Jean Charest a été honoré mardi, à Cancún, pour le bilan environnemental du Québec et pour son engagement en ce domaine.

Richard Desjardins (et bien d'autres!) a dû s'étouffer dans son café en lisant la nouvelle, mais il est tout de même préférable d'avoir un premier ministre décoré pour ses bons coups verts, comme Jean Charest, que d'en avoir un qui, comme Stephen Harper, reçoit année après année le prix Fossile, remis aux États cancres en matière environnementale.

Il y a deux semaines, Jean Charest a été chaleureusement reçu pour la ixième fois à Paris par le président Nicolas Sarkozy et par son premier ministre, François Fillon.

Ces visites répétées (et surtout l'obtention par Jean Charest de la Légion d'honneur en février 2009) provoquent souvent des railleries de ce côté-ci de l'Atlantique et elles indisposent les leaders souverainistes. Pour le Québec, toutefois, ce n'est pas une mauvaise chose que d'avoir un premier ministre dans les bonnes grâces du gouvernement français.

À Paris, M.Charest a même réussi à attirer l'attention des dirigeants français sur son Plan Nord, qui n'évoque encore qu'un concept flou pour la majorité des Québécois.

Depuis des années, Jean Charest est devenu un habitué des milieux politiques de Nouvelle-Angleterre, comme on l'a constaté encore récemment lors d'un séjour à New York.

Il est régulièrement invité pour parler, justement, d'environnement. Mais il s'est aussi donné pour mission de faire avancer le dossier de train rapide dans l'axe Nord-Sud.

Toujours dans la filière environnementale, le premier ministre s'est rendu en Californie, où il a notamment rencontré l'ex-gouverneur, Arnold Schwarzenegger.

En Europe, Jean Charest s'applique depuis des années à poser les jalons de ce qui pourrait un jour devenir un nouvel accord de libre-échange.

Avec tous ces succès sur la scène internationale, Jean Charest décidera peut-être, un jour ou l'autre, de ne pas revenir au Québec, où il est accablé de problèmes et de reproches.

D'ailleurs, s'il venait un jour à briser son «ressort» et qu'il décidait de quitter la politique, il ferait sans doute un excellent candidat au poste de représentant à la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement durable (CNUED).

Il n'y a rien de négatif dans le bilan de Jean Charest sur la scène internationale, au contraire, et les Québécois devraient en être fiers. La réalité politique, toutefois, c'est que le gouvernement Charest est tellement empêtré dans toutes ces histoires malsaines qui font les manchettes depuis des mois que les succès du premier ministre à l'étranger passent pratiquement inaperçus.

Ne boudons pas notre fierté, toutefois, pour une fois qu'une bonne nouvelle nous arrive: il est vrai que le bilan du Québec en matière de réduction des gaz à effet de serre est enviable (et envié), et les prix qui sont remis à Jean Charest nous sont aussi remis, quoi que l'on pense du gouvernement en général.

Sans vouloir cracher dans la soupe, il est cependant difficile de ne pas relever que Jean Charest reçoit des fleurs sur la scène internationale alors qu'il croule sous les pots chez lui, notamment en raison de son refus d'imposer un moratoire sur l'industrie du gaz de schiste. Nul n'est prophète en son pays, c'est bien connu.

Difficile, également, de ne pas noter que notre vert premier ministre est accusé, en Inde notamment, de s'être transformé en commis voyageur pour l'industrie de l'amiante.

Malgré ces critiques, la cote de Jean Charest (et, par ricochet, celle du Québec) est visiblement bonne à l'étranger, et force est de constater que notre premier ministre est plus doué pour briller sur la scène internationale que dans sa propre cour.

Est-ce parce qu'il ne sent pas, à l'étranger, la pression invivable qui l'accable ici? On sent en tout cas que Jean Charest est beaucoup plus à l'aise sur la scène internationale, et que cela l'intéresse beaucoup aussi.

Autre chose: les dossiers de politique environnementale des États, les accords de libre-échange entre pays, voire entre continents, le déploiement de grands axes de transports internationaux ou la recherche de nouveaux partenaires parmi les gouvernements étrangers sont généralement des dossiers plutôt fédéraux que provinciaux.

On a sorti Jean Charest d'Ottawa il y a une douzaine d'années, mais on n'a peut-être pas complètement sorti Ottawa de Jean Charest.