Quand on choisit d’aller voir le troisième volet d’une franchise qui est elle-même dérivée d’une autre, il ne faut évidemment pas s’attendre à ce que la formule déjà éprouvée soit vraiment modifiée. Rien n’étonne dans le récit de Creed III, mais on peut quand même dire que ce troisième opus est supérieur à Creed II (Steven Caple Jr.), sans cependant atteindre la fraîcheur de Creed (Ryan Coogler), sorti il y a huit ans.

En plus des qualités de réalisation de Ryan Coogler, qui s’est ensuite attaqué à Black Panther et Black Panther : Wakanda Forever, cette réussite initiale tenait sans doute au passage du flambeau entre Rocky lui-même et les nouveaux protagonistes de cette franchise dérivée, construite autour du personnage d’Adonis Creed (Michael B. Jordan), le fils du célèbre Apollo. Ce dernier, rappelons-le, était le grand rival de Rocky Balboa dans le tout premier Rocky, sorti il y a maintenant… 47 ans ! Creed III marque d’ailleurs la séparation définitive avec cette partie de l’histoire, Sylvester Stallone, présent dans les deux premiers films, n’ayant aucun rôle à jouer dans ce nouveau chapitre.

Ayant pris le relais derrière la caméra, tout en tenant le rôle principal, Michael B. Jordan orchestre un spectacle de boxe impressionnant (surtout en format IMAX), mais il a en revanche recours à des effets beaucoup trop appuyés quand il s’agit du reste.

PHOTO SER BAFFO, FOURNIE PAR METRO GOLDWYN MAYER

Jonathan Majors dans Creed III, un film réalisé par Michael B. Jordan

Vivant maintenant à Los Angeles et n’étant pas monté sur un ring depuis trois ans, Adonis (Michael B. Jordan), longtemps détenteur du titre de champion du monde, mène la vie des gens riches et célèbres dans une luxueuse résidence sur les collines hollywoodiennes. Le prologue nous ramène cependant à l’époque de son adolescence, où son meilleur ami était Damian. Ce garçon était doté lui aussi d’un vrai talent de boxeur, mais ses ambitions ont été contrées en plein élan par un drame l’ayant conduit en prison.

Un scénario archiprévisible

À partir de là, les scénaristes Kennan Coogler, Zach Baylin et Ryan Coogler semblent avoir écrit leur récit sur un modèle préfabriqué. Tout devient alors archiprévisible. L’ami d’hier s’étant senti trahi, il a pu ruminer sa revanche pendant des années, s’entraîner comme un fou, devenir un boxeur redoutable, puis mettre au défi l’ancien champion, maintenant à la tête d’un gymnase et d’une entreprise organisant des combats. Pourquoi n’aurait-il pas droit à une deuxième chance ? Et, un coup parti, pourquoi ne le laisserait-on pas boxer pour le titre mondial ?

Tout est évidemment construit de telle sorte que le dernier acte soit consacré à ce combat ultime entre les deux anciens amis, pour atteindre enfin ce point d’orgue où une variation sur le célèbre thème musical de Bill Conti se fait entendre.

Les combats sont habilement chorégraphiés, filmés de façon très efficace sous la direction de celui-là même qui s’exécute sur le ring au centre du terrain du Dodger Stadium.

Si cet aspect de Creed III devrait assurément satisfaire les admirateurs de la franchise, on ne peut en dire autant de l’histoire familiale greffée autour. Michael B. Jordan emprunte une approche souvent larmoyante en soulignant à coups de violons trop insistants tous ses effets dramatiques.

En revanche, la rivalité entre Adonis et son adversaire est bien rendue. Jonathan Majors, l’interprète de Damian, a su donner à son personnage une dimension qui dépasse le simple rôle du méchant de service. Sa présence en impose. Si jamais un Creed IV devait être mis en chantier (mais est-ce bien nécessaire ?), il faudrait assurément que ce Damian revienne pour brasser un peu une cage trop semblable d’un film à l’autre.

Creed III est présentement en salle en version originale anglaise et en version française.

Creed III

Drame

Creed III

Michael B. Jordan

Avec Michael B. Johnson, Tessa Thompson, Jonathan Majors

1 h 56
En salle

6/10