« C’est un film sur une ado normale… avec des problèmes un peu différents », annonce en riant Ariane Louis-Seize. Pour son premier long métrage, la cinéaste a choisi de s’intéresser aux vampires et s’est éclatée sur ce vaste terrain de jeu à examiner des thématiques profondément humaines.

La réalisatrice forte de plusieurs courts métrages primés (La peau sauvage, Comme une comète, Les petites vagues) atterrit à peine d’un été de rêve à voyager avec son film. Vampire humaniste cherche suicidaire consentant a fait fureur à la Mostra de Venise, au début du mois de septembre, où il a gagné dans la section parallèle Giornate degli Autori (Venice Days) du festival international.

« Une expérience extraordinaire. On est tellement fiers », dit-elle, annonçant déjà la complicité toute spéciale qui s’est installée entre les membres de l’équipe du film. « C’est vraiment fou de recevoir tout cet amour pour les personnages et l’univers qu’on a créés. »

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Ariane Louis-Seize

Le titre Vampire humaniste cherche suicidaire consentant intrigue autant que sa prémisse. Sasha (Sara Montpetit) est une vampire qui souffre d’un mal de vivre bien particulier : elle ne veut pas mordre. Au grand dam de sa famille, dont les membres négocient cette réalité chacun à leur façon. Son père sensible (Steve Laplante) tente de la protéger, sa mère (Sophie Cadieux) est épuisée de gérer la charge mentale et sa tante (Marie Brassard) est accablée par la situation : « Tes parents ne sont pas un buffet ! », tranche-t-elle.

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Ariane Louis-Seize (à droite) dirige Sara Montpetit et Noémie O’Farrell sur le plateau de tournage.

Improbable duo

Forcée de trouver une solution pour assurer sa survie et confiée temporairement à sa cousine Denise – une véritable séductrice sanguinaire – pour apprendre à tuer, Sasha fait la rencontre du jeune Paul (Félix-Antoine Bénard), qui subit de l’intimidation et envisage l’idée de se donner la mort. Une connexion improbable et touchante s’installera entre ces deux êtres qui se cherchent.

« Sasha et Paul se sentent exclus de leur monde respectif. Ils essaient de grandir, de se comprendre. Et c’est ensemble qu’ils y arrivent », explique Sara Montpetit. « Les deux doivent trouver une façon de pouvoir continuer à vivre tout en restant fidèles à eux-mêmes », renchérit son partenaire de jeu, Félix-Antoine Bénard.

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Félix-Antoine Bénard et Sara Montpetit

Si leur première audition commune a été ponctuée de silences et de malaises et les a complètement déstabilisés, ça a plutôt été une révélation pour Ariane Louis-Seize, qui a trouvé en cette « anti-chimie » exactement le ton de son film. « Leur rencontre a donné quelque chose de délectable, raconte la réalisatrice. Un malaise fin, drôle et surtout attendrissant. Je me suis précipitée pour les booker. »

Visiblement, une chimie s’est développée depuis, dans la vraie vie, car les jeunes comédiens complètent leurs phrases et ont les mêmes scènes préférées. « Il y en a une en particulier que j’ai aimée, où on est dans la chambre », note Félix-Antoine Bénard. « Oui ! Celle de la danse pis de l’allergie aux acariens ! », intervient Sara Montpetit. « Chaque fois qu’on la tournait, on n’était pas capables d’arrêter de cramper, racontent-ils. On essayait tellement de ne pas rire qu’on riait presque systématiquement. »

Au tour du public québécois

Coécrit avec Christine Doyon, scénariste dont la cinéaste « adore le cerveau », Vampire humaniste est la première comédie d’Ariane Louis-Seize, qui avait envie de s’amuser et d’aller plus loin dans l’humour. « J’ai davantage l’habitude des univers étranges, des personnages solitaires et observateurs qui se laissent guider par leur instinct. Alors que Christine est concrète dans son écriture, drôle et très bonne dialoguiste. J’avais envie d’allier ces deux univers-là », explique-t-elle.

Même si elle ne fait pas du cinéma avec un public en tête, Ariane Louis-Seize a bien hâte de présenter le fruit de son travail chez elle. « Ça a été super bien accueilli partout, mais c’est quand même avant tout un film québécois », lance-t-elle.

Croit-elle que les cinéphiles d’ici vont se laisser entraîner dans sa proposition avec autant d’enthousiasme que les publics de festivals ? « Je voulais faire un bon film, un coming of age qui présente des jeunes, mais qui ne s’adresse pas juste à eux. Et les échos que j’ai jusqu’à présent me prouvent que… j’ai réussi ! », dit la réalisatrice.

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant sera présenté en première québécoise au Festival du nouveau cinéma (FNC) ce mardi 10 octobre à 19 h au Cinéma Impérial et le 12 octobre à 18 h 30 au Cineplex Quartier Latin. Le film sortira en salle le 13 octobre.

Consultez la fiche du film sur le site du FNC
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

Comédie

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

Ariane Louis-Seize

Avec Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard, Steve Laplante, Sophie Cadieux, Noémie O’Farrell, Marie Brassard, Patrick Hivon et Marc Beaupré

1 h 30

Les inspirations vampiriques d’Ariane Louis-Seize

The Hunger, de Tony Scott (1983)

« The Hunger est à l’origine de ma fascination. C’était la première fois que je découvrais des vampires qui existaient dans un monde contemporain et que leur intériorité était plus développée. C’est un film sensuel avec une distribution incroyable. Je propose d’ailleurs un programme double dans le cadre de l’Halloween avec mon film suivi de The Hunger au Cinéma Moderne le 26 octobre. »

Only Lovers Left Alive, de Jim Jarmusch (2013)

« Ce film de Jim Jarmusch se déroule dans un Detroit fantôme… Les personnages principaux ont été extrêmement inspirants sur le plan de l’esthétique. Le réalisateur s’amuse beaucoup avec les époques et il y a un côté décalé, humoristique. Les vampires peuvent entrer dans un bar, avoir l’air un peu étranges, mais se fondre quand même dans le décor. »

A Girl Walks Home Alone at Night, d’Ana Lily Amirpour (2014)

« Pour les enjeux sociaux humains reflétés par la figure du vampire, et pour le côté juvénile et un peu punk. Le personnage principal se promène dans Bad City, ville fantôme iranienne, avec un skateboard volé à un petit garçon dans la rue. C’est un film vraiment unique qui renverse les codes. »