Six dépisteurs congédiés d'une claque. Six sur douze. Me semble que c'est assez évident. Le système de recrutement du Canadien était gravement déficient. Trevor Timmins a sauvé sa peau, mais cette fois, les partisans qui se plaignaient de son travail depuis plusieurs années pourront se dire qu'ils avaient raison de se lamenter.

Quand on congédie la moitié du personnel dans un département, c'est qu'il y avait un gros problème. Et j'espère que Pierre Gauthier saura évaluer le travail de Timmins dans les prochains mois.

Le repêchage aura été catastrophique trop souvent. Surtout en première ronde où se jouent souvent les saisons à venir d'une équipe. De plus, Timmins aura laissé filer beaucoup trop de Québécois. Il n'est pas normal que les Flyers de Philadelphie et les Penguins de Pittsburgh alignent plusieurs Québécois de plus que la Flanelle sacrée.

À moins que je ne me trompe, il ne reste plus qu'une grenouille pure laine sous contrat avec l'Organisation et c'est Georges Laraque. Ça va bien en ta... dirait Moose Dupont.

C'est une décision de Pierre Gauthier, mais elle s'inscrit dans la philosophie de gestion de Geoff Molson. Il n'y a qu'une nation distincte dans toute la grande Amérique anglo-saxonne et c'est au Québec qu'on la trouve. Ne cherchez pas ailleurs, ça n'existe pas. Pendant des générations, les dirigeants du Canadien ont profité de cette particularité du Québec pour insuffler une âme différente à leurs équipes. En symbiose avec les indigènes. Avec les incroyables succès qu'on connaît. Le Canadien fut pendant ces années, avec les Yankees de New York, une des plus grandes dynasties dans le sport professionnel.

Depuis 15 ans, depuis le départ de Serge Savard, on a tourné le dos au Québec. On ne peut pas dire que c'est génial comme résultat.

Trevor Timmins ne pouvait être congédié. On a besoin de lui pour le repêchage de juin. Mais le message de Pierre Gauthier est clair et net. Si on reste poli, on peut dire qu'il aurait intérêt à se bouger les fesses...

Faire les séries?

Pas moyen de laisser les p'tits gars tout seuls deux semaines. Ils se font éliminer. J'ai suivi la série contre les Flyers, de Ouagadougou au Burkina Faso et de villages comme Mana ou Yona.

J'ai fait comme vous, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps quand j'ai appris l'élimination du Tricolore. J'exagère un peu. Juste quelques larmes. En fait, j'exagère encore, je n'ai pas pleuré du tout.

Mais je trouve qu'on a mal évalué ce qui s'est passé ce printemps. D'abord, on a appris que le vestiaire était pourri jusqu'en février. Comme c'est l'omerta dans l'Organisation, les journalistes affectés à la couverture de l'équipe ne l'ont pas su. Et ceux qui le savaient et qui voyageaient avec l'équipe ont été complices de la direction et se sont tus.

Et ensuite, on a vite oublié que le Canadien a mangé sept volées de suite contre les Capitals de Washington et que c'est le seul Jaroslav Halak qui a permis aux Glorieux de sauver leur honneur. Et il a récidivé contre les Penguins de Pittsburgh. Ce faisant, il a vraiment inspiré ses coéquipiers qui ont donné un bon coup de collier. Et fait s'enflammer la ville.

Mettez un gardien normal et le Canadien se fait sortir en cinq par les Caps. Et on aurait eu le reflet de leur saison.

Par ailleurs, avec une équipe pognée dans le ciment à cause des contrats accordés par Bob Gainey, les fans auront droit à la même équipe la saison prochaine. En fait, rien ne dit que le Canadien va participer aux prochaines séries. Absolument rien.

DANS LE CALEPIN - Le circuit Gilles-Villeneuve a été construit pour présenter des courses de voitures. Ça dure trois jours. Les autres mois, il reçoit des cyclistes de bon niveau qui veulent s'y entraîner. Vaut mieux aller rouler à toute vitesse sur une piste de course que sur la route à Rougemont. Ça fait quatre morts de moins.

Évidemment que les pédaleux à ma tante qui aiment sentir une petite brise légère sur LA goutte de sueur qui leur perle sur un nez généreusement graissé pour empêcher un coup de soleil qui donnerait le cancer ont décidé d'aller se traîner sur le circuit. Et évidemment que les technocrates ont vite saisi le message. La vitesse tue. Même en bicycle. Donc, obligeons tous les athlètes et les vrais pistards à rouler pépère comme les pédaleux. C'était coulé dans le béton, on est devenu ce genre de société. Prudence et sécurité sont les nouvelles mamelles du Québec. Tous les coureurs des bois québécois qui ont découvert l'Amérique, de la Louisiane au Pacifique, les Joliette, LaSalle, Radisson, Des Groseillers et père Marquette, n'auraient pu partir à l'aventure dans le Québec contemporain. Ils n'avaient pas de flotteur dans leurs canots d'écorces. Ils se seraient arrêtés à Sainte-Pétronille.

Il y aurait peut-être une solution de compromis. Au lieu d'installer des chicanes permanentes pour empêcher les cyclistes à l'entraînement de rouler vite, pourquoi on ne leur réserve pas la semaine alors que les pédaleux sont moins nombreux? Et qu'on installe des chicanes pour les week-ends. Ça éviterait à la police d'aller faire du radar dans l'île.

Personnellement, je n'ai pas la forme voulue pour aller m'éclater sur le circuit Gilles-Villeneuve. Mais je ne vois pas pourquoi j'empêcherais d'autres plus jeunes et meilleurs de s'éclater sur une piste qui a justement été conçue pour la vitesse.

Si je veux rouler tranquille, me semble qu'il y a d'autres pistes en ville...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Trevor Timmins et le Canadien ont fait de Louis Leblanc leur premier choix au repêchage en juin dernier. Hier, Pierre Gauthier a mis à la porte six des 12 dépisteurs de l'organisation.