(Emeryville, États-Unis) « Les fenêtres extérieures du bâtiment renvoient notre réflexion. Lorsqu’on ouvre la porte, c’est comme si on entrait par un miroir dans un monde de créativité. »

Le bâtiment en question, le principal du campus de Pixar, porte le nom de Steve Jobs, qui a été à la tête des studios d’animation californiens de 1986 à 2006.

Jeanette Marker, une employée de longue date qui est actuellement assistante à la production d’Inside Out 2, nous fait visiter les lieux peuplés de personnages, tels Woody, Buzz, Mike, Sully et Edna. Tout au long de notre promenade, elle rappelle l’impact du cofondateur d’Apple dans la création des locaux de Pixar.

PHOTO PASCAL LEBLANC, LA PRESSE

L’entrée du campus des studios Pixar

Puisqu’il s’agit d’un environnement de travail, il n’est pas ouvert au public. La Presse a cependant eu la chance de le parcourir à l’occasion d’un évènement médiatique pour la sortie du film Elemental, en salle depuis le 16 juin.

« Nous avons emménagé en novembre 2000 après quatre ans de chantier », précise notre guide.

La construction et le cinéma sont très semblables, lorsqu’on y pense. Pour moi, ce bâtiment est le “film” de Steve Jobs, car c’est lui qu’il l’a réalisé. Son empreinte est partout !

Jeanette Marker, employée de longue date de Pixar

  • Buzz Lightyear et Woody, des films Toy Story, en blocs Lego

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    Buzz Lightyear et Woody, des films Toy Story, en blocs Lego

  • Mike Wazowski et James P. Sullivan, des films Monsters

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    Mike Wazowski et James P. Sullivan, des films Monsters

  • Heimlich, du film A Bug’s Life

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    Heimlich, du film A Bug’s Life

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L’inventeur visionnaire a acheté Pixar de George Lucas, en 1986, après avoir quitté Apple – il y retournera en 1997. Le petit studio existait depuis quelques années et se spécialisait dans les effets spéciaux, mais avait toujours l’ambition de produire des films d’animation. Après quelques courts métrages révolutionnaires – dont Luxo Jr., avec en vedette les lampes et le ballon devenus emblématiques –, le succès de Toy Story en 1995 a donné les moyens à Pixar de réaliser ses rêves.

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Luigi et Guido, des films Cars

Des bâtiments réfléchis

Steve Jobs voulait que les nouveaux bureaux de Pixar, à Emeryville, permettent deux choses : « que les employés puissent être inspirés par le monde extérieur ainsi que par les gens avec qui ils travaillent ».

De nombreux choix architecturaux ont été faits afin de réaliser sa vision entrepreneuriale. « Pour ne jamais oublier la vie dehors, la façade du bâtiment principal est entièrement fenestrée. De plus, le chemin de briques à l’extérieur se poursuit à l’intérieur avant de devenir un plancher de bois. L’atrium, qui prend presque tout le rez-de-chaussée, se veut comme une place publique [town square] qui rassemble la cafétéria, les toilettes, le café, l’espace déjeuner, la boutique de souvenirs et le cinéma, énumère Jeanette Marker. C’est très facile de rester entre les quatre murs de son bureau lorsqu’on fait de l’animation par ordinateur. On fait des films qui racontent l’expérience humaine, alors il faut la vivre pour bien le faire. »

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L’atrium du bâtiment principal

Steve Jobs tenait tellement à ce que ses employés se croisent et discutent le plus souvent possible qu’il avait suggéré au départ qu’une seule toilette soit aménagée dans tout le bâtiment. « Peu de gens disaient non à Steve Jobs, mais assez l’ont fait pour nous assurer d’avoir suffisamment de toilettes », dit en rigolant Jeanette Marker.

Une gare de train parisienne – le bâtiment principal est séparé en deux, comme des quais – et la ville de New York ont aussi inspiré Steve Jobs dans l’élaboration du campus de Pixar. « Nous sommes situés avenue Park et les bureaux sont organisés en quadrilatère. Les autres bâtiments sont nommés selon des quartiers new-yorkais : Brooklyn, West Village, Soho, Uptown et Ellis Island », indique notre guide. Ceux-ci abritent diverses divisions de l’entreprise : équipes de développement, studios d’enregistrement, archives et gymnase. Une piscine ainsi que des terrains de soccer, de basketball et de volleyball de plage sont aussi à la disposition des employés.

  • La famille Parr, des films The Incredibles

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    La famille Parr, des films The Incredibles

  • Edna, des films The Incredibles

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    Edna, des films The Incredibles

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En plus des adorables personnages cachés un peu partout, les lieux sont décorés de magnifiques dessins de production, de nombreuses œuvres d’art et de 11 Oscars – ceux remportés pour le film d’animation de l’année. Plantes, arbres et autres végétaux verdissent la propriété et fournissent des produits frais au menu des cafétérias. Dernier truc extraordinaire que nous avons vu : l’une des premières télévisions 3D qui ne requièrent pas de lunettes au monde !

Travailler chez Pixar

Peter Sohn, réalisateur d’Elemental, est employé de Pixar depuis une vingtaine d’années. Il a commencé au sein de l’équipe de scénarimage (storyboard) de Finding Nemo. Il a occupé le même rôle pour quelques autres films en plus de prêter sa voix à des personnages secondaires, dont Emile, de Ratatouille, avant d’écrire et de réaliser un premier court métrage, Partly Cloudy, puis de faire de même pour The Good Dinosaur.

PHOTO VALÉRIE MACON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le réalisateur d’Elemental, Peter Sohn

Lors de notre séjour en Californie, nous lui avons demandé comment une personne peut occuper autant de postes différents dans la même entreprise.

Il y a beaucoup de chance, mais plus fort que tout est notre but commun de faire le meilleur film possible. Peu importe le titre de l’employé, tous peuvent donner des idées. Cette mentalité permet aux gens de bouger un peu partout.

Peter Sohn, réalisateur d’Elemental, à propos de Pixar

Bob Peterson, qui a écrit et réalisé le court métrage qui précède Elemental, Carl’s Date, travaille chez Pixar depuis 1994. Il a commencé dans l’ancienne division consacrée aux publicités télé avant de rejoindre le groupe d’animateurs de Toy Story. Lui aussi a contribué au scénarimage de quelques films et a donné sa voix à des personnages, dont Roz, de Monsters, Inc. Il a aussi participé à l’écriture de Finding Nemo et de Up, qu’il a coréalisé. Nous l’avons également rencontré à Emeryville.

PHOTO ALBERTO E. RODRIGUEZ, FOURNIE PAR DISNEY

Le réalisateur et la productrice du court métrage Carl’s Date, Bob Peterson et Kim Collins

« Chez Pixar, chaque projet mène à un autre. Si tu fais partie de l’équipe de développement de l’histoire, tu ne dessines pas seulement des scénarinages, tu présentes tes idées. Je crois que participer à la création de l’histoire est la meilleure façon de passer à la scénarisation ou à la réalisation, estime Bob Peterson. Aujourd’hui, les gens sont davantage spécialisés et ne portent qu’un seul chapeau. Dans les années 1980, mes chapeaux allaient jusqu’au ciel, car je devais modéliser les objets, les animer, écrire l’histoire et tout le reste. Pixar m’a permis de continuer à faire de tout et le permet encore. »

Les frais de déplacement et d’hébergement ont été payés par Disney, qui n’a exercé aucun droit de regard sur le contenu de ce reportage.

Les plus grands succès de Pixar (box-office mondial)

1. The Incredibles 2 (2018) 1,243 milliard US (22e de tous les temps)

2. Toy Story 4 (2019) 1,073 milliard US (38e)

3. Toy Story 3 (2010) 1,067 milliard US (39e)

4. Finding Dory (2016) 1,029 milliard US (45e)

5. Finding Nemo (2003) 942 millions US (64e)

6. Inside Out (2015) 859 millions US (86e)

7. Coco (2017) 814 millions US (96e)

8. Monsters University (2013) 744 millions US (127e)

9. Up (2009) 735 millions US (129e)

10. The Incredibles (2004) 632 millions US (164e)

Source : Box Office Mojo