Peut-être que la Direction de la protection de la jeunesse a manqué à son devoir de protection dans le cas des filles Shafia. Pas peut-être, sûrement. Elle le reconnaît elle-même. Et pour cette erreur - quatre morts, quand même -, la DPJ en prend plein la gueule en ce moment.

Samedi, à l'émission Faut pas croire tout ce qu'on dit, j'entendais Michel Lacombe étriller la directrice de la protection de la jeunesse pour la (l'ir) responsabilité de la DPJ dans l'affaire Shafia. Et j'entendais ladite directrice promettre une bien plus grande vigilance.

Ça ne me rassure pas tant que ça. Ce surcroît de vigilance, je veux dire.

Parce que je crois la DPJ incompétente de toute façon?

Le contraire. Je vois dans la DPJ un instrument formidablement efficace pour protéger les enfants mal pris, maltraités, en danger. Je vois aussi une job difficile, douloureuse, toujours délicate.

Une ado arabe arrive à l'école un matin en se plaignant à sa maîtresse que son père veut la forcer à porter le hijab. La maîtresse en réfère à la directrice, qui appelle la DPJ.

Interviendra ou pas? Et comment?

Dans une réserve autochtone, trois enfants négligés par des parents qui ont un grave problème d'alcool. Où placer les enfants? Dans la réserve? Dans une famille d'accueil hors de la réserve?

Une foutue belle job... pour faire des erreurs lourdes de conséquences.

Contrairement aux habituels pourfendeurs de la DPJ, je crois que généralement, lorsque la DPJ déconne, c'est parce qu'elle en fait trop, par excès de zèle. Je suis de ceux qui pensent que parfois, la DPJ se mêle de ce qui ne la regarde pas. La DPJ en fait trop quand elle fouille dans les boîtes à lunch des enfants, quand elle s'énerve pour deux ou trois claques sur la gueule, quand elle tarabuste un couple qui se baigne nu avec sa petite fille, elle en fait trop quand elle se réfère à la morale, à une hygiène de vie. Quand elle en fait trop, ça ne fait pas les manchettes, la majorité hygiénique est plutôt d'accord.

C'est quand elle n'en fait pas assez qu'elle en prend plein la gueule. Et quand la DPJ en prend plein la gueule - c'est humain -, elle se met à en faire plus et parfois trop.

Une jeune Arabe arrive à l'école un matin en se plaignant à sa maîtresse que son père veut la forcer à porter le hijab.

Ça ne regarde pas la DPJ.

Je n'ai pas peur que la DPJ échappe un autre crime d'honneur, je crains qu'elle en voie partout.

L'innocent

Contador coupable. Armstrong innocent. Ce serait drôle si ce n'était pas si triste. Contador coupable, tout le monde s'en fout. C'est juste une affaire de dope de plus, une affaire pas claire, qui a traîné deux ans.

Pour ajouter à la confusion, le Tribunal arbitral du sport (TAS) déclare Contador coupable d'avoir pris un complément nutritif contaminé. Deux ans pour ça? Il aurait eu quoi si on l'avait reconnu coupable de ce dont tout le monde le soupçonne vraiment: d'autotransfusion? Dix ans? ... Je vous signale en passant que l'autotransfusion n'est toujours pas détectable, à moins bien sûr que le coureur soit assez con pour se transfuser son propre sang avec du clenbutérol dedans.

Anyway. Contador coupable, ça ne change rien. D'ailleurs, c'est pas vraiment deux ans; dans moins de sept mois, Contador va gagner le Tour d'Espagne.

Contador, ça ne change rien, alors que Armstrong, ça changeait tout. Ça purifiait l'air. On effaçait sept Tours de France d'un coup. Une vraie catharsis qui aurait purgé le monde du vélo.

Tout ça a commencé il y a 15 ans, quand l'EPO a profondément changé le vélo, les résultats, les règles, l'atmosphère. À mesure que passaient les scandales, les affaires, les Tours de France trichés (tous! mais si, mais si, le dernier aussi), on se disait ah s'il y en avait un, un seul, qui osait parler, tout dire, vraiment TOUT...

Il y en a eu plusieurs. Philippe Gaumont a été un des premiers et récemment, deux Américains se sont mis à nu comme aucun coureur encore jusqu'ici. Floyd Landis et Tyler Hamilton. Landis: j'étais là pendant les transfusions à Armstrong. Hamilton, lieutenant d'Armstrong: je l'ai vu s'injecter de l'EPO de nombreuses fois.

Il y a quatre jours, la justice américaine renonçait à inculper Armstrong. Mais yé! la justice sportive a pogné Contador. Ce serait drôle si ce n'était pas triste.

SCOTT GOMEZ - Allez-vous bientôt lâcher Scott Gomez?

Dans la victoire, comme dimanche après-midi, la dérision se fait légère, le public du Centre Bell s'amuse. O.K., c'est drôle. Il n'a pas compté depuis un an, rions. Mais sur le même sujet, après une troisième défaite de suite, les rires gras à L'Antichambre, l'émission d'après match à RDS, commencent à être indécents. O.K., Scott Gomez n'a pas compté depuis un an et il est payé pareil, mais vous, messieurs Stéphane Langdeau et Michel Bergeron, ça fait quoi, un an, deux, trois, que vous n'avez rien dit d'intelligent?

MADONNA - Et si on mourait parce que les choses auxquelles on tient le plus sont en train de mourir et qu'on serait trop malheureux de vivre sans ces choses-là?

Qu'est-ce qui est en train de mourir pour que me vienne cette hypothèse?

Le sport.