La glace est un élément d’une grande beauté. Elle peut prendre des formes et des teintes variées, elle peut inspirer les artistes, elle est au cœur de la culture inuite. Mais elle est aussi essentielle à la vie sur la planète. C’est ce qu’illustre Mondes de glace, un film aux confins de l’art et de la science qui prend l’affiche au Planétarium Rio Tinto Alcan dès mercredi.

Le réalisateur Philippe Baylaucq a choisi la glace comme sujet « un peu par hasard » en 2018, sachant simplement qu’il s’agissait d’un enjeu dans toute la problématique des changements climatiques.

Une année complète de recherches et de discussions avec des scientifiques lui ont permis de constater qu’il s’agissait d’« un des matériaux les plus étranges et les plus étonnants sur la planète ».

« La glace existe ailleurs dans le système solaire et le cosmos, mais en général, elle est dans une forme hyper gelée, dure comme du gravier, explique-t-il à La Presse en marge de la présentation de Mondes de glace. Sur la planète Terre, elle oscille entre être et ne pas être, elle est toujours sur le point de fondre. »

PHOTO FOURNIE PAR L’ONF

Des grimpeurs de glace dans le film Mondes de glace

Selon lui, la glace devient ainsi une métaphore de la vie et de l’humanité : « fragile, multiforme et belle ».

Le film, produit par l’Office national du film en collaboration avec le Planétarium, explore l’origine de la glace et son rôle dans la préservation de la vie. C’est ainsi que la glace reflète quelque chose comme 60 % des radiations du soleil, et même jusqu’à 90 % lorsqu’elle est couverte de neige.

« Qui dit radiations dit chaleur, rappelle M. Baylaucq. Lorsque la glace fond, la portion de l’océan qui absorbe la chaleur augmente, l’océan devient plus chaud, la glace fond davantage. On est dans un cercle vicieux qu’on ne peut plus contrôler. »

Un tournage ardu

Le tournage de Mondes de glace a été particulièrement complexe.

« Au bout d’une année de recherche, j’ai commencé à planifier les tournages dans le Grand Nord et au Yukon, raconte Philippe Baylaucq. Deux semaines après, la COVID-19 est arrivée. Le projet a complètement viré de bord, il a fallu que je trouve un plan B. »

Il a formé des gens à distance au Yukon et dans le Grand Nord, il leur a envoyé des caméras 360 degrés.

Son équipe et lui ont créé un « laboratoire de glace » dans un entrepôt de l’entreprise de fabrication de glaçons Arctic Glacier, dans Pointe-Saint-Charles, en été, alors qu’il faisait 30 degrés à l’extérieur.

« On a eu froid pendant 13 jours de tournage, avec des kodaks qui ne voulaient pas toujours suivre. Ce n’était pas comme aller dans le Grand Nord, mais presque. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La narratrice de Mondes de glace, Beatrice Deer, et le réalisateur Philippe Baylaucq

Le tournage en hiver a aussi été compliqué, avec une saison anormalement chaude.

« Je ramenais de la glace de Charlevoix, je la gardais dans ma cour, se rappelle le réalisateur. On avait trois jours à 5 degrés, je perdais ma glace. J’ai dû aller voir mon épicier pour lui demander s’il pouvait garder ma glace. Ç’a été de courir après le froid. La métaphore, elle est là : si on perd la glace, on est perdu. »

La pandémie n’a pas aidé. La production a réussi à mettre la main sur deux patineurs artistiques qui pouvaient patiner ensemble, Nikolaj Soerensen et Laurence Fournier-Beaudry, parce qu’ils formaient un couple dans la vie et qu’ils pouvaient ainsi se conformer aux règles de l’époque. Dans Mondes de glace, on peut les voir évoluer derrière une cloison de glace.

D’ailleurs, une revue de tournage (making of) permet de constater la grande créativité qui a caractérisé le tournage.

Mondes de glace accorde une grande place aux aspects scientifiques liés à la glace tout en mettant l’accent sur sa beauté : les images sont souvent magnifiques.

La culture inuite a aussi sa place : on a choisi l’artiste inuite Beatrice Deer pour faire la narration de Mondes de glace. « J’ai toujours été fascinée par la beauté de la glace et des flocons de neige, déclare-t-elle en marge de la présentation. Mais le fait d’apprendre les processus scientifiques qui entourent la glace me la rend encore plus magique. »

Elle a notamment été frappée par l’importance de la glace pour le maintien de la vie. « Il n’y aurait pas de vie s’il y avait trop de glace, ou s’il y en avait trop peu, affirme-t-elle. C’est un équilibre délicat. Nous sommes à un tournant crucial. C’est ce que j’ai appris. »

Consultez l’horaire des présentations Voyez la revue du tournage