Anna, son conjoint et leurs trois garçons forment une belle et grande famille quasi parfaite. Quasi, puisque le petit Simon est en fait placé ici par les autorités, et ce, depuis qu’il est bébé. Or, à ses 6 ans, son père biologique revient dans le décor. Une bombe pour la famille d’accueil. À commencer par la « mère »…

Âmes maternelles aux cœurs sensibles, soyez averties. Ce petit bijou de film va vous tirer quelques larmes, c’est garanti.

Le deuxième long métrage de Fabien Gorgeart (lequel s’est lancé en cinéma précisément pour raconter cette histoire, inspirée de sa propre famille, tout spécialement sa mère) commence pendant les vacances. Images de bonheur à l’écran : les enfants rient, les parents aussi, et tout ce beau monde s’amuse en dansant joyeusement sur les Rita Mitsouko. C’en est presque trop beau pour être vrai. Et ça l’est.

Rapidement, on devine qu’un enfant du lot n’est pas exactement comme les autres. Il fait la prière avant le dodo. Et ne peut pas faire de « trucs rigolos ». Notamment des activités un brin dangereuses comme en font ses « frères ». Ce sont les règles, comprend-on, imposées à cette famille d’accueil, laquelle s’occupe par ailleurs de lui depuis des années. Une petite éternité.

Anna, la mère, le considère comme son fils. Et lui, comme sa mère. Dans les gestes, la tendresse et les mots, aussi. « Maman » par-ci. « Mon chéri » par-là. « Mon cœur », aussi. Jusqu’au jour où tout bascule.

Les pions sont posés pour un mélodrame en bonne et due forme, et c’est exactement ce que nous offre La vraie famille, un long métrage, qui, malgré son titre un peu simplet (quoiqu’au final parfaitement équivoque), nous offre ici un récit complexe, ne ménageant aucune subtilité dans la construction des personnages. S’il frôle certes avec le larmoyant, le film n’y plonge heureusement jamais complètement.

Parce qu’ainsi va la vie : il n’y a pas de méchants ni de gentils ici. Mais que de bonnes personnes (presque trop), pleines de (toujours trop) bonnes intentions. Y compris les institutions. Des intentions malheureusement divergentes. Pour ne pas dire concurrentes.

Mention spéciale aux dialogues, spontanés et si bien sentis, et au jeu des acteurs (tant des adultes que des enfants, d’ailleurs), d’une infinie maîtrise.

Mélanie Thierry, en mère surinvestie, à la fois pleine de retenue et criante d’émotion, est ici déchirante de vérité. Il faut voir son visage se décomposer, puis se recomposer, pour mesurer son talent.

La vraie famille a été salué dans plusieurs festivals, notamment à Angoulême, où le film est reparti avec le Valois du jury et en prime le Valois de la meilleure actrice. Une reconnaissance amplement méritée.

La vraie famille

Drame

La vraie famille

Fabien Gorgeart

Avec Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati

1 h 42

7/10

En salle