C'est tellement facile de critiquer les «Canadians», tellement facile de blâmer la Ligue nationale pour le mépris affiché devant des millions de téléspectateurs dimanche à Calgary.

C'est évident que si on organise un événement qu'on baptise La Classique Héritage, ça doit être pour souligner l'histoire du hockey, son origine, son ancrage dans le profond pays. Le hockey est un sport né de l'hiver. Le même hiver que chante justement Gilles Vigneault. C'est un sport né à Montréal. C'est un sport qui sert à lier les parties disparates d'une confédération qui n'en est pas une.

À Calgary, c'était ce passé et ce présent qu'on saluait. On l'a fait en chantant l'hymne national américain devant deux équipes canadiennes représentant des villes canadienne et québécoise. Et on l'a fait en ignorant complètement le français dans l'hymne national que Calixa Lavallée a fourni au Canada... en français.

Sans doute qu'une nouvelle génération de fefans va hausser les épaules en y allant d'un songé discours. Genre... «bof!» Pis après?

N'empêche qu'on a manqué de respect envers le Canadien, envers Montréal, envers le Québec et envers le français que parlent encore des centaines de milliers de citoyens dans le Canada hors Québec.

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Pourquoi l'hymne national américain? Pour rendre hommage aux États-Unis qui tenaient la même journée une «journée du hockey» partout dans le pays? C'est la seule explication qui pourrait tenir la route.

Ce n'est certainement pas pour rendre hommage au commissaire Gary Bettman, qui s'était déplacé pour la Classique Héritage. À moins que ce ne soit pour mieux souligner le colonialisme culturel d'un pays devant son géant de voisin? La réponse, je ne la connais pas.

Par ailleurs, on peut blâmer les anglos de l'Ouest canadien tant qu'on voudra, n'empêche qu'il faudrait commencer à regarder dans sa propre cour. Coudonc, Geoff Molson ne le savait pas qu'il y aurait une Classique à Calgary dimanche soir? Et Pierre Boivin, qui n'est quand même pas Peter Boivin, n'est-il toujours pas président du Canadien de Montréal?

Les deux hommes n'ont jamais pensé à vérifier si la spécificité francophone de Montréal et du Québec allait être respectée dans les cérémonies de présentation? Un coup de fil le mois précédent et le rappel aurait été fait. Du genre... c'est un match spécial, d'envergure nationale, un salut à l'histoire du Canada et un rappel de ses origines, pourriez-vous s'il vous plaît montrer un peu de respect aux sept millions de francophones du pays? Et à Montréal, métropole d'une province dont la langue officielle est le français?

Pourquoi Geoff Molson, qui semble conscient qu'il vit au Québec, n'a-t-il pas pris les précautions qui s'imposent dès qu'on fait quelque chose avec le reste du Canada? Me semble que le fiasco olympique n'est pas si loin. D'ailleurs, Geoff Molson était à Vancouver pour les Jeux olympiques. Même qu'il était à la réception offerte par le Québec et Jean Charest lors de la journée du Québec aux Jeux.

La vraie question n'est pas de se demander pourquoi ils sont si cruchons. La vraie question, c'est de se demander pourquoi on les laisse être si cruchons?

C'est plate, M. Molson, je pensais que vous aviez compris quelque chose...

Milos Raonic

Ce n'est pas une grande controverse. Mon savant confrère Michel Marois écrit que Milos Raonic, magnifique tennisman canadien, est le premier joueur de l'histoire du pays à grimper jusqu'au 37e rang au classement ATP.

Techniquement, il a raison. N'empêche que Greg Rusedski, grand gaucher de Pointe-Claire, a déjà détenu le quatrième rang mondial. Je sais, à l'époque, Greg était en amour avec une Anglaise et comme il avait une double nationalité par ses parents, Rusedski avait opté pour la nationalité britannique pour être plus proche de sa blonde... et pour ramasser les livres sterling de la fédération britannique. Mais il avait quand même appris son tennis à Pointe-Claire et c'est l'aaaaamour et l'aaaaaargent seulement qui lui ont fait porter des bobettes Unionjack. Ça ne devrait pas compter.