Pensez-vous que Martin Brodeur, Jacques Lemaire et tous les membres de l'organisation des Devils du New Jersey pensaient qu'ils se feraient battre ainsi par les Flyers de Philadelphie?

C'est ce que je voulais dire. Pensez-vous que les Capitals de Washington s'attendaient à disputer ce sixième match au Centre Bell?

Je vais vous dire encore bien mieux. Que le Canadien gagne ce soir, et c'est possible si Jaroslav Halak et Jacques Martin sont aussi allumés que vendredi soir à Washington, et il pourra rêver à quelque chose de grand.

La clé, c'est ce soir. Pour un septième match, que ce soit à Washington ou à Moscou, ça ne change rien. Il y a trop d'impondérables, trop de nervosité, trop de chance possible.

C'est Luc Dionne, l'auteur d'Omerta, grand fan des Devils et surtout grand, grand et grand ami de Martin Brodeur, qui l'a dit hier matin: «Si le Canadien arrive à battre les Capitals, rien ne va les empêcher de se rendre à la finale de la Coupe Stanley.»

Ça commence ce soir. Une foule endiablée, un gardien hot, des gars qui patinent en se défonçant, Sergei Kostitsyn sur la galerie de la presse et Mathieu Darche dans la formation, Andrei Markov qui joue 28 minutes, Alexander Ovechkin qui a sorti trop tard hier soir, un zeste de stress pour les marqueurs des Capitals et vous avez les ingrédients d'une grande surprise.

Le hic, c'est qu'il est difficile d'imaginer une performance aussi décousue des Caps deux matchs de suite. Vendredi, ils ont été erratiques et ils ont raté une foule de passes et de tirs sur réception. Malgré tout, ils ont lancé 38 fois sur le but de Halak.

L'important pour les joueurs du Canadien, c'est d'y croire. Et avec ce qui s'est passé à Washington, ils peuvent se permettre d'avoir la foi. Ils gagnent et ils peuvent se permettre une aventure formidable.

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Jacques Demers déteste critiquer le travail d'un autre entraîneur. Il a passé assez d'années derrière un banc pour savoir à quel point c'est un job éreintant aussi bien physiquement que mentalement.

Mais il n'a pas apprécié et pas compris pourquoi Bruce Boudreau avait été aussi dur et cinglant envers ses joueurs après la défaite des Capitals vendredi soir. «C'est juste une opinion, mais je pense qu'après une défaite aussi serrée, il vaut mieux remonter le moral des gars, il est préférable de leur donner confiance pour le match à venir. Mais il avait peut-être ses raisons», a dit Demers en attendant l'avion pour revenir à Montréal.

Ce genre de crise peut avoir deux effets. Vous vous rappelez les yeux exorbités de Pierre Pagé derrière Mats Sundin en train d'engueuler comme un malade le meilleur de ses joueurs, en 1993? Le club était mort ce soir-là.

Par contre, j'ai vu des rages de Scotty Bowman fouetter son équipe d'une façon extraordinaire. Mais avec Lafleur, Savard, Lemaire, Robinson, Gainey, Cournoyer, Lapointe, Dryden, Shutt, Mahovlich et compagnie, Bowman serait mort étouffé que les joueurs auraient été tout aussi dominants le match suivant.

Comment réagiront Ovechkin, Semin, Backstrom, Green et les autres?

Si Jacques Demers a raison...