Le nouveau roman de l’auteur et chef d’antenne Michel Jean, Qimmik, sera porté au grand écran. C’est Anik Jean qui mettra en images ce récit qui raconte un pan méconnu de l’histoire des Inuits du Québec.

« J’ai été bouleversée par ce livre », confie la réalisatrice, en entrevue téléphonique avec La Presse. Deux petites heures ont suffi pour qu’elle dévore le roman de Michel Jean, paru le mois dernier aux éditions Libre Expression.

« Quand je l’ai lu, j’ai tout de suite su que je voulais en faire un film », continue celle dont le talent de cinéaste a été révélé l’été dernier avec le drame Les hommes de ma mère.

Michel Jean et Anik Jean – qui n’ont aucun lien de parenté – se sont liés d’amitié dans les dernières années au fil de rencontres dans les salons du livre. Alors qu’il faisait la promotion de Kukum, elle s’y trouvait pour présenter ses livres pour enfants, dont Nathan au pays des pirates. « On se disait tout le temps que ça serait le fun, un jour, de travailler ensemble, mais on ne savait pas trop exactement sur quoi », raconte Anik Jean.

Ce sera finalement sur l’adaptation de Qimmik, puisque Michel Jean signera le scénario. Au cœur de ce récit : la sédentarisation forcée d’Inuits sur le territoire du Nunavik dans les années 1960 et 1970. Un épisode marqué par l’abattage massif de chiens d’attelage nordiques par les autorités policières. Qimmik – prononcé « himmik » – signifie d’ailleurs « chien » en inuktitut.

C’est une tragédie que les Inuits ont vécue. C’est important de la raconter.

Anik Jean

Elle trouve remarquable la façon que Michel Jean a de « passer des messages importants » à travers un récit fictif.

Car Qimmik, c’est aussi une « belle histoire d’amour », souligne la réalisatrice, qui se décrit comme une « romantique finie ».

Elle est convaincue que ce projet a le potentiel de toucher beaucoup de gens, comme l’a fait son long métrage précédent, basé sur un scénario de Maryse Latendresse, Les hommes de ma mère.

« Ce qui est le plus important pour moi, c’est d’être capable de captiver les gens, de les faire rentrer dans mon monde et qu’ils ressortent de là avec une expérience qui les a fait réfléchir. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Jean

« Qimmik raconte une tragédie qui a marqué le peuple inuit. C’est aussi un récit traversé de lumière. Il est important que le plus grand nombre possible de gens connaisse cette histoire, car elle fait partie de l’histoire récente du Québec. Je me sens chanceux et choyé qu’Anik ait choisi de la porter au grand écran » a, de son côté, indiqué Michel Jean, dans un communiqué.

Tournage dans le Nord québécois

Quand le tournage du film devrait-il commencer ? « D’ici deux ans », répond Anik Jean, en évoquant le fait que le projet est encore embryonnaire et que beaucoup de travail reste à faire.

Le tout débutera dès ce mercredi par une première séance d’écriture.

Puis, la réalisatrice compte aller à maintes reprises dans le Nord québécois, à Kuujjuarapik, où se déroulera une partie des tournages. « Je veux m’imbiber de la culture inuite. […] Je veux aller vivre avec la communauté pendant un bout. Je veux apprendre la langue aussi », affirme-t-elle.

Elle tient également mordicus à impliquer les gens des communautés autochtones dans le projet, qui sera aussi filmé à Sept-Îles et à Montréal.

Le long métrage, qui sera produit par PaNik Fiction, boîte fondée par Anik Jean, son mari, Patrick Huard, et Attraction, n’a pas de date de sortie pour le moment.