Ce n’était pas un mandat facile. Ni pour Guy Laliberté ni pour Adrian Wills.



En dépit de sa bonne volonté et des moyens financiers à sa disposition, le fondateur du Cirque du Soleil ne l’a pas eu facile en devenant touriste de l’espace. Barrière de langue, réticence de certains cosmonautes, contraintes de temps. Le réalisateur Adrian Wills devait, quant à lui, tourner un documentaire sur le projet de M. Laliberté sans verser dans l’hagiographie.

Ce n’est pas tout à fait réussi.



Sur un plan strictement cinématographique, M. Wills a un bon oeil et de bonnes idées. Sa caméra nous fait découvrir les installations défraîchies de StarCity, lieu d’entraînement des cosmonautes des vols de Soyouz. Elle nous renverse littéralement au moment du transport de la fusée à travers la steppe du Kazakhstan. Elle nous fait rencontrer de vieux cosmonautes attachants. Elle nous montre un Guy Laliberté devant composer avec les aléas d’une capsule spatiale exiguë. Dans l’espace, Guy Laliberté a pris la relève en filmant ses compagnons, la Terre, l’intérieur de la Station spatiale internationale (quel désordre!) et le spectaculaire retour sur le plancher des vaches.

M. Wills a aussi respecté son pari de ne pas filmer M. Laliberté toujours au mieux, ni de l’insérer dans tous ses plans. Il reste qu’il est quand même partout. Guy avec sa famille. Guy à l’école du russe. Guy essayant sa combinaison. Guy à bicyclette. Guy à Ibiza. Guy jonglant avec des nez de clown en styromousse en apesanteur.

Si au moins il y avait une certaine fluidité dans la courbe dramatique. Mais non, on assiste davantage à un rapiéçage de situations vite filmées, vite évacuées. Le tout est saupoudré de quelques rencontres avec des vedettes qui font de belles images, mais n’apportent pas grand-chose à l’ensemble. Le passage de M. Laliberté discutant en direct de l’espace avec Bono en spectacle avec sa bande en est un exemple criant.

Et que dire de la «mission poétique»! De son voyage, M. Laliberté avait rapporté d’innombrables clichés évocateurs quant à la pollution et à la sécheresse pour son livre Gaïa. Dans le film, malheureusement, cet aspect est survolé.

Même sentiment en ce qui a trait au grand spectacle tenu dans plusieurs villes en même temps que la mission. Si le cinéaste évoque le «poème spatial» de Yann Martel, il évacue complètement la controverse entre M. Laliberté et Claude Péloquin, d’abord retenu puis écarté du projet, car il voulait conserver les droits sur son œuvre.

Après avoir visionné Toucher le ciel, on redescend très vite sur Terre.

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* * 1/2


Toucher le ciel. Documentaire de Adrian Wills. Avec Guy Laliberté. 1 h 29.