Falcon Lake, très joli récit initiatique, intime et poétique, est le premier long métrage de la comédienne québécoise Charlotte Le Bon, qui fait carrière depuis plus d’une décennie en France. Seul film québécois présenté en sélection officielle en mai dernier au Festival de Cannes, il a reçu un accueil fort enthousiaste du public de la Quinzaine des réalisateurs.

Adaptation très libre du roman graphique Une sœur, de Bastien Vivès, que Charlotte Le Bon a transposé de la mer en Bretagne à un lac des Laurentides, où elle a grandi, Falcon Lake s’intéresse à l’éducation sentimentale et aux premiers émois amoureux de Bastien, un Français de 13 ans (Joseph Engel).

Lorsque sa famille vient passer quelques jours en vacances dans un chalet au bord du lac où sa mère québécoise (Monia Chokri) a grandi en compagnie de son amie d’enfance (Karine Gonthier-Hyndman), Bastien tombe instantanément sous le charme de Chloé (Sara Montpetit).

L’adolescente de 16 ans, qui est un peu excentrique et croit à ses propres histoires de fantômes, est d’emblée irritée par l’irruption de ce garçon dans sa vie (ils partagent la même chambre), mais finit par se prendre d’affection pour Bastien. S’agit-il du rapport amour-haine d’une grande sœur pour un petit frère ? D’une affection platonique ou d’une relation d’une autre nature ?

PHOTO FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

Joseph Engel et Sara Montpetit dans une scène de Falcon Lake

Chloé traîne d’ordinaire avec des garçons de 18-19 ans, boit, fume et est fascinée par la mort. Bastien, lui, est surtout fasciné par Chloé, qui le traîne avec elle dans les fêtes de chalet et au bord du lac, où on aime se raconter des histoires de peur. Un jeu ambigu de séduction s’installe entre eux. Bastien veut montrer à Chloé qu’il est plus mûr qu’elle ne le croit. Chloé se joue de l’intérêt soudain que Bastien lui porte et de l’ascendant qu’elle a sur lui.

Dans ce premier long métrage de Charlotte Le Bon, un récit d’apprentissage qui flirte avec les codes du cinéma de genre, la cinéaste de 36 ans traite avec doigté des premières fois, des petites jalousies et des humiliations de l’âge ingrat.

Bastien a un pied dans l’enfance et un pied dans l’adolescence. Chloé un pied dans l’adolescence et un pied dans l’âge adulte. Ils se retrouvent dans une zone convergente et intermédiaire, entre deux âges, avec toutes les maladresses, les quiproquos et les drames potentiels que cela sous-entend.

Autour du lac placide où est campée l’intrigue, dans la forêt dense et inquiétante – le tournage a eu lieu dans le bien nommé village de Gore, dans les Laurentides –, on appréhende le drame à tout moment.

Charlotte Le Bon parvient à créer et soutenir cette tension, grâce à une réalisation particulièrement soignée et subtile, à la fois sombre et lumineuse, faite de splendides jeux d’ombres sur les visages et les silhouettes. Et d’une bande sonore anxiogène. La fin, ouverte et énigmatique, reste longtemps en tête. Comme une bonne histoire de fantômes.

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Falcon Lake

Drame

Falcon Lake

Charlotte Le Bon

Avec Sara Montpetit, Monia Chokri, Karine Gonthier-Hyndman et Joseph Enge

1 h 40

8/10