Présenté en grande première mondiale dimanche soir au Festival international du film de Toronto (TIFF), le nouveau film de Sophie Dupuis a ravi le public et les gens du milieu cinématographique. Alors que les vedettes hollywoodiennes sont absentes des tapis rouges dans la Ville Reine cette année en raison de la grève des acteurs et scénaristes américains, les artistes d’ici ont décidément la cote au TIFF.

On se serait cru au Met Gala, dimanche soir au Roy Thomson Hall, tellement le tapis rouge débordait de personnes aux tenues extravagantes. Le Tout-Toronto queer et non binaire s’était donné rendez-vous pour assister au gala de la première de SOLO, de Sophie Dupuis, avec Théodore Pellerin, qui incarne Simon, un artiste drag, dont la brillante carrière sera plombée par une grave crise existentielle.

Visiblement emballé par SOLO, Cameron Bailey, le directeur du Festival de Toronto, a fait monter sur scène la réalisatrice et quelques membres de la distribution avant la projection. Bailey s’est réjoui du caractère flamboyant du film de Dupuis, dont l’histoire s’inspire de la scène drag montréalaise. En ajoutant qu’il a toute sa place dans la programmation – le long métrage est éligible au vote pour le Prix du public, le TIFF People’s Choice Award, remis à la fin du festival.

Entourée de six interprètes de SOLO – Théodore Pellerin, Félix Maritaud, Alice Moreault, Vlad Alexis, Jean Marchand et Tommy Joubert –, Sophie Dupuis a ensuite participé à une discussion après la projection. Elle flottait sur un nuage, si ravie par le déroulement de la projection qu’elle cherchait ses mots en anglais au début. La réalisatrice et scénariste a expliqué au public torontois que SOLO raconte deux, voire trois histoires dans un seul film : l’univers drag, les liens de Simon avec sa famille et ses amours impossibles.

PHOTO ARTHUR MOLA, FOURNIE PAR AXIA FILMS

La réalisatrice Sophie Dupuis a présenté SOLO au TIFF dimanche soir.

En écrivant mon scénario [qui a eu plusieurs versions], j’ai eu envie de montrer les mécanismes d’une relation toxique. Pourquoi un être se laisse-t-il détruire par quelqu’un d’autre ? Qu’est-ce qui fait que Simon reste avec son amoureux même s’il souffre ? Qu’il ne voit pas ce qui lui arrive ?

Sophie Dupuis, réalisatrice de SOLO

« Il n’y a pas de réponses claires, a poursuivi la cinéaste de Chien de garde. Car ce sont des relations d’ambivalence : Simon ne sait pas sur quel pied danser. Il est manipulé, mis sur un piédestal, puis rejeté pour mieux chuter ensuite. C’est toujours ambigu, ce genre de relations. »

Le tourbillon de la vie de nuit

Dans SOLO, Simon est une étoile montante de la scène artistique drag. Lorsqu’il rencontre Olivier (Félix Maritaud), la nouvelle recrue du bar où il se produit, c’est le coup de foudre. Mais leur histoire d’amour se changera vite en une dynamique destructrice. En parallèle à son couple toxique, Simon vit une relation douce-amère avec sa mère (Anne-Marie Cadieux), célèbre chanteuse d’opéra qui travaille à l’étranger, et qu’il ne voit plus.

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Théodore Pellerin dans SOLO

Juxtaposant les performances électrisantes de lip sync, de musique et de danse (les numéros sont chorégraphiés par Gérard Reyes) aux moments d’intimité entre Simon et ses proches, la réalisatrice a visiblement eu envie de montrer l’humanité des drags ; des êtres vulnérables malgré leur aplomb sur scène. D’ailleurs, la dépendance de Simon (et ses complices au bar) à l’alcool et aux paradis artificiels est le reflet d’un mal de vivre.

SOLO, c’est aussi la démonstration de l’immense talent de Théodore Pellerin. Ce dernier crève l’écran. Il a d’ailleurs été chaudement applaudi dimanche soir au Roy Thomson Hall. L’acteur joue habilement les deux facettes de Simon. C’est une (très) grande performance. Le jeu de l’acteur est habité par une sensibilité, une vérité et un monde intérieur.

SOLO prend l’affiche le 15 septembre. Le 48Festival international du film de Toronto a lieu jusqu’au 17 septembre.

À ne pas manquer en écran 13 : les photos du tapis rouge de la première montréalaise de SOLO au Cinéma Impérial lundi soir