'ai pas lu son dernier roman ou récit sur Limonov. Vous oui? Je vous félicite. Par contre, j'ai lu Limonov. Vous non.

PERMETTEZ QUE JE ME FÉLICITE - Je ne suis pas allé à l'école longtemps et je m'en désole. Je n'avais jusqu'ici fréquenté aucune université sauf pour y enseigner, ce n'est quand même pas pareil que d'aller y faire son bac ou un doctorat. Cependant, depuis quelques étés, quasiment en secret, je suivais en cachette un cours à la faculté des sciences de la terre de l'Université de Napierville sur les cultures extensives dans les zones septentrionales, particulièrement la culture de la betterave à sucre. Rien à voir avec le journalisme, dites-vous? C'est encore drôle.

Je viens de recevoir mon diplôme et j'en suis tellement fier. Un merci tout spécial à Désirée Botul, vice-rectrice de l'UdeNap (www.udenap.org), qui m'a soutenu pendant toute la durée de ce retour aux études. Lâche pas, me disait-elle, porte le message aux gens de ton âge: il n'est jamais trop tard.

En passant, Désirée est la fille de Jean-Baptiste Botul, l'auteur de La métaphysique du mou dont je vous recommande très vivement la lecture, aux éditions des Mille et une nuits (Fayard), meilleur que du Carrère, je vous le jure.