Dans les derniers jours, différents sondages ont tenté d'expliquer le «mystère de la vague orange» qui a frappé le Québec le 2 mai.

Conclusion largement partagée: les Québécois veulent du changement; c'est pourquoi ils ont rejeté le statu quo et cherché de la nouveauté du côté du NPD.

Avec tout le respect dû aux excellents sondeurs et aux analystes des maisons de sondage, cette conclusion relève de l'évidence et elle décrit l'effet plutôt qu'elle n'explique la cause.

Les Québécois veulent du changement, soit. Mais pourquoi se sont-ils précipités en si grand nombre vers le NPD?

Depuis environ deux ans, les sondeurs observent chez les Québécois des mouvements d'humeur et des réactions qui laissaient déjà présager depuis des mois, selon les plus clairvoyants, un rejet massif de la classe politique. Les jeunes, en particulier, sont plus décrochés que jamais de la chose publique.

Nous n'avons pas assisté, cela dit, à un rejet de toute la classe politique (Jack Layton, de loin le chef le plus populaire au Québec, est un politicien de carrière, non?), mais à une désaffection soudaine envers le plus intime des partis politiques, le Bloc québécois.

Je persiste à croire que cette réaction est d'abord émotive. Les Québécois ont voulu faire passer un message: on rejette le Bloc, mais pas question pour autant de jouer complètement le jeu du Canada en contribuant à l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire.

D'ailleurs, les mêmes sondages démontrent que ce qui désole le plus les Québécois, ce n'est pas d'être (encore une fois!) dans l'opposition, mais bien le fait que Stephen Harper ait obtenu sa majorité.

Ailleurs au Canada, en Ontario notamment, les électeurs ont suivi un cheminement électoral totalement différent, parfaitement cartésien dans leur cas.

Après avoir soupesé l'offre conservatrice en 2006 et en 2008, ils ont conclu qu'il était maintenant acceptable de donner une majorité à Stephen Harper.

Évidemment, les Ontariens, eux, sont parfaitement à l'aise au sein du Canada. Au Québec, il y a encore un malaise.

Jack Layton, chef d'un parti résolument nationaliste canadien, est maintenant le dépositaire de ce malaise.

Ce n'est pas un hasard si, au premier jour de la première réunion de son caucus, hier, à Ottawa, la loi sur la «clarté», dont plus personne ne parle depuis des années à Ottawa, est revenue sur le tapis.

M. Layton va maintenant devoir démontrer que «trouver les conditions gagnantes pour le Canada au Québec» est plus qu'un joli slogan électoral.

Le PCC déjà sur le pied de guerre

Les conservateurs ont réitéré il y a quelques jours leur intention d'abolir l'aide financière publique aux partis politiques.

Cette décision les privera eux-mêmes de 11 millions de dollars par année, ce qui n'est pas négligeable.

Sans perdre le temps, les conservateurs se sont donc remis au téléphone, sollicitant des dons au Québec, dans les Cantons-de-l'Est, notamment.

Un lecteur de Saint-Denis-de-Brampton a eu la surprise, samedi, de recevoir un appel d'un collecteur de fonds qui le félicitait d'avoir voté conservateur, alors qu'il n'a même pas voté puisqu'il était à l'étranger!

Cela n'a pas démonté son interlocuteur, qui lui a demandé une contribution de 200$ pour financer une «campagne publicitaire positive» visant à contrer l'«image négative du Parti conservateur véhiculée dans les médias».

«Il m'a dit que c'était le meilleur gouvernement pour le Canada, notamment pour abolir le registre des armes à feu, mais je lui ai dit que je suis pour le registre, raconte notre lecteur. Il a continué quand même et, finalement, il m'a dit qu'une contribution de 100$ serait bien aussi...»

Pauline Marois dans la mêlée

On ne peut pas dire que les défenseurs du nouvel amphithéâtre Labeaume-Fonds publics-Quebecor contribuent beaucoup à élever le débat ces jours-ci.

Après le maire Labeaume, qui a traité de «cinglés» les fonctionnaires qui osent remettre en cause son entente avec Quebecor, la chef du PQ, Pauline Marois, demande aux opposants d'«arrêter le niaisage» et d'accepter le projet.

Selon La Presse Canadienne: «Mme Marois a fait valoir que M. Labeaume s'est fait élire sur la promesse de faire construire un nouvel amphithéâtre, dont le coût de 400 millions est assumé par la Ville de Québec et le gouvernement du Québec.»

Inexact. Lors de la campagne municipale de 2009, le fédéral devait aussi payer sa part de 175 millions...

C'est Stephen Harper qui doit rire dans sa barbe aujourd'hui, lui qui a réussi à obtenir une majorité sans avoir eu à mettre le doigt dans l'engrenage du maire Labeaume.