La cité des doges sera dès ce mercredi le point de convergence de la planète cinéma. Le premier grand évènement de la nouvelle saison cinématographique dévoilera en primeur mondiale plusieurs des productions les plus attendues de la rentrée.

Depuis qu’elle a repris tout son lustre, la Mostra de Venise est devenue bien plus qu’un simple festival de cinéma. La plus ancienne des manifestations du genre, qui en est à sa 79e édition, donne en effet le ton d’une saison cinématographique dont l’aboutissement aura lieu le printemps prochain. C’est ici que la prochaine course aux Oscars commence à prendre forme.

L’an dernier, The Power of the Dog, de Jane Campion, a amorcé sa marche triomphale à Venise. La main de Dieu, de Paolo Sorrentino, y avait été présenté ; The Lost Daughter, de Maggie Gyllenhaal, aussi. On ne peut évidemment passer sous silence non plus la présentation mémorable de Dune à la Sala Grande du Palazzo del Cinema en primeur mondiale. Dix des vedettes de l’excellent film de Denis Villeneuve, sélectionné hors compétition, s’étaient d’ailleurs déplacées pour l’occasion. Timothée Chalamet, qui devrait être de retour cette année pour accompagner la présentation de Bones and All, de Luca Guadagnino, avait déclenché une véritable « Chalamania » sur son passage. En sera-t-il de même cette fois ?

23 films pour un Lion d’or

Vingt-trois longs métrages souhaiteront séduire le jury, présidé par l’actrice Julianne Moore, avec l’espoir de succéder à L’événement, d’Audrey Diwan, qui a remporté le prestigieux Lion d’or l’an dernier. Pas moins de quatre d’entre eux portent le label Netflix, à commencer par White Noise, le film d’ouverture. Adam Driver et Greta Gerwig sont les têtes d’affiche de ce nouveau long métrage de l’auteur new-yorkais Noah Baumbach, dont le précédent film, Marriage Story, avait aussi été lancé à la Mostra.

Les autres productions pour lesquelles le diffuseur en ligne entretient de grands espoirs sont Bardo (or False Chronicle of a Handful of Truths), le premier film qu’Alejandro González Iñárritu (Birdman, The Revenant) a tourné au Mexique, son pays d’origine, depuis Amores perros. Blonde est aussi très attendu. Réalisée par Andrew Dominik (Killing Them Softly, This Much I Know to Be True), cette adaptation de la biographie fictionnalisée de Marilyn Monroe écrite par Joyce Carol Oates met en vedette Ana de Armas.

Parmi les autres titres les plus en vue, signalons The Whale, de Darren Aronofsky (Black Swan), avec Brendan Fraser ; The Son, de Florian Zeller (The Father), avec Hugh Jackman ; TÁR, de Todd Field (In the Bedroom, Little Children), avec Cate Blanchett ; Saint Omer, d’Alice Diop (Nous), avec Kayije Kagame (que la rumeur place parmi les favoris) ; The Banshees of Inisherin, de Martin McDonagh (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri), avec Colin Farrell et Brian Gleeson ; No Bears, de Jafar Panahi (le cinéaste est toujours emprisonné en Iran) ; Les enfants des autres, de Rebecca Zlotowski (Grand Central), avec Virginie Efira ; The Eternal Daughter, de Joanna Hogg (The Souvenir), avec Tilda Swinton ; Un couple, de Frederick Wiseman (City Hall) ; et All the Beauty and the Bloodshed, long métrage documentaire de Laura Poitras (Citizenfour).

Du côté des films présentés hors compétition, les observateurs suivront de près Don’t Worry Darling, d’Olivia Wilde, avec Harry Styles et Florence Pugh ; Master Gardener, le nouveau film de Paul Schrader (à qui le festival rend hommage), avec Joel Edgerton et Sigourney Weaver ; et Dead for a Dollar, de Walter Hill, avec Christoph Waltz et Willem Dafoe.

Une première pour Salomé Villeneuve

Mis à part Un été comme ça (Denis Côté), en lice pour l’Ours d’or à la Berlinale, Falcon Lake (Charlotte Le Bon), présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, et Viking (Stéphane Lafleur), qui sera lancé au festival de Toronto dans la section compétitive Platform, les productions québécoises ont été peu nombreuses sur le circuit des grands festivals internationaux cette année. Ainsi en est-il à Venise.

Soulignons cependant la sélection, dans la section Orizzonti Extra (hors compétition), de L’origine du mal, de Sébastien Marnier (L’heure de la sortie). Mettant en vedette Laure Calamy, Suzanne Clément et Jacques Weber, ce film français est coproduit par la société québécoise micro_scope, que dirigent les producteurs Kim McCraw et Luc Déry. Philippe Brault et Pierre Lapointe en signent la trame musicale.

PHOTO FOURNIE PAR MAISON 4:3

Laure Calamy, Jacques Weber et Dominique Blanc sont, avec Suzanne Clément, les têtes d’affiche de L’origine du mal. Le film de Sébatien Marnier, coproduction franco-québécoise, a été sélectionné dans la section Orizzonti Extra.

C’est aussi dans la section officielle Orizzonti, un peu l’équivalent d’Un certain regard à Cannes, qu’a été sélectionné III, le tout premier court métrage de Salomé Villeneuve. La jeune cinéaste est évidemment ravie de cette sélection, d’autant qu’elle aura ainsi l’occasion de goûter à sa toute première expérience du genre, dans un festival qu’a fréquenté son père, Denis, à quelques reprises.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Salomé Villeneuve aura l’honneur de présenter III, son tout premier court métrage, à la 79e Mostra de Venise.

« Je ne suis jamais allée à ce festival, a-t-elle confié à La Presse avant son départ. Je n’ai cependant entendu que de belles choses, et l’idée de m’y rendre m’excite beaucoup. »

C’est une énorme surprise et un honneur incroyable, car, à ce qu’on m’en a dit, la Mostra est une magnifique célébration du cinéma. L’idée que mon film soit présenté dans ce contexte-là me touche profondément.

Salomé Villeneuve

III, drame où trois enfants – une sœur âgée de 11 ans et ses deux frères plus jeunes – expriment leur relation amour-haine presque sans dialogues, sera présenté le 8 septembre dans le cadre d’un programme consacré aux courts métrages en lice dans la section Orizzonti.

La 79e Mostra de Venise se déroule du 31 août au 10 septembre.