Il faut croire en ses rêves, dit-on. Même si parfois la réalité fait tout pour nous décourager. Adapté d’un roman à succès paru en 1958, sous la plume de l’Américain Paul Gallico, Mrs. Harris Goes to Paris est une des belles surprises cinématographiques estivales. Un feel good movie qui vous fera sourire et aussi... réfléchir.

Au milieu des années 1950 à Londres, une femme de ménage, veuve de guerre, mène une vie rangée et sans histoire, jusqu’au jour où elle voit une robe Dior chez l’une de ses clientes. Cette robe va la faire rêver ! Après avoir ramassé une à une ses livres sterling, Ada Harris part à Paris pour se procurer une création du célèbre couturier. La femme « ordinaire » vivra alors une aventure extraordinaire qui transformera sa vie, mais aussi l’avenir de la maison Dior.

Mrs. Harris Goes to Paris se présente d’abord comme une autre comédie sur les charmes et les clichés de la Ville Lumière, un pendant rétro de la série Emily in Paris (la distribution comprend d’ailleurs Lucas Bravo, qui incarne Gabriel dans la série de Netflix). Toutefois, le film s’avère une œuvre moins légère que la carte postale annoncée.

Si le récit gravite autour de la haute couture et nous transporte avenue Montaigne, dans la maison Dior, où Ada Harris atterrit avec fracas, le film s’attarde aux coulisses de la mode. Le réalisateur Anthony Fabian donne le beau rôle aux gens qu’on dit ordinaires, à ces personnes « invisibles », mais indispensables, qui contribuent à rendre le monde beau et meilleur. Sans rien demander en retour.

PHOTO DAVID LUKÁCS, FOURNIE PAR UNIVERSAL PRODUCTION

Lambert Wilson avec Lesley Manville

D’ailleurs, on aperçoit peu le grand patron Christian Dior, sauf une ou deux minutes à la fin. L’histoire tourne autour des ouvrières, des « petites mains », des employés « invisibles » de la maison, sans qui les clients riches et célèbres brilleraient beaucoup moins. Dehors, le Sacré-Cœur et la tour Eiffel ont beau miroiter à l’horizon, les ordures s’accumulent dans Paris, gracieuseté d’une grève des éboueurs.

Tranquillement, la comédie rétro prend des allures de fable ouvrière... Mrs. Harris va même inciter le personnel à faire la grève quand la directrice de la maison Dior, excellente Isabelle Huppert, décide de supprimer des postes pour sauver l’entreprise.

Lesley Manville joue le rôle-titre et le succès du film repose sur son charisme et sur son jeu tout en dentelle. La comédienne britannique incarne à merveille cette femme attachante, aux yeux pétillants et au cœur si vaste, si tendre, que certains en abuseront... Avec ses jolis chapeaux, sa modeste coquetterie, sa nature optimiste, le personnage de Mrs. Harris fait penser un peu à la Winnie de Beckett, dans Oh ! les beaux jours. Et son interprète rappelle Madeleine Renaud avec qui elle a une certaine parenté...

Samuel Beckett qualifiait Winnie de « damnée de l’espérance ». Une femme gaie, pleine de bonté et de reconnaissance envers la vie, malgré ses malheurs. Dans un tout autre registre, Ada Harris demeure bienveillante devant l’Éternel. C’est pour cela que ce personnage est émouvant et intemporel.

En salle

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Mrs. Harris Goes to Paris (V. F. : Une robe pour Mrs. Harris)

Comédie dramatique

Mrs. Harris Goes to Paris (V. F. : Une robe pour Mrs. Harris)

Anthony Fabian

Avec Lesley Manville, Isabelle Huppert, Lambert Wilson et Lucas Bravo

1 h 55

8/10