Tendre un miroir au monde, c’est ce que font les Rencontres internationales du documentaire de Montréal depuis 25 ans. Ce pan d’histoire sera notamment souligné par des discussions entre cinéastes de différentes générations et cette édition anniversaire, tenue du 17 au 27 novembre, célébrera aussi les 35 ans du collectif féministe Vidéo Femmes.

Sur papier, les prochaines Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) ont l’air d’une édition comme les autres : plus de 130 films en provenance de près de 50 pays occuperont des écrans disséminés dans 5 cinémas du centre-ville. L’objectif : offrir « un reflet de l’état du monde ». Mais en 2022, avec la pandémie qui perd de la vigueur, l’organisation entend souligner ses 25 ans d’existence en mettant l’accent sur ces rencontres inscrites dans son nom.

La série Doc-à-doc fait partie de ce volet qui misera sur les échanges devant public. Les RIDM ont invité cinq cinéastes d’ici qui présentent un film récent cette année à programmer une œuvre documentaire qui a eu une influence sur leur démarche. En plus de venir présenter leur choix, ils discuteront avec le ou les auteurs du documentaire qu’ils auront sélectionné.

« C’est vraiment un dialogue intergénérationnel », dit Marc Gauthier, directeur général des RIDM.

Simon Plouffe, Zaynê Akyol, Dominique Chaumont, Carlos Ferrand et Sofia Brockenshire font partie des « cinéastes programmateurs » et Andrea Bussmann, Sylvain L’Espérance, Marie-Claude Loiselle, Jean-François Caissy, François Jacob et Robert Morin sont les « inspirateurs ».

En plus d’un accent mis sur le Brésil, les RIDM souligneront les presque 50 ans de Vidéo Femmes en présentant une sélection de films réalisés au cours des 15 premières années d’existence du collectif féministe. « C’est vraiment une rétrospective d’œuvres marquantes », précise Marc Gauthier. Une nef… et ses sorcières de Hélène Roy, On fait toutes du show-business de Nicole Giguère et Le sida au féminin de Lise Bonenfant figurent parmi les œuvres tirées du catalogue (plus de 400 titres) de Vidéo Femmes.

Déconstruire le regard

Les RIDM s’ouvriront le 17 novembre avec la projection de Rewind & Play d’Alain Gomis, un film « assez génial », selon Marc Gauthier, qui raconte l’envers du tournage, en 1969, d’une émission de télévision française consacrée au pianiste jazz Thelonius Monk. « Le film montre que ce qui se passe sur un plateau et ce qui est montré à l’écran, ça peut être deux réalités, deux univers complètement différents », précise-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

Image tirée du film Rewind & Play, d’Alain Gomis

L’émission consacrée à Monk a duré 30 minutes. Or, c’est environ 2 h 30 min de bandes qu’Alain Gomis a découvertes et utilisées pour son film qui montre, selon lui, le point de vue de Monk. Son calme et sa gentillesse devant les questions maladroites de l’intervieweur, ainsi que les préjugés et la méconnaissance qu’elles sous-entendaient.

Marc Gauthier va plus loin : « C’est vraiment un regard colonialiste, dit-il. Ça ouvre les yeux sur la façon dont une personne noire américaine comme Monk pouvait être vue par une autre personne qu’on peut juger assez hautaine. »

Plusieurs autres films aborderont les relations entre les peuples ou les combats de différentes communautés, dont Anhell69 de Theo Montoya (jeunesse queer colombienne), qui fait partie de la compétition officielle avec entre autres One Take Grace (Lindiwe Matshikiza), Way Out Ahead of Us (Rob Rice), 5 Dreamers and a Horse (Vahagn Khachatryan et Aren Malakyan), Eami (Paz Encina) et Dry Ground Burning (Joana Pimenta et Adirley Queiros).

Le film J’ai placé ma mère de Denys Desjardins fait quant à lui partie de la compétition nationale consacrée aux longs métrages auprès de Rojek de Zaynê Akyol, Concrete Valley d’Antoine Bourges, The Dependants de Sofia Brockenshire, My Two Voices de Lina Rodriguez, Self-Portrait de Joëlle Walinga et Geographies of Solitude de Jacquelyn Mills.

Consultez le site des RIDM