Boulevard Saint-Jean-Baptiste, à Pointe-aux-Trembles, une longue, longue limousine blanche est garée devant le bar Lanjeu qui, avec Le ranch des cowboys de Saint-Côme, commandite un nouveau promoteur de boxe.

Ce sport est tellement populaire à Montréal que les aspirants promoteurs poussent un peu partout. Cette fois, il s'agit de Stéphane Payette et de Jean-Marc Émond, le premier un passionné de boxe et de courses de chevaux, le deuxième, fils de mon vieux copain Guy Émond, qui chante tous les dimanches après-midi à Lanjeu, justement.

Ti-Guy était présent, Régis Lévesque aussi, il ne manquait que quelques Hilton et Frank Cotroni pour nous faire remonter dans le temps. Notez qu'il y avait tout de même Frank Cotroni junior, petit-fils de l'autre et boxeur amateur qui passe chez les pros.

Et puis, qui donc est ce beau bonhomme bien mis avec lunettes d'intello? Oui, c'est bien Stéphane Ouellet, venu du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour nous présenter son protégé, Stéphane Landry, un membre des Forces de l'armée canadienne basé à Bagotville.

Il fait toujours bon de revoir Stéphane Ouellet...

«Je vais bien, je travaille dans la construction, j'entraîne des boxeurs à Saguenay et je me tiens en forme. Je me suis rapproché de mes deux fils qui ont 14 et 15 ans.»

Ouellet semble vraiment en bon état, physique et mental, et la faune de la boxe était heureuse de le voir. «La dernière fois que je suis venu à Montréal, c'était à la demande de Jean Pascal qui voulait que je l'accompagne du vestiaire à l'arène. Je portais une grosse barbe et j'avais pris quelques bières. Les médias se sont moqués de moi, ça m'avait fait de la peine. Mais je leur ai pardonné, ils ont droit à une erreur.» (Ouellet a tout à fait raison en ce qui regarde le traitement injuste dont il avait été victime.)

Et ton père? (M. Ouellet est un célèbre peintre paysagiste.)

«Mon père va bien. Il perd la vue, mais il fait des mélanges de couleurs qui sont plus beaux que jamais!»

De gros noms

Les promoteurs Payette et Émond sont entourés d'une équipe dynamique, sans expérience, et la rencontre d'hier a eu lieu sur le thème de l'enthousiasme. Des noms connus font partie de la carte, des noms un peu usés, direz-vous, mais pleins de bonne volonté.

La finale mettra aux prises le poids lourd Tommy «The Duke» Morrison (43-3-0, 42 K.-O.), 42 ans, ancien champion de la WBO (1993), soi-disant neveu de John Wayne, ancien séropositif miraculeusement guéri.

Sympathique gaillard, il m'a expliqué son dossier médical, mais je n'ai rien compris. «Je ne me bats pas pour moi, je me bats pour toutes les victimes de mauvais diagnostics. Je veux aussi redevenir champion. D'autres plus vieux que moi l'ont fait.»

On reconnaît le champion à son maquillage... Tommy Morrison est une star et il était maquillé pour l'occasion. Il a joué un rôle important dans le film Rocky V. En fait, on se souvient de lui surtout à cause du film.

Son adversaire sera Eric Barrak (3-0-0, 2 K.-O.), un boxeur de Longueuil qui n'est pas monté dans un ring depuis 2002.

Que faisiez-vous? «J'ai ouvert un gymnase et j'ai élevé mes enfants.»

Barrak prédit une victoire par K.-O. dans les trois premiers rounds, ce à quoi Morrison a répondu All right!

(Notez que cette finale pourrait ne pas avoir lieu. Le Régie québécoise qui veille sur la boxe exige un certificat de guérison de la part de Morrison, rapport au sida qui l'avait fait expulser de la boxe aux États-Unis. Il semble qu'on tarde à trouver le dit certificat.)

Un autre poids lourd de renom, Ray Mercer, 49 ans, champion WBO en 1991, affrontera Stéphane «Brutus» Tessier, de Longueuil, dont la fiche est de 3-26-1, 2 K.-O. Tessier a prédit une victoire surprise parce qu'il s'améliore constamment.

Pour vous faire saliver encore plus, Joe Gatti, 42 ans, le frère de l'autre, affrontera Walid «La tempête de sable» Smichet dans un combat de mi-lourds qui pourrait être dangereux pour la santé de Gatti. Je l'ai vu combattre il y a environ 10 ans et je m'étais dit qu'il ferait mieux d'accrocher ses gants, ce qu'il a fait, jusqu'à maintenant.

Un autre athlète de la Rive-Sud, François «The Tank» Miville (0-0-0, 0 K.-O.), affrontera le militaire et protégé de Stéphane Ouellet.

Jean-Marc Émond, qui est le portrait de son père, promet un gala de boxe comme on n'en voit jamais.

«Dans les galas à Montréal, on sait toujours d'avance qui gagnera la plupart des combats. Les promoteurs embauchent des Mexicains qui viennent se coucher. Vous ne verrez jamais de Mexicain sur notre carte parce que leur fiche est de 0-400 à Montréal!»

J'entendais Ti-Guy parler...

La soirée est prévue pour le 25 février au centre Pierre-Charbonneau où toutes les places sont bonnes.