En ces temps où il n'y a jamais eu autant de Français résidant au Québec - du moins depuis 400 ans -, l'Impact de Montréal, peut-être sans le savoir, emboîte le pas.

Pendant que le gouvernement du Québec mène en France une campagne agressive pour attirer les travailleurs français, l'Impact en compte trois, du jamais vu dans l'histoire du club. Les doigts d'une seule main suffiraient à compter ceux qui y sont passés depuis la fondation du club - le Supra à l'époque - dans les années 1970.

Philippe Billy, Anthony LeGall et Richard Pelletier, oui, un Pelletier français, ont le même agent (français), ils se connaissent, ils se sont côtoyés dans le football français, Billy a recommandé les deux autres, bref, il y a maintenant une French connection au stade Saputo.

Pourquoi pas plus tôt?

Cédric Joqueviel, le défenseur français qui a quitté l'Impact récemment pour des raisons familiales, m'avait expliqué que la compétition étant très forte dans le football français, les joueurs n'osaient pas quitter de peur de perdre leur place et d'être oubliés chez eux.

Philippe Billy ajoute: «Il y a de plus en plus d'étrangers dans le football français. Les places sont de plus en plus rares.

«Avec le passage de l'Impact à la MLS, Montréal devient de plus en plus intéressant. Je pense qu'il y aura d'autres Français avec l'Impact.

«Pour nous, la MLS, c'était Sébastien Letoux, un joueur peu connu en France, un ancien défenseur qui est devenu l'un des bons attaquants de la MLS. Maintenant, Thierry Henry est à New York, David Beckham toujours à Los Angeles...»

Les trois athlètes se plaisent beaucoup en Amérique et ne se gênent pas pour le dire.

Billy: «On a de belles installations au stade Saputo et la foule est très agréable. En France, quand votre équipe perd quelques matchs, les partisans se tournent contre vous et sont sans pitié. Ici, quand on n'obtient pas de résultats, la foule nous encourage à ne pas nous décourager, à revenir plus forts. C'est comme une foule anglaise, sans les hooligans.

«Et puis il est très facile pour nous de s'installer au Canada. À cause d'ententes entre la France et le Québec, on obtient tous les papiers importants en un rien de temps. L'assurance maladie, le permis de conduire... tout ça se règle facilement. Ce n'est pas le cas pour les autres étrangers de l'équipe.

«Il faut s'adapter à certaines choses. Par exemple, ici, les playoffs - (NDLR) ils disent tous playoffs et rien d'autre - sont très importants. Je crois que c'est le seul endroit au monde qui a des playoffs. En France, il y a plutôt des relégations. En gagnant le championnat de sa ligue l'an dernier, l'Impact jouerait automatiquement dans la MLS cette année et une équipe de la MLS serait rétrogradée dans notre ligue.»

L'entraîneur-chef Marc Dos Santos ne voit pas d'inconvénient à cette invasion française. «Pour eux, Montréal est une belle porte d'entrée en Amérique. Et puis nous connaissons de plus en plus les dirigeants de la Fédération française. Des clubs français sont venus jouer chez nous. On a des contacts avec des agents français.»

Finalement, ce qui aurait dû être un phénomène naturel aura mis beaucoup de temps à se mettre en marche.

Jos Louis

L'Impact jouera devant une salle comble ce soir au stade Saputo (et à la télé de la SRC, à 19h30). Les visiteurs seront les Rhinos de Rochester, éternels rivaux et détenteurs du premier rang.

Ce sera aussi la soirée Jos Louis - et non pas Joe Louis - en l'honneur du petit gâteau Vachon. Saputo a acheté les petits gâteaux Vachon de Beauce, mais la compagnie avouait dernièrement que les résultats de cette acquisition étaient décevants.

Personnellement, en mes vertes années, j'ai toujours favorisé le May West à cause de la crème jaune au milieu dont jamais personne n'a réussi à percer le secret.

La soirée Jos Louis me rappelle justement un jeune militaire rencontré à Québec et originaire de Beauce. Il m'a raconté qu'il était content de voir que l'ex-ministre des Affaires étrangères et petit ami de Julie Couillard, Maxime Bernier, avait apporté des Jos Louis pour les soldats canadiens postés en Afghanistan.

Le jeune homme y était et il raconte: «Vous, les médias, avez tellement ri de lui avec ses Jos Louis qu'ils les ont fait disparaître. Je n'ai jamais eu mon Jos Louis à cause de vous.»

Je me suis excusé au nom de la confrérie.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Philippe Billy (à droite) fait partie de la French connection de l'Impact.