En 1979, l’étau se resserre autour d’un tueur à gages travaillant sous les ordres de Claude Dubois, patron de la pègre du sud-ouest de Montréal. Après avoir été compromis dans une cause de double meurtre, Donald Lavoie se retrouve traqué autant par son clan que par les autorités policières.

Quelques mois après la sortie de Confessions, film à succès de Luc Picard dans lequel on parvenait à rendre intéressant le parcours du tueur à gages Gérald Gallant, type on ne peut plus « ordinaire » dans sa vie, voilà qu’arrive maintenant Crépuscule pour un tueur. Réalisé par Raymond St-Jean (Une chaise pour un ange, Louise Lecavalier – Sur son cheval de feu) à partir d’un scénario que ce dernier a coécrit avec Martin Girard (Nitro Rush, Saint Narcisse), ce long métrage est inspiré de la vie de Donald Lavoie, autre tueur à gages ayant marqué l’histoire du crime au Québec à la fin des années 1970.

Au-delà de la fascination notoire qu’exerce ce genre d’histoire dans notre imaginaire collectif (le succès des séries consacrées à des crimes célèbres sur les plateformes le prouve), la différence fondamentale entre les deux films réside dans la personnalité même de celui autour duquel le récit est construit. Sur ce plan, Donald Lavoie ne pourrait être plus différent de Gérald Gallant, d’autant que les médias de l’époque en ont fait une vedette.

Raymond St-Jean a bien relevé le défi en évitant toute glamourisation d’un homme au départ doté de charisme, dont la chute fut aussi abrupte que l’ascension fut rapide au sein de la pègre du sud-ouest de Montréal. Le cinéaste s’attarde bien sûr à décrire les meurtres dans lesquels Lavoie fut impliqué – qu’il montre très sèchement, sans aucune complaisance –, mais le cœur de son récit se trouve néanmoins dans le lien particulier qu’entretient le tueur avec Claude Dubois (formidable Benoît Gouin), son patron en qui il voit en outre une figure paternelle. Le récit emprunte également une nouvelle direction quand arrive dans le décor l’inspecteur Roger Burns (Sylvain Marcel, impeccable), qui fera de Lavoie un informateur.

Ponctué par les tubes de l’époque (on a même fait l’effort de ressortir le Censuré de Christine Charbonneau parmi les évidences signées Michel Pagliaro, Nanette Workman et Renée Martel !), le long métrage recrée l’environnement des années 1970 sans toutefois tomber dans la caricature. Ce monde complètement différent sur le plan médiatique, où le journal Allô Police dominait le secteur de l’actualité judiciaire, semble même relever aujourd’hui d’un autre âge.

Appuyé par une distribution d’ensemble solide, Éric Bruneau en impose dans le rôle de Donald Lavoie en révélant à la fois la nature implacable d’un tueur capable d’exécuter froidement les ordres, tout autant que l’aspect plus fragile d’un individu en mal de validation. Portrait crédible d’un être monstrueux qui n’en a pourtant pas l’apparence.

En salle

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Crépuscule pour un tueur

Drame

Crépuscule pour un tueur

Raymond St-Jean

Avec Éric Bruneau, Rose-Marie Perreault, Benoît Gouin

1 h 46

8/10