Chaque jour, La Presse présente des films vus sur la Croisette.

May December, de Todd Haynes

La rencontre au sommet de deux grandes actrices

Six ans après le décevant Wonderstruck, Todd Haynes est de retour en compétition avec May December, un film qu’on pourrait inscrire du côté de Far from Heaven et de Carol sur le plan du style, et aussi de Safe dans sa façon d’assumer ces moments de malaise, parfois incongrus. Le ton est donné dès le départ lorsque, dans une belle maison bien vivante de la région de Savannah, une caméra effectue un zoom sur la maîtresse de maison (Julianne Moore), accompagnée d’un effet musical dramatique, parce que cette dernière pense, en ouvrant le frigo, ne pas avoir assez de hot-dogs pour tout le monde. On apprendra très vite que cette femme a fait les manchettes il y a 20 ans à cause d’une histoire avec un mineur, devenu aujourd’hui son conjoint (Charles Melton), et que leur histoire fait maintenant l’objet d’un film. La famille attend d’ailleurs la visite d’une grande actrice (Natalie Portman), venue « étudier » la femme qu’elle doit incarner à l’écran. Avec un ton très particulier, parsemé d’un humour très second degré, Todd Haynes propose un portrait divertissant, mené par deux actrices remarquables.

Banel e Adana, de Ramata-Toulaye Sy

PHOTO FOURNIE PAR TANDEM FILMS

Image tirée de Banel e Adama. Le film de Ramata-Toulaye Sy est en lice pour la Palme d’or.

Une poésie visuelle venue d’Afrique

Banel est une adolescente au sourire lumineux, très amoureuse de son jeune mari, âgé de 19 ans, Adama. Nous sommes dans un village reculé du Sénégal, où la volonté de vivre une relation amoureuse de façon indépendante se bute à de multiples contraintes, la première étant qu’Adama, par ses liens du sang, est d’ores et déjà appelé à devenir le chef du village, fonction qu’il ne compte pas assumer. Avec ce premier long métrage, le seul de la compétition officielle, la réalisatrice Ramata-Toulaye Sy offre un film évocateur, qui fait écho au choc entre modernité et traditions. Au fil des scènes d’une grande poésie visuelle (cette maison enfouie sous une montagne de sable que le couple déterre jour après jour dans le but de pouvoir l’habiter un jour), la cinéaste parvient à faire écho à l’état d’esprit d’une société en pleine mutation. Il est à noter que le Festival a sélectionné cette année plusieurs œuvres venues d’Afrique, dont deux sont en lice pour la Palme d’or.