Dans le monde du film d’aventures, une sélection au Festival du film de montagne de Banff équivaut à peu près à une nomination aux Oscars. Cette année, pas moins de quatre films québécois sont sélectionnés pour la compétition officielle, une performance exceptionnelle.

Nicolas Bellavance a notamment eu la surprise de voir le festival retenir deux de ses réalisations, The Balkans Mirage – A Journey on Wheels et Le Toit de Ben. Le premier, un court métrage de 11 minutes, suit, avec un style qui rappelle celui de Wes Anderson, le périple de quatre amis dans les Balkans.

« C’était ambitieux de le soumettre au festival de Banff parce que ça sortait de cette idée du film d’aventures où on suit des gens qui viennent de faire un exploit. Parce que là, c’était tout le contraire, commente Nicolas Bellavance. J’étais donc très heureux que ce soit sélectionné. Quant au Toit de Ben, je ne m’attendais pas à ce qu’il ait autant de portée dans la mesure où c’est une histoire locale. »

Ce dernier court métrage de 14 minutes a une genèse intéressante. Amandine Geraud, spécialiste du marketing chez Arc’teryx, devait rencontrer un ancien grimpeur maintenant âgé de 91 ans, Bernard Poisson, pour obtenir la permission d’utiliser une vieille photo d’escalade prise au mont King, à Val-David, à la fin des années 1950. Elle a trouvé le personnage tellement fascinant qu’elle a lancé l’idée de faire un film à son sujet.

C’était le début de l’escalade au Québec, alors que l’équipement et les techniques étaient encore rudimentaires. Bernard Poisson, un pionnier, a alors remarqué une ligne extraordinaire au mont King, un toit parcouru d’une fissure.

« Habituellement, l’escalade, c’est vertical, note Amandine Geraud. Là, c’était horizontal. Il a été émerveillé. »

Utilisant la technique d’escalade artificielle, qui consiste à utiliser de l’équipement pour progresser, il a effectué la première ascension de cette voie, en 1958. On a donné à celle-ci le nom de Toit de Ben en son honneur. Ça a pris 30 ans avant qu’on réussisse à faire la voie en escalade libre, c’est-à-dire sans matériel pour aider la progression (mais avec des protections en cas de chute).

Le film raconte cet exploit, en montrant également des images magnifiques d’un grimpeur contemporain réalisant cette voie avec les techniques modernes.

Le surf comme passion

La réalisatrice Ariane Moisan a également eu le bonheur de voir le festival de Banff sélectionner son film D’amour et d’eau frette.

Ariane Moisan travaille depuis une quinzaine d’années dans le domaine de la télévision, elle a connu les Gémeaux, mais elle n’avait jamais eu l’occasion de réaliser un film qui correspondait au créneau du Festival de film de montagne de Banff.

C’est un festival que j’estime énormément. Dans le domaine, c’est le plus prestigieux. Je n’aurais jamais osé rêver y avoir un film.

Ariane Moisan

D’amour et d’eau frette, un court métrage de 13 minutes, suit les aventures d’Alexis Boudreau, un jeune Madelinot passionné de surf.

« J’avais rencontré Alexis il y a huit ans alors que je ne savais pas qu’il y avait du surf aux Îles-de-la-Madeleine, raconte Ariane Moisan. Il nous avait fait découvrir les petits secrets de son territoire. Lorsqu’on [Urbania] m’a offert ce projet de film, c’était évident que c’était lui qui allait porter cette histoire. Il avait toute l’essence des Madelinots, toute l’essence du surf en lui. »

Ski, canot et vélo

De son côté, l’équipe de l’Expédition AKOR a avoué avoir été prise de court par la sélection de son film Canada Vertical, un moyen métrage de 44 minutes réalisé par Laurent Poliquin.

Le film retrace l’exploit de Nicolas Roux et de Guillaume Moreau qui ont parcouru en 2021 le Canada du nord au sud, un parcours de 7600 kilomètres qui a nécessité 234 jours d’expédition d’abord en ski, puis en canot et à vélo.

« On a documenté l’[expérience] du mieux qu’on pouvait, mais on n’est pas des vidéastes, déclare Nicolas Roux. On ne pensait pas que ça allait se rendre à Banff. Si on avait voulu optimiser nos chances, on aurait fait un film de 20 minutes, mais on a voulu faire un film pour nous, pour nos commanditaires. Le fait que ça a été pris quand même, ça prouve que notre histoire a quelque chose à apporter. On est super contents. »

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