(Paris) L’actrice française Judith Godrèche a mis jeudi en cause le comportement à son encontre du réalisateur Jacques Doillon, lorsqu’il la dirigeait et qu’elle était âgée de 15 ans, en plus d’un autre cinéaste qu’elle accuse, Benoît Jacquot.

L’actrice a porté plainte contre les deux réalisateurs, a confirmé à l’AFP son avocate, Me Laure Heinich. Les deux cinéastes nient.

Les investigations, confiées à la Brigade de protection des mineurs, portent « sur les infractions de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité », selon le ministère public.

« L’ensemble des faits dénoncés a eu lieu entre 1986 et 1992 », a précisé la même source.

Benoît Jacquot, qui a 25 ans de plus qu’elle, l’a dirigée à l’écran et a entretenu durant plusieurs années une relation avec elle à partir de ses 14 ans.

Jeudi, l’actrice a réitéré sur la radio France Inter ses accusations contre ce cinéaste et mis en cause un autre réalisateur de la même génération, Jacques Doillon, 79 ans.

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Jacques Doillon, en 2017

Les faits qu’elle a évoqués remontent au tournage de La fille de 15 ans, sorti en 1989, et tourné alors que Judith Godrèche avait 15 ans, et était en couple avec Benoît Jacquot.

Elle a relaté une scène d’intimité tournée avec Jacques Doillon, en présence de Jane Birkin, qui était alors la compagne du réalisateur. « Tout d’un coup, il décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi », a-t-elle raconté. « J’enlève mon pull, je suis torse nu, il me pelote, me roule des pelles », a-t-elle ajouté.

Interrogée pour savoir si M. Doillon avait « abusé » d’elle, elle a acquiescé.

« Jacques Doillon découvre ces accusations ce matin par voie de presse », a déclaré à l’AFP son avocate, Me Marie Dosé. « Il les réfute avec force et a hâte de s’expliquer devant la justice », a-t-elle assuré.

De son côté, Benoît Jacquot, 77 ans et un film attendu prochainement, « nie fermement les allégations et accusations » dans le journal Le Monde, qui a révélé la plainte de Judith Godrèche.

La comédienne et le cinéaste ont débuté leur relation au printemps 1986, alors qu’elle avait tout juste 14 ans et faisait ses premiers pas dans le cinéma. Ils ont vécu ouvertement ensemble, achetant même un appartement dans Paris, jusqu’à leur séparation en 1992.

Jeudi, Le Monde publie par ailleurs de nouveaux témoignages sur le comportement de Benoît Jacquot, auteur des Adieux à la reine ou de Journal d’une femme de chambre.

L’actrice et scénariste Julia Roy, qui a 42 ans de moins que lui et a joué dans quatre de ses films, y dénonce des « violences verbales et physiques » : insultes et menaces, coup de pied et gifle, jet de chaise et de vaisselle.

L’actrice et réalisatrice Isild le Besco, qui a tourné six films avec Benoît Jacquot, a transmis un texte au quotidien où elle évoque des « violences psychologiques ou physiques ».

Dans Le Monde, Benoît Jacquot, 77 ans, évoque « un coup de pied au cul » à Julia Roy, et nie toute violence physique à l’égard d’Isild le Besco.

Ces témoignages viennent s’inscrire dans le sillage d’autres accusations du #metoo du cinéma français, qui ont visé ces dernières semaines d’autres personnalités importantes du 7e art.  

Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis fin 2020, a ainsi été cloué au pilori pour des séquences tournées en Corée du Nord, où il multiplie propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes.