Ma toute première réaction a été de me dire qu'Amir Khadir était tombé sur la tête. Qu'il contribue au vent de folie qui balaie Québec, ça pouvait toujours aller. Mais qu'il organise dimanche une manifestation avec Serge Mongeau où on va dégonfler des balounes au parc Lafontaine pour protester contre la présentation du Grand Prix du Canada, je me disais qu'Amir cherchait vraiment trop les kodaks.

Et puis, je me suis rappelé de Serge Mongeau, médecin comme Amir et grand militant du Parti Québécois dans les années 70. M. Mongeau était également chroniqueur à Québec-Presse, le Rue Frontenac de l'époque. Je parle de la version papier.

De nos jours, M. Mongeau est le penseur du Mouvement québécois de décroissance conviviale. Ou comme le chanteraient Mes Aïeux, il est le prince de la simplicité volontaire.

C'est toujours tentant de tourner en ridicule ces efforts de conscientisation. C'est tellement loin du quotidien des gens ordinaires qui travaillent en usine ou dans les bureaux. Mais les Serge Mongeau de ce monde ont même contribué à faire évoluer la Formule 1 ces dernières années.

Il y a 30 ans, il y a 20 ans, la Formule 1 n'avait que la puissance et la vitesse qui comptaient vraiment. Des pilotes, dont Gilles Villeneuve et Ronnie Peterson, mouraient en piste. Il y a 15 ans, la F1 se foutait totalement de ce que pouvaient coûter en argent et en pollution globale les cinq ou six moteurs qu'on pouvait utiliser pour un seul Grand Prix. Et on brûlait les pneus à un rythme effréné. Aucune limite.

La FIA n'a pas agi seulement pour sauver la planète, personne n'est si naïf pour le croire. Mais partout sur la planète, il y a des écologistes et des Verts qui protestent ou qui tentent de faire prendre conscience aux amateurs de F1 et aux grands bonzes de la course qu'il faut cesser de polluer. C'est vrai à Montréal, c'est vrai à Melbourne et c'est vrai à Barcelone.

Souvent, on hausse les épaules, mais ces manifs et ces dénonciations rendent les grands dirigeants de la FIA plus prudents. Même eux craignent les effets des campagnes de presse.

Ainsi, la FIA espère mettre en piste dès 2013 des voitures propulsées par des quatre cylindres avec turbo qui ne dépasseront pas 12000 tours minute et qui devront consommer beaucoup moins d'essence en course puisque les réservoirs seront plus petits. On va perdre le «plaisir» d'une symphonie en huit cylindres mais faut ce qu'il faut pour sauver la planète.

Et ce n'est qu'un des éléments que la FIA a dans son agenda pour arriver à des courses plus vertes: «Rien ne dit que nous n'aurons pas des courses avec moteurs électriques un jour. Ce n'est pas pour demain, mais la F1 veut continuer d'innover. Déjà, on pousse beaucoup sur la récupération de l'énergie en course», soutient d'ailleurs le promoteur du Grand Prix du Canada, François Dumontier.

Dans le passé, la Formule 1 a été à l'avant-garde de l'industrie automobile. De grandes découvertes qui ont amélioré la sécurité et la performance de la voiture de monsieur tout le monde ont été faites dans le laboratoire de la F1. On espère qu'elle le sera maintenant dans tout ce qui touche la pollution, les émissions de CO2 et consommation de carburant non renouvelable.

Déjà, depuis trois ou quatre ans, la F1 a un bilan zéro en ce qui concerne le CO2. Cette année, comme on l'a fait l'an dernier, on va planter 25000 arbres au Mexique pour compenser les émissions des voitures et surtout des avions utilisés pour le transport du matériel et des gens de la F1.

Même dans le gros concret du circuit, François Dumontier souligne qu'on fait de gros efforts pour faire sa part: «Le Grand Prix du Canada est un des événements majeurs les plus propres quand on parle de recyclage. L'an dernier, on a récupéré 75000 livres de déchets recyclables. Nous faisons affaire avec le Consortium Écho-Logique, un organisme de récupération. Le plastique, les cartons, les canettes, tout ce qui se recycle est récupéré», dit-il.

De plus, dès la fin de la course, toute la nourriture qui n'a pas été consommée est récupérée pour être donnée à la Maison du père ou à l'Accueil Bonneau. «Et toutes nos navettes doivent rouler avec un minimum de 10% de bio-carburant. Et puis, les 24 voitures de Formule 1 qui tournent pendant l'heure et demie que dure un Grand Prix polluent pas mal moins que les milliers d'autos coincées et arrêtées dans la circulation le lundi matin. Les moteurs de F1 brûlent à peu près tout de chaque goutte d'essence. Les émissions sont minimes», dit Dumontier.

Mais le pétage de balounes de dimanche prochain vise autre chose que les voitures elles-mêmes. C'est tout le luxe, toute la consommation éhontée liée à la F1 que le docteur Mongeau veut dénoncer. Cette manif s'inscrit dans une démarche de toute une vie.

La philosophie du docteur Mongeau pourrait se résumer en une jolie phrase: pourquoi travailler si fort pour se payer une voiture et l'entretenir quand on pourrait faire l'amour au lieu de travailler toutes ces heures?

C'est ce qu'il avait dit en entrevue avec Denis Lévesque à LCN. Denis a continué de travailler fort...

DANS LE CALEPIN La maire de Villeray, Anie Samson, et son comité de direction rencontrent ce matin Eugène Lapierre de Tennis-Canada pour s'entendre sur un formidable projet qui permettrait à plein de jeunes amateurs de tennis d'assister gratuitement à des matchs de la prochaine Coupe Rogers. De plus, on installerait un écran géant de 20 pieds tournés vers le parc Jarry, ce qui permettrait aux citoyens de suivre les matchs même s'ils n'ont pu dénicher de tickets. Selon mes informations, ce serait un projet conjoint de l'arrondissement et de Tennis-Canada.