«Allô?

- Bonjour, ici Élections Canada. Nous tenons à vous aviser que le bureau de vote de votre circonscription a été déplacé. Au lieu d'être au sous-sol de l'église St-George, il sera situé au club de danseuses Body Shoppe, 211 Silvercreek. À vous d'aller mettre votre petite croix dans l'isoloir. Merci! Thank you!»

C'est ainsi que lors des élections fédérales du 2 mai 2011, les habitants de la ville de Guelph, en Ontario, ont été floués par des gens se faisant passer pour des employés d'Élections Canada. Ils ne sont pas les seuls. Des appels robotisés dirigeant les électeurs vers de faux bureaux de vote, il y en a eu plein à travers notre beau pays, de Vancouver, en Colombie-Britannique, à St-John, au Nouveau-Brunswick.

Pourquoi pensez-vous que seulement 61,4% des Canadiens sont allés voter l'année dernière? Parce que 38,6% des Canadiens se sont présentés à la mauvaise place et sont retournés chez eux avec leur petit bonheur.

Vous croyez que j'exagère? Un peu, mais pas tant que ça.

Élections Canada a reçu 31 000 plaintes de citoyens victimes d'appels frauduleux. Normalement, Élections Canada reçoit quelques centaines de plaintes à la suite d'un scrutin national. Mais 31 000 personnes, ça commence à faire ben du monde au mauvais endroit. Quand on pense que dans Nipissing-Timiskaming, une des circonscriptions victimes de cette arnaque, le député conservateur Jay Aspin a battu le libéral Anthony Rota par seulement 18 votes, on peut sérieusement mettre en doute la légitimité de certains députés à siéger à Ottawa.

Les enquêteurs ont découvert que les insolences d'un téléphone commises à Guelph ont été réalisées à partir d'un cellulaire enregistré sous le nom de Pierre Poutine, résidant de la Separatist Avenue à Joliette.

On voulait un coupable, on en a un. Pierre Poutine. Mais comme tous les coupables des scandales politiques canadiens, il n'existe pas. C'est du vent. Un robot.

Le coup de la Brink, c'est qui? Pierre Poutine.

Le scandale des commandites, c'est qui? Pierre Poutine.

Le scandale de la construction, c'est qui? Pierre Poutine.

Pierre Poutine trempe dans toutes les sauces. Et comme il est gluant, il glisse entre les mains de la Justice.

Qui se cache derrière Darth Vader Poutine? Probablement un Peter Fishandchips, partisan conservateur, puisque tous les appels frauduleux ont été dirigés vers des numéros rattachés à la firme Racknine, engagée par le parti de Stephen Harper.

Bref, on peut aisément croire que des conservateurs appelaient des gens connus pour être des libéraux ou des néo-démocrates, pour leur dire d'aller voter dans un Tim Hortons.

L'appareil de Pierre Poutine était un téléphone jetable. Malheureusement, le gouvernement qu'on a élu n'est pas jetable avant quatre ans.

Le Canada est rendu bien bas. Ce scandale s'attaque au fondement même de la démocratie. On niaise le peuple. La journée des élections est une journée sacrée. Les citoyens choisissent les élus qui dirigeront leurs destinées. Et ça commence en les dirigeant dans un cul-de-sac.

On a tous entendu les histoires de gens qui votent trois fois et de morts qui se retournent dans leurs tombes pour voter du bon bord. C'est croche mais au moins on n'abuse par d'une personne en particulier, on abuse du système. En posant des lapins à des individus, les magouilleurs politiques sont allés trop loin. Les élections canadiennes sont devenues les Gags Juste pour rire. Si on ne croit plus en cette journée-là, on ne peut plus croire aux 1460 autres qui en découlent.

J'espère qu'il y aura des Carl Bernstein et des Bob Woodward pour aller au bout de cette affaire. Si un petit cambriolage dans les locaux du Parti démocrate a coûté la tête du président américain, des pratiques vicieuses falsifiant les résultats des élections devraient coûter le poste de ceux à qui elles ont profité.

Il en va de la confiance du peuple canadien en ses dirigeants. À force d'être ébranlée, elle va finir par s'écraser.

Pierre Poutine est le nom de tous les arrivistes de la vie politique. De tous ceux qui prennent le pouvoir et le gardent pour eux. Pour qu'ils servent leurs intérêts. Pierre Poutine est le nom de tous ceux qui prennent le contrôle d'un pays pour s'en servir, au lieu de le servir.

L'amour qu'éprouve Stephen Harper pour la royauté n'est pas innocent. C'est de plus en plus évident, Stephen Harper est en train de devenir le roi de la poutine.

Pour nous convaincre du contraire, au lieu d'étouffer l'affaire, il doit faire la lumière sur les crimes antidémocratiques du 2 mai 2011. Parce que s'il continue à s'entêter et à n'avoir aucune écoute pour les opinions qui divergent des siennes, il y aura beaucoup plus de gens qui habiteront la Separatist Avenue.