(Varsovie) Le premier ministre et le chef du parti au pouvoir en Pologne ont violemment critiqué mercredi le film de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland Green Border, qui a reçu le prix du jury à la Mostra de Venise.

Le film, dont la première polonaise est prévue le 22 septembre, porte sur la condition des migrants, originaires d’Asie et du Moyen-Orient, cherchant à entrer illégalement en Pologne depuis la Biélorussie et souvent repoussés par les gardes-frontières polonais, secondés par l’armée.

Le chef du parti nationaliste Droit et Justice Jaroslaw Kaczynski a dénoncé un « pamphlet honteux et dégoûtant qui participe à ce qu’on pourrait définir comme l’industrie du mépris de la Pologne », lors d’une réunion de son parti à Wroclaw, a rapporté l’agence PAP.

Le but de ce film est « d’insulter l’uniforme polonais, d’insulter les Polonais, de présenter la défense honnête de la frontière polonaise, la frontière de l’UE, comme un crime », a ajouté M. Kaczynski.

Le premier ministre Mateusz Morawiecki a jugé de son côté que ce film « annonce de facto le démontage du mur à la frontière de la Biélorussie », une imposante clôture en acier érigée par le gouvernement actuel pour freiner l’immigration illégale.

Les ministres de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice, réunis mercredi au sein du comité de sécurité nationale et de défense, ont de leur côté adopté une résolution de « défense de la réputation des soldats des forces armées et d’autres services qui veillent quotidiennement à la sécurité des frontières ».

Cette résolution « prend toute son importance dans le contexte de la présentation du film d’Agnieszka Holland. Film qui attaque l’honneur et la réputation de la Pologne, des soldats de l’armée polonaise, des gardes-frontières et des policiers polonais », a dit le ministre de la Défense Mariusz Blaszczak lors d’une conférence de presse.

La question migratoire est l’un des principaux thèmes de la campagne électorale en vue des législatives polonaises du 15 octobre, le parti au pouvoir mettant en avant sa politique anti-immigration, alors que l’opposition l’accuse de favoriser en fait l’entrée de nombreux migrants en leur délivrant des milliers de visas.