Monster, de Hirokazu Kore-eda

Les multiples facettes d’une même vérité

À tout seigneur, tout honneur, la compétition officielle a été lancée mercredi par l’un des cinq anciens lauréats de la Palme d’or de nouveau en lice cette année pour la prestigieuse récompense. Lauréat en 2018 grâce à Une affaire de famille, Hirokazu Kore-eda s’est aussi retrouvé au palmarès l’an dernier quand Song Kang-ho, vedette de son film Les bonnes étoiles, a obtenu le prix d’interprétation. Reconnu en outre pour la façon sensible dont il sait dépeindre l’enfance (Nobody Knows, Tel père, tel fils), le cinéaste japonais propose une nouvelle variation de ce thème à travers le parcours d’un préadolescent dont le comportement se met à changer, soulevant l’inquiétude de sa mère. Se distinguant également grâce à l’ultime partition musicale du regretté Ryuichi Sakamoto, Monster distille un récit à la Rashomon. Demandant des explications à la direction de l’école où enseigne le jeune professeur ayant prétendument frappé son fils, une femme fait finalement face à une situation beaucoup moins claire qu’elle ne semblait l’être au départ. Encore une fois, Hirokazu Kore-eda tire des performances exceptionnelles de ses jeunes interprètes.

PHOTO EMMYLOU MAI, FOURNIE PAR LE PACTE

Scène tirée de Le retour. Ce film de Carherine Corsini est en lice pour la Palme d’or.

Le retour, de Catherine Corsini

De belle tenue, mais rien de bien distinctif

On a beaucoup parlé de la polémique entourant le nouveau film de Catherine Corsini, moins du propos comme tel. Après Un amour impossible et La fracture, la cinéaste se tourne vers un récit initiatique construit autour d’un secret de famille. Quand on rencontre Khédidja (Aïssatou Diallo Sagna), elle est entourée de ses deux fillettes, prête à monter sur le traversier quittant la Corse, qu’une mauvaise nouvelle reçue au téléphone vient bouleverser. Quinze ans plus tard, Khédidja revient en Corse avec ses deux adolescentes, embauchées par une riche famille parisienne pour s’occuper des enfants pendant un été dans l’île de Beauté. À partir de ce point de départ, Catherine Corsini s’intéresse surtout aux histoires des deux adolescentes – aux tempéraments très différents – qui commencent à vivre leur vie de jeune adulte. Découverte de son orientation sexuelle pour l’une, connivence avec de petits dealers pour l’autre, les deux jeunes femmes seront aussi confrontées à un passé qu’on leur a caché. Avec son approche directe habituelle (aucune complaisance dans les scènes de nature sexuelle, cela dit), Catherine Corsini propose un film de belle tenue, qui a cependant du mal à se démarquer dans un genre déjà très fréquenté. Le retour est en lice pour la Palme d’or.