La décision de la commissaire de l’Office national du film (ONF), Suzanne Guèvremont, de fermer les studios interactifs de Montréal et de Vancouver entraîne la perte de 14 postes à temps plein et signe la fin de nombreux projets en cours.

Les studios interactifs de l’ONF ont été créés en 2009 sous la gouverne du commissaire Tom Perlmutter. À Montréal, c’est Monique Simard qui a inauguré le studio à ses débuts, épaulée par Hugues Sweeney, qui a été producteur exécutif jusqu’en 2019. L’ONF a produit plus de 200 œuvres et collaboré avec plus de 500 artistes au cours des 15 dernières années.

L’ONF a indiqué par communiqué que les 3,5 millions alloués aux deux studios seront réinvestis dans les autres activités du producteur, soit 1,5 million en production de documentaires et de films d’animation et 2 millions dans des « initiatives innovantes destinées à améliorer [ses] méthodes de production et de distribution et à accroître l’engagement des auditoires ».

« Partout au pays, les œuvres immersives et interactives font dorénavant partie du programme de nombreuses et talentueuses entreprises de création, écrit la commissaire Suzanne Guèvremont dans un communiqué.

En 2009, nous étions des pionniers en la matière ; aujourd’hui, force est de constater qu’il nous faudrait minimalement doubler le budget actuel des studios pour poursuivre pleinement ce mandat. Ainsi, nous faisons le choix de réinvestir en production et en innovation pour explorer de nouvelles initiatives.

Extrait du communiqué de la commissaire Suzanne Guèvremont

Louis-Richard Tremblay codirigera ces « nouvelles initiatives » avec Rob McLaughlin, qui était le producteur exécutif du studio de Vancouver. En entrevue avec La Presse, il a confirmé que tous les projets en cours dans les studios interactifs sont à l’étude. « Certains d’entre eux iront de l’avant dans la nouvelle structure, d’autres pas, malheureusement. »

En pleine effervescence

Comment justifie-t-il la fermeture des studios interactifs à l’heure où les projets interactifs, installations et autres expériences immersives sont en pleine effervescence ? « Nous sommes conscients de l’effervescence de ce type de projets, répond-il, et nous allons tenter d’intégrer ces savoir-faire dans notre production traditionnelle pour la rendre encore plus innovante, mais notre objectif est de concentrer nos énergies sur nos activités principales. »

Sur les réseaux sociaux, plusieurs artisans se désolaient de la fermeture des studios interactifs en général et dans plusieurs cas de l’abandon de leur projet en particulier.

« Ça, c’est pas de la déception, c’est plus grand que ça, a écrit Jean-François Clermont sur sa page Facebook. De la colère ? De l’incompréhension ? De la tristesse pour les humains qui y travaillent qui perdent leurs emplois ? De l’inquiétude pour tous ces créateurs qui n’ont plus ce formidable porte-voix, pour ce milieu qui tente de repousser les frontières et qui détourne les usages courants (et souhaités par les grandes corporations) des technologies pour raconter des histoires pour nous, à nous ? On s’enligne collectivement pour des années (et même décennies) vraiment difficiles. »