(San Diego) Le Comic-Con de San Diego, plus gros festival au monde consacré à la culture pop, revient aux sources pour cette nouvelle édition marquée par l’absence de vedettes en raison d’une grève historique à Hollywood.

Le rassemblement géant en Californie, qui se tient de jeudi à samedi, fait souvent les gros titres et le bonheur de milliers de fans qui n’hésitent pas à faire la queue pendant plusieurs jours pour voir les plus grandes vedettes du cinéma.

Mais pour certains fans présents, l’absence des vedettes représente presque une aubaine, puisqu’elle permet de recentrer l’évènement sur les costumes et les bandes dessinées, la raison d’être originale du Comic-Con.

« Honnêtement, je me réjouis davantage à l’idée du “cosplay” », le fait de se déguiser en un personnage de fiction, explique Janelle Hinesley, 32 ans, venue au Comic-Con avec un costume d’Astrid, du film d’animation Dragons.

Chris Gore, propriétaire du site web « Film Threat » et réalisateur du documentaire Attack of the Doc !, est convaincu de son côté que le Comic-Con va « revenir à ses racines qui célèbrent l’art de la bande dessinée ».

« Je suis probablement plus excité par cette édition que n’importe quelle autre dans le passé », ajoute-t-il.

Programme « clairsemé »

L’évènement, devenu le plus grand rassemblement de la culture pop en Amérique du Nord, attire chaque année quelque 130 000 visiteurs.

Mais cette édition est marquée par la grève des acteurs qui ont rejoint vendredi dernier les scénaristes dans leur mouvement social et provoqué la pire paralysie du secteur depuis plus de 60 ans.

Les deux corps de métier réclament une revalorisation de leur rémunération, en berne à l’ère du streaming, et souhaitent obtenir des garanties concernant l’usage de l’intelligence artificielle (IA), pour interdire à cette dernière de générer des scripts ou de cloner leurs voix et image.

Résultat à San Diego : les acteurs n’assurent pas la promotion des films et émissions.

Et l’atmosphère dans le fameux « Hall H », qui héberge habituellement les conférences où les vedettes font la promotion de leur film devant des milliers de fans, était bien plus détendue que d’habitude.

Le hall accueillera cette fois son premier panel de films indiens, un lancement géant pour un nouveau jeu vidéo de « Spider-Man », et différents films d’animation dont le nouveau Ninja Turtles.

« Je regarde le programme du Hall H en particulier, et il est clairsemé », regrette James Witham, animateur du « Down & Nerdy Podcast ».

Tony Ring-Dowell, un fan venu déguisé en Ken en amont de la sortie du film Barbie, s’est joint à la file de près d’une demi-heure pour accéder à la présentation du nouveau jeu vidéo Spider-Man, et se dit heureux que ce genre dispose de « plus de visibilité » cette année.

« Les célébrités ? Je ressens pas le besoin de les voir en personne », dit-il.

Incertitude

La première édition du Comic-Con, imaginé par un collectionneur de BD au chômage de 36 ans et ses cinq amis adolescents, avait rassemblé 100 personnes dans le sous-sol d’un hôtel miteux en 1970.

Le « Golden State Comic-Con », comme on l’appelait, a d’abord été imaginé comme un moyen de mettre en relation les fans entre eux et de leur permettre de rencontrer leurs héros, les créateurs de BD.

Des conférences, séminaires et séances de dédicaces se tiennent également pendant le festival.

Cette année, l’incertitude sur la programmation a donné des nœuds aux cerveaux des organisateurs.  

Les discussions entre les acteurs d’Hollywood et les studios se sont déroulées jusqu’au bout la semaine dernière, ne donnant au Comic-Con que quelques jours pour s’adapter après le déclenchement de la grève.

« Nous aurions souhaité qu’une solution ait été trouvée avant », reconnaît le directeur marketing du Comic-Con, David Glanzer.

« Il va y avoir une certaine déception avec cette absence d’Hollywood », concède James Witham du « Down & Nerdy Podcast », puisque certains fans ont dépensé des milliers de dollars en voyage, hôtels et billets vendus il y a plusieurs mois, dans l’espoir de faire un égoportrait ou un direct avec certains des plus grands noms d’Hollywood.  

Mais « peut-être que cette année sera celle où quelqu’un qui était venu pour Hollywood se dira : “Si je ne peux pas voir le [film] Marvel, il y a la BD Marvel, et peut-être que j’irai voir de ce côté-là” », veut-il croire.