Quatorze ans après In Bruges, Brendan Gleeson et Colin Farrell retrouvent enfin le cinéaste Martin McDonagh (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri) pour The Banshees of Inisherin, présenté lundi en compétition officielle.

L’incompréhensible fin d’une amitié

The Banshees of Inisherin

Ces retrouvailles sont tout à fait satisfaisantes. En utilisant son talent de dialoguiste, en privilégiant un type d’humour aussi singulier qu’efficace, McDonagh explore un thème rarement exploité : la fin d’une amitié. Dans une petite île de la côte ouest de l’Irlande, où, en ces années 1920, vivent à peine une poignée d’habitants et où le sens communautaire est très important, Colm (Brendan Gleeson) annonce sans crier gare à Pádraic (Colin Farrell), qu’il connaît depuis toujours, que leur amitié n’existe plus. Incompréhension totale de ce dernier, d’autant qu’aucun incident malheureux n’est survenu, aucune parole blessante n’a été prononcée non plus. Ce film est drôle, touchant et original. Souhaitons maintenant qu’une version sous-titrée soit offerte au public québécois lors de la sortie du film chez nous au mois d’octobre…

Les multiples facettes du deuil

Love Life

PHOTO FOURNIE PAR LA MOSTRA DE VENISE

Scène tirée de Love Life, de Kôji Fukada

Reconnu pour avoir remporté le prix Un certain regard au Festival de Cannes en 2016 (grâce à Harmonium), Kôji Fukada lance cette année un drame intitulé Love Life, en lice pour le Lion d’or à Venise. En fait, le cinéaste japonais ne propose pas tant une chronique familiale, mais plus un portrait de deux individus ayant à vivre un deuil. Et qui le font de façon complètement différente. Après un accident tragique survenu dans le minuscule appartement qu’elle partage avec ses parents, Taeko (Fumino Kimura) voit resurgir dans sa vie le père de son enfant, disparu depuis la naissance, il y a maintenant plusieurs années. D’origine coréenne, sans le sou, et ne pouvant communiquer que par le langage des signes, ce dernier voit son ancienne femme s’investir auprès de lui comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. L’approche est très classique et le niveau du jeu d’ensemble est parfois inégal, mais Love Life réserve néanmoins quelques beaux moments.