C'est la semaine des adieux. Guy Lafleur qui entreprend sa dernière tournée et Jacques Villeneuve qui annonce qu'il renonce à son plus grand rêve. Revenir en Formule 1.

Villeneuve l'a confirmé hier. Après avoir travaillé très dur à monter une équipe avec Durango, le refus de Bernie Ecclestone d'accepter une treizième écurie dans le plateau a tué le rêve de Villeneuve: «Je ne reviendrai plus en Formule 1, les derniers espoirs sont anéantis», a-t-il déclaré hier après avoir terminé cinquième dans une course de V8 Supercars en Australie.

Si Villeneuve décide de s'asseoir avec ses deux gamins et de leur raconter l'histoire de sa grande aventure en F1, les petits vont faire de beaux rêves. Et leur papa sera un grand monsieur.

Villeneuve a pris 164 départs, il a décroché 13 positions de tête et mérité 11 victoires et 23 podiums. Et son plus grand titre de gloire, il l'a conquis le 26 octobre 1997 à Jerez en battant Michael Schumacher dans une course dramatique pour le titre mondial.

Il avait déjà été champion des 500 Milles d'Indianapolis et champion en Indy à la grande époque de l'Indy, avant le schisme qui allait épuiser les deux séries, l'Indy et le Cart.

Pas trop mal, Jules et Joakim. De quoi être fier de son papa.

Mais ce n'est pas ce qui m'a plus impressionné dans cette carrière de passionné absolu. Jacques Villeneuve, avec Craig Pollock et Tom Moser, a été directement responsable du rachat de Tyrell et de la fondation de British American Racing. Il réalisait le rêve de son père Gilles qui, quelques mois avant sa mort, planchait sur le fabuleux projet de lancer sa propre écurie.

Villeneuve a perdu beaucoup dans cette entreprise. D'abord un excellent volant quand il a refusé l'offre de Renault pour poursuivre avec Pollock le travail avec BAR. Fernando Alonso a obtenu le volant et mérité deux championnats du monde de suite en 2005 et 2006. Puis, quand Pollock s'est fait tasser par les dirigeants de BAT au profit de David Richards, Villeneuve a connu des mois d'enfer dans un climat étouffant avant de se faire virer avant le dernier Grand Prix de l'année dans des circonstances rocambolesques.

Par la suite, la mode des jeunes pilotes a joué contre lui. Il arrivait à faire jeu égal avec ses coéquipiers, mais le salaire qu'il commandait l'obligeait à faire mieux.

Depuis, Jacques Villeneuve n'a jamais cessé de bûcher pour revenir en F1. L'hiver dernier, il aurait pu accepter une offre de Gino Rosato chez Lotus. Je lui ai parlé alors qu'il était dans le bureau du nouveau vice-président de Lotus. On a tout fait pour le convaincre de s'engager en Indy au volant d'une Lotus. Mais il y avait encore cet espoir de fonder une nouvelle écurie avec Durango et Villeneuve a refusé.

Il a couru un peu partout pour garder son coup de volant en NASCAR, dans des courses de camions, en Argentine, en Australie, là où on avait besoin d'un pilote habile, expérimenté et passionné.

On disait de lui qu'il était froid et calculateur alors que son père Gilles avait la vraie passion de la course. Les années ont montré que le sang qui coulait dans les artères de Jacques était celui de son père. À 39 ans, il tient le coup, cherche les volants et s'attaque maintenant au NASCAR. On ne peut faire autrement que de respecter cet amour et cette passion pour la course.

Villeneuve a encore un lourd défi devant lui. La récession fait mal au NASCAR et les années ont passé. Les commanditaires américains et canadiens prêts à investir des dizaines de millions dans le NASCAR sont plus frileux. J'avais suivi au jour le jour les efforts de Villeneuve de mettre sur pied son équipe en NASCAR. Jusqu'au lundi matin, il a espéré que CGI, la multinationale dirigée par Serge Godin, irait de l'avant avec lui. La voiture de Villeneuve était même peinturée en rouge aux couleurs de la compagnie. Mais les dirigeants ont décidé de lever le pied et de recentrer leurs efforts de mise en marché dans d'autres domaines.

Par ailleurs, Jacques Villeneuve a gagné plus de 100 millions US dans sa carrière en Formule 1. Sans parler des commanditaires qui se l'arrachaient.

Mais ces millions ont coulé entre ses doigts... et surtout ceux de Craig Pollock. En fait, au cours des dernières années, Villeneuve a connu deux divorces douloureux. Un familial, et un autre, professionnel. Tous ces écueils ont coûté cher. Et le travail investi pour rebâtir sa carrière dans la course automobile a demandé un appui financier énorme.

Jacques Villeneuve n'est pas pauvre, loin de là. Mais il n'a plus une montagne de millions pour s'asseoir et contempler l'horizon. Les rêves doivent maintenant être calculés.

Ce qui ne diminue en rien ses mérites et ses chances de réussir en NASCAR. Cet homme est indomptable.

Et comme dirait Jean-D. Legault, peut-être que le meilleur est à venir.

DANS LE CALEPIN Claude Rousseau aurait donc remis sa démission de chef d'Équipe-Québec pour préparer la construction d'un Colisée et la candidature de la capitale pour l'obtention des Jeux olympiques. Selon mes sources, M. Rousseau se joindrait au groupe MTS Allstream, Manitoba Telephone Service, une importante compagnie de Winnipeg dirigée par son ami Pierre Blouin. Ça reste à confirmer.