(Paris) L’actrice française Judith Godrèche a dénoncé lundi sur les réseaux sociaux le soutien dont bénéficie dans le milieu du cinéma le réalisateur Benoît Jacquot, avec qui elle a eu une relation lorsqu’elle était adolescente et qui n’a jamais caché son attirance pour les très jeunes actrices.

La comédienne a très récemment évoqué cette relation de plusieurs années avec le cinéaste français de 25 ans son aîné, dans la série Icon of French Cinema sur la chaîne de télévision Arte, mais elle n’avait encore jamais mis en cause aussi explicitement le réalisateur.

Sollicité par l’AFP, Benoît Jacquot n’a pas souhaité commenter.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Benoît Jacquot en 2010

La dénonciation de Judith Godrèche intervient en pleine fracture du cinéma français provoquée par l’acteur vedette Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et très critiqué après la diffusion d’images où il multiplie les propos misogynes.

« La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom », dit-elle, dans un message posté sur Instagram au cours du week-end dernier, effacé avant d’être remis en ligne lundi, où elle parle d’« emprise » et de « perversion ».

« Il s’appelle Benoît Jacquot. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien. Témoigner. Il menace de me traîner en justice pour diffamation », dit la comédienne de 51 ans, estimant que le cinéaste est « estimé pour sa perversion ».

« Qui a de l’estime pour les pratiques de BJ ? Connues de tous et toutes depuis 35 ans ? Qui cautionne et valide ? L’agent qui le représente ? […] D’où lui vient ce sentiment d’impunité ? Tout se savait. Et les mêmes sont aux manœuvres », poursuit-elle, disant craindre qu’on ne lui « tourne le dos », après ces propos.

Une prise de parole motivée par le visionnage d’un documentaire où Benoît Jacquot assume l’aspect transgressif de sa relation passée avec l’adolescente. « Oui c’était une transgression. Ne serait-ce qu’au regard de la loi […] on n’a pas le droit en principe, je crois. Une fille comme elle qui avait en effet 15  ans, et moi 40, je n’avais pas le droit », peut-on l’entendre dire dans le documentaire daté de 2011.

Judith Godrèche a été révélée dans Les mendiants de Jacquot (1988) puis La désenchantée (1990). Le cinéaste a construit son œuvre autour des actrices, dont des vedettes comme Isabelle Huppert.

« Je ne peux filmer une comédienne que si j’en suis amoureux », assumait le réalisateur en 2009 dans le journal Le Figaro.