Hier n'était pas une bonne journée pour se réunir dans un vieux silo abandonné qui coule de partout, au milieu d'un chantier de construction dans un parc industriel de Pointe-Saint-Charles. Mais tous ceux présents avaient le sourire parce que c'était pour dévoiler une bonne nouvelle.

Une petite entreprise familiale, Allez Up, annonçait qu'elle allait construire, à l'intérieur de ce silo, un centre d'escalade, sport qui prend de plus en plus de place chez nous, sport économique et à la portée de tous les âges.

À Montréal, on ne sait toujours pas quoi faire de ces immenses bâtiments quand ils ne servent plus. Ces deux petits-là (37 mètres), sur la rue Saint-Patrick, à Pointe-Saint-Charles, ont contenu des tonnes de sucre de la compagnie Redpath, puis du charbon, avant d'être abandonnés pendant 25 ans. Deux petits silos oubliés dans la grisaille.

Pas étonnant que la ministre du Tourisme, Nicole Ménard, et la pétillante députée de la circonscription, Marguerite Blais, aient annoncé l'octroi d'une aide financière de 200 000 $, devant une petite assemblée qui ne tenait pas en place parce qu'il fallait bien éviter les gouttes de pluie qui passaient à travers le plafond. Il y aura du travail à faire, mais si l'on se fie aux plans des architectes, le résultat sera très joli et l'endroit pourra accueillir jusqu'à 130 escaladeurs.

Et pour une rare occasion, des silos abandonnés de Montréal auront une nouvelle vocation. À Québec, certains servent d'écran au «Moulin à images». Une belle réussite. Ceux du Vieux-Montréal, malgré plusieurs idées intéressantes, n'ont toujours pas trouvé preneurs.

L'intérieur d'un silo est pourtant un endroit étrange, fascinant, il suffit d'un peu d'imagination pour le rendre magique, à mon modeste avis.

Le quartier de Pointe-Saint-Charles, qui se bat toujours pour améliorer sa qualité de vie, recevra donc des visiteurs d'un peu partout, d'Europe et d'Amérique, mais selon Jean-Marc de la Plante, porte-parole de la famille qui exploite déjà un centre d'escalade quelques rues à l'ouest, les gens des alentours s'intéressent maintenant à l'escalade.

Il parle de 70 000 visites par année et croit que ce nouveau projet, qui entraînera des investissements de l'ordre de 5,4 millions et la construction d'un bâtiment adjacent doté d'une architecture contemporaine, sera rentable. L'ouverture est prévue pour l'été 2012.

Tout ça est bienvenu dans ce coin de ville qui nous ramène à des dizaines d'années dans le passé quand on circule dans ses vieilles rues. En fait, les rues et les maisons de Pointe-Saint-Charles nous ramènent au temps des Plouffe, avec ses casse-croûte à frites et hot-dogs vapeur, mais un temps des Plouffe qui aurait aussi des restaurants indiens et des épiceries caribéennes.

Bonne nouvelle, donc: la Pointe, comme ses habitants l'appellent, refuse de mourir. Même que la SAQ du centre du quartier, angle Centre et Charlevoix, a installé une énorme banderole qui va d'un côté de la rue à l'autre et sur laquelle on lit: «SAQ pas ton camp de la Pointe.»

Ce n'est pas génial, mais c'est l'intention qui compte, non?

Photo: Edouard Plante-Fréchette, La Presse

La petite entreprise familiale Allez Up a annoncé hier qu'elle allait construire un centre d'escalade à l'intérieur d'un ancien silo de la compagnie Redpath, dans un parc industriel du quartier Pointe-Saint-Charles.