(Toronto) La danseuse devenue actrice Neve Campbell espère que son documentaire sur le Ballet national du Canada mettra en lumière certains des aspects les moins glorieux du monde de la danse qui exigent un changement.

Campbell dit que c’est l’une des raisons pour lesquelles elle a accepté de produire le film Swan Song, qui retrace la production du Lac des Cygnes imaginée par la danseuse principale devenue directrice artistique, Karen Kain.

Réalisé par Chelsea McMullan, le long métrage comprend des entretiens avec de jeunes danseurs qui abordent les problèmes de santé mentale, le racisme, le classisme et les rivalités qui animent la profession. Il est présenté dès vendredi, après sa première au Festival international du film de Toronto (TIFF).

Le film est centré sur Kain, qui raconte sa brillante carrière internationale qui comprend un partenariat célèbre avec la grande vedette russe Rudolf Noureev et culmine avec sa vision plus moderne du Lac des Cygnes.

Les caméras suivent Kain alors que le Ballet national du Canada tente de se remettre d’un arrêt provoqué par la pandémie avec un engagement renouvelé pour favoriser la diversité parmi ses rangs et son public.

Besoin de changement

Campbell reconnaît les efforts similaires en cours dans d’autres compagnies et dit qu’elle espère que le film pourra stimuler les conversations dans un domaine qui récompense historiquement la tradition, la conformité et le respect.

« Il aborde le racisme qui existe dans le monde du ballet, le besoin de diversité, le besoin de changement dans la danse et le fait que toute forme d’art doit évoluer et se développer », a expliqué Campbell, qui a été formée à l’École nationale de ballet du Canada avant de jouer dans la série télévisée Party of Five et la franchise cinématographique Scream.

« Ce que j’aime dans cette histoire, c’est qu’on voit des danseurs qui réussissent très bien, on voit des danseurs qui ont de la difficulté et on voit des gens faire mieux qu’eux – l’élément compétitif de cela, ce que ça fait spirituellement, émotionnellement, ce qu’on a à surmonter si on veut continuer à le faire parce qu’on aime cette forme d’art », a-t-elle soutenu.

« Ça, j’ai pu beaucoup comprendre ça. »

Des moments difficiles

PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Neve Campbell (à adroite) a accepté de produire le film Swan Song, qui retrace la production du Lac des Cygnes imaginée par la danseuse principale devenue directrice artistique, Karen Kain (à gauche).

Karen Kain parle également des problèmes de santé mentale au cours de sa propre carrière, qui ont explosé après avoir rejoint la troupe en 1969 – elle a été promue danseuse principale en 1971 et a rapidement acquis une renommée internationale.

Au cours d’une série d’entretiens au TIFF aux côtés de Campbell, Kain s’est décrite comme une « chanceuse » et comme quelqu’un qui a bénéficié de sympathisants qui ont fait « tout leur possible pour créer des possibilités » pour elle.

« Le Ballet national m’a juste laissé voler. »

Mais le succès n’a pas été sans coût.

« Être si connue si jeune a été très difficile pour moi, parce que beaucoup de gens autour de moi que je pensais être mes amis n’étaient pas si amicaux avec moi. Et cela m’a fait du mal. »

Parmi les danseurs présentés dans le documentaire, on retrouve Jurgita Dronina, la vedette du Lac des Cygnes, qui cache une blessure débilitante ; Shaelynn Estrada, membre de la troupe qui raconte qu’elle nettoyait des studios de danse lorsqu’elle était enfant pour aider à couvrir le coût des cours ; et Tene Ward, une danseuse d’origine sri lankaise, afro-américaine et cherokee qui parle de sa lutte contre le syndrome de l’imposteur.

La passion de la danse

Bien sûr, il n’y a pas que des épreuves et des tribulations.

Karen Kain et les danseurs parlent également de passion et d’amour pour la carrière qu’ils ont choisie et des sacrifices qu’ils sont prêts à faire pour leur art. Campbell, qui a interprété une danseuse dans le long métrage The Company en 2003, a attribué à sa formation de ballet son succès ultérieur en tant qu’actrice.

« Raconter une histoire est magique. Et je suis heureuse d’avoir trouvé une autre façon de le faire », a-t-elle soutenu.

« Les danseurs sont des athlètes extraordinaires, des artistes extraordinaires et je suis heureuse que le monde en soit davantage témoin. »