La Formule 1 est n'importe quoi... sauf ce qu'on pense qu'elle est. C'est évidemment un sport et comme tous les sports ou à peu près, elle est futile. Quel est l'intérêt de 12 hommes se chicanant pour un morceau de caoutchouc noir? Ou pourquoi se faire mourir pour sauter huit pieds quand il y a des escaliers et des ascenseurs partout?

La Formule 1 est également une grosse business. Comme le sont la Ligue nationale de football ou la Ligue nationale de hockey. C'est une grosse business qui s'est acoquinée avec les télévisions du monde pour devenir un présentoir à publicités. Un des plus gros au monde.

La Formule 1 est aussi un club social extrêmement fermé. Il y a les médias qui gravitent en périphérie du club, mais les vrais membres sont les dirigeants et propriétaires d'écuries et leurs commanditaires. Les médias contribuent à faire valser et parfois à créer les milliards, mais ceux qui ont les centaines de millions savent se reconnaître entre eux.

Dans un passé pas si lointain, des hommes fondaient des équipes de Formule 1 par amour du sport automobile. Ils pouvaient gagner quelques millions au passage, mais la course demeurait au centre de leurs priorités.

Puis, avec la mainmise de Bernie Ecclestone sur les affaires de la F1 et l'explosion de la télévision internationale, le sport est devenu le prétexte à brasser les millions.

On vient d'atteindre un autre niveau avec le rachat de l'écurie Renault F1 par le groupe Genii Capital. Cette fois, ceux qui ont investi les dizaines de millions pour le rachat d'une partie majoritaire des intérêts de Renault et qui vont en investir une centaine pour le budget de la saison, l'ont fait essentiellement pour brasser d'autres affaires encore plus grosses.

Revoilà Casella

Guillaume Casella représente Genii Capital cette semaine à Montréal. C'est le même Guillaume Casella qui était président de Mecachrome International à Montréal depuis l'implantation de la compagnie en Amérique. Mecachrome que tous les fans de Formule 1 connaissent bien parce que la compagnie fabriquait des moteurs ou des parties de moteur pour Renault et pour d'autres équipes de Formule 1. Incluant BMW et Ferrari.

Les choses ont très mal tourné pour Mecachrome avec les changements de règlements de la Formule 1 qui exigeaient des moteurs pouvant durer deux courses. La crise financière a contraint la famille Casella à abandonner la direction de la compagnie qui s'est mise sous la protection de la loi pour éviter la faillite en 2008. Au Québec, le fonds de solidarité de la FTQ a investi plus de75 millions dans l'aventure et continue de soutenir Mecachrome dans sa restructuration. Mais les Casella n'ont plus rien à voir dans l'administration ou la gérance de la compagnie.

Et revoilà Guillaume en Formule 1. Il oeuvre dans le groupe Genii Capital fondé par Gérard Lopez et Éric Lux. Les deux hommes se spécialisaient dans la gestion des grandes fortunes familiales européennes. En cours de route, ils se sont spécialisés dans l'immobilier et les nouvelles technologies. Et ils se sont mis à explorer d'autres façons de recruter des clients pour les faire profiter de leur expertise dans la gestion financière.

Et où trouve-t-on les plus belles de ces grandes fortunes? Les plus éclatantes de ces grandes entreprises? En Formule 1, bien entendu.

Aussi, Gérard Lopez et Éric Lux, qui étaient déjà des mordus de la F1, comme Guillaume Casella d'ailleurs, ont flairé la bonne affaire quand il est devenu public que Renault cherchait un repreneur après la saga Flavio Briatore. Finalement, en décembre dernier, Genii Capital achetait une participation majoritaire dans Renault F1 et y plaçait un homme de confiance à la direction, Éric Boullier qui faisait déjà carrière chez Renault.

Guillaume Casella est heureux comme un partisan du Canadien au mois d'avril 2010 dans ses nouvelles fonctions: «Ça me va comme un gant et je peux profiter de mon carnet d'adresses, dit-il en souriant. Tout le monde se finance en recherchant des commanditaires et nous avons les capacités de très bien réussir dans ce domaine. Mais surtout, ce qu'on espérait se confirme. La Formule 1 est un univers de haute technologie où nous nous spécialisons. Et c'est également un moyen de promotion hallucinant pour nos produits financiers et de développement. De plus, Renault reste un acteur important dans l'écurie et continue de fournir l'expertise qui gardera l'équipe parmi les meilleures au monde. C'est un mariage idéal», de dire Casella.

Que ce soit Casella, que ce soit les bonzes de Red Bull ou ceux de Virgin, les membres du vrai club social de la Formule 1 sont là pour faire des affaires. De très grosses affaires. La course, c'est une autre chose destinée à fournir les images de la télévision. Et les images de la télévision, vous l'avez compris, servent à brasser d'autres grosses affaires.

Vous autres, les fans dans les gradins, vous servez de support à toute la patente. Et même là, on le voit à Istanbul, à Shanghai ou à Bahreïn, vous n'êtes pas essentiels. Vous servez de figurants pour les images de la télévision...

DANS LE CALEPIN - Pendant ce temps, les Blackhawks de Chicago jouaient hier soir pour gagner la Coupe Stanley à Philadelphie. Que les Hawks aient gagné ou pas ne changera pas grand-chose à mon choix pour le trophée Smythe. J'ai vu jouer Chris Pronger dans les séries et il aura été le joueur dominant par excellence du printemps. Qu'il ait connu un match difficile à Chicago est une chose admise, mais l'ensemble de son jeu et son comportement général sur la glace en font le joueur le plus méritant. Pour moi en tous les cas. Dès que les arbitres cessent d'appliquer les règlements, le jeu de Pronger devient deux fois plus efficace. Et cette année, les arbitres ont reçu l'ordre d'être de simples spectateurs pendant les matchs.