Il y a exactement 30 ans, Sugar Ray Leonard montait dans l'arène du Stade olympique avec la peur dans les yeux. Une foule hostile et une bête à moitié sauvage comme adversaire allaient avoir raison du tout jeune grand champion en devenir.

«C'était la première fois de ma vie que j'étais victime d'une guerre psychologique, la première fois qu'un adversaire m'intimidait. Roberto Duran était fou, mais il était bon.»

C'est ce qu'il nous a confirmé hier, devant une centaine de mordus de boxe dans un gymnase du nord de la ville. Leonard était de retour à Montréal - où il a aussi remporté la médaille d'or aux Jeux de 1976 -, pour lancer sa Fondation qui viendra en aide aux jeunes qui souffrent d'obésité. L'homme n'a pas perdu son timing. «Je trouve qu'il y a trop de iPods et de gadgets. J'aimerais voir les jeunes dehors en train de bouger.»

Leonard, 54 ans, n'a rien perdu de son charisme non plus. Dès son entrée, le sourire gagnant, la démarche cool, l'éloquence nous ont ramenés 30 ans en arrière. «Vous vous demandez pourquoi j'ai un bras en écharpe... Il y a eu un vol et j'ai arrêté 10 voleurs. Non, je jouais au basket avec mon neveu et le basket est maintenant un sport trop dur pour moi.»

Et puis il a raconté sa carrière, ses souvenirs, a répondu à nos questions, a serré Fernand Marcotte, un ex-adversaire, dans ses bras. «Fernand m'a laissé gagner ce soir-là. Je le remercie...»

«Après les Jeux, je devais retourner aux études à l'Université du Maryland. J'avais des mains trop fragiles pour la boxe. Mais mon père est tombé malade, il ne pouvait plus travailler et j'ai fait quelques combats pros. J'y ai pris goût...»

Ceux de ma génération ont eu la chance de vivre l'âge d'or des poids moyens avec Leonard, Duran, Wilfredo Benitez, Tommy Hearns, Pipino Cuevas, Marvin Hagler...

Qui cognait le plus fort, Sugar Ray?

«Ils cognaient tous fort, mais Hearns et Duran un peu plus que les autres.»

Comment as-tu réagi quand Duran (deuxième affrontement) a abandonné?

«Je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne comprenais pas ce qu'il disait...»

Que ferais-tu contre Floyd Mayweather?

«Je n'aurais rien à prouver. J'ai mis son père K.O.»

Puis, Leonard a pris Marcotte par le cou et il a dit: «Je trouve que les boxeurs d'aujourd'hui sont trop prudents. Ils ont peur de perdre, ils ont peur de ne plus avoir de carrière. Nous avions plus de coeur au ventre. On perdait, on l'acceptait et on revenait trois mois plus tard. Pas un an plus tard...»

Il a aussi parlé de possibilités d'affaires en boxe avec son hôte Russ Anber.

Leonard a signé des photos et des gants de boxe pour amasser des fonds.

Fernand Marcotte se souvenait de son combat contre le champion: «Son jab était plus vite que le mien. Il bougeait tout le temps. En avant, en arrière, à gauche, à droite, des combinaisons droite-gauche, gauche-droite... c'était l'enfer.» Fernand a résisté pendant huit rondes et il a mérité le respect des amateurs de boxe ce soir-là.

Accréditation

À compter de demain, cette chronique se tournera vers les divers événements du Grand Prix de F1.

Je n'ai pas vraiment eu le choix. Quand mon patron m'a parlé de la course de F1, je me suis préparé à protester, mais il m'a coupé court: «Tu es accrédité.»

C'est l'argument marteau. Être accrédité pour une course de F1 est un peu comme être embauché par les services secrets. Il faut une année de démarches auprès des bureaux suisses de la FIA. Il faut répondre à toutes sortes de questions.

C'est un peu comme obtenir une audience privée avec le pape, bref, le petit carton qu'on m'accrochera au cou est rare comme de la marde de pape, sauf le respect que je lui dois.

J'aurais même préféré une compétition de nage synchronisée ou de patinage de fantaisie. Et puis non, quand même... Ça ira pour la F1, à condition de me fournir les bouchons pour les oreilles. Le boss était d'accord pour les bouchons.

En ouvrant La Presse hier matin - je suis de la génération qui préfère le journal en papier -, j'ai vu un bel Espagnol avec une voiture de sport italienne et rouge, une voiture qui fait du bruit comme un gros avion qui décolle. Il doit y avoir quelque chose là-dedans que je ne saisis pas. Je manque peut-être de virilité en vieillissant.

Allez les Bleus!

Ensuite ce sera le nirvana sportif: la Coupe du monde de foot. Bonjour l'ambiance...

Vous connaissez les Français, le tournoi n'est pas commencé, mais la chicane est déjà pognée. Quarante-six pour cent d'entre eux «n'aiment pas du tout» leur équipe, les Bleus. Ils aiment encore moins leur sélectionneur, Raymond Domenech.

Les politiciens se lancent de la boue. Ceux du Front national et même d'autres trouvent que l'équipe n'est pas représentative de la France. (Ils veulent dire qu'il y a trop de joueurs noirs.) La gauche réplique avec des envolées lyriques et de beaux principes. Etc...

Retenons aussi cette déclaration de Jorge Ribolzi, ex-entraîneur-adjoint de l'équipe argentine, libéré lors de l'arrivée de Diego Maradona: «Comme personne, Maradona est une ordure. Un bon à rien. Il n'a aucune dignité.»

Ça commence vendredi. Youppi!

Photo: Robert Skinner, La Presse

Fernand Marcotte et Sugar Ray Leonard se sont rappelé de très beaux souvenirs, hier.