(Paris) L’actrice française Judith Godrèche a déposé plainte à Paris pour viols sur mineure contre le réalisateur Benoît Jacquot, avec qui elle a eu une relation lorsqu’elle était adolescente, et une enquête a été ouverte, a indiqué mercredi le tribunal.

L’actrice a déposé plainte mardi pour viols sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité à la Brigade de protection des mineurs pour ces faits datant de la seconde moitié des années 1980, et possiblement prescrits, a indiqué mercredi à l’AFP son avocate Me Laure Heinich, confirmant une information du journal Le Monde.

Une enquête préliminaire a été ouverte suite à sa plainte, a indiqué le parquet de Paris mercredi, sollicité par l’AFP.

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Benoît Jacquot, en 2018

L’enquête « porte sur les infractions de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité, l’ensemble des faits dénoncés ayant eu lieu entre 1986 et 1992 », a ajouté le ministère public, précisant que les investigations ont été confiées à la Brigade de protection des mineurs.

Selon Le Monde, le cinéaste français de 77 ans, « nie fermement les allégations et accusations de Judith Godrèche ». Sollicité par l’AFP, il a fait savoir mercredi qu’il ne souhaitait pas réagir davantage, s’en tenant à ces déclarations.

La comédienne, 51 ans, avait récemment évoqué cette relation avec le cinéaste de 25 ans son aîné dans la série Icon of French cinema sur Arte. Leur liaison aurait débuté au printemps 1986, alors qu’elle avait tout juste 14 ans, et se serait achevée au début des années 1990.

Mme Godrèche, qui n’avait jusque-là jamais mis en cause le réalisateur devant la justice, avait dénoncé début janvier sur les réseaux sociaux le soutien dont il bénéficie dans le milieu du cinéma.

« Il s’appelle Benoît Jacquot. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien. Témoigner. Il menace de me traîner en justice pour diffamation », disait-elle, estimant que le cinéaste, qui n’a jamais caché son attirance pour les très jeunes actrices, est « estimé pour sa perversion ».

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Judith Godrèche, en 1992

Sa prise de parole avait été motivée par le visionnage d’un documentaire daté de 2011 où Benoît Jacquot reconnaissait le caractère illégal de sa relation avec une adolescente.

Devant les enquêteurs, Judith Godrèche, révélée dans Les mendiants de Benoit Jacquot (1988) puis La désenchantée (1990), a dénoncé également des violences au cours de cette relation, selon Me Heinich.

Le cinéaste a construit son œuvre autour des actrices, vedettes comme Isabelle Huppert ou débutantes comme Isild Le Besco. « Je ne peux filmer une comédienne que si j’en suis amoureux », disait-il en 2009 dans le journal Le Figaro.

Cette plainte vient s’inscrire dans le sillage de nombreuses accusations du #metoo du cinéma français qui ont visé ces dernières semaines d’autres personnalités importantes du 7e art français.

Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis fin 2020, a ainsi été cloué au pilori pour des séquences tournées en 2018 en Corée du Nord, diffusées dans l’émission Complément d’enquête de France 2 en décembre, où il multiplie propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes.