Deux analystes de Wall Street voient leur couple battre de l’aile lorsque madame devient la supérieure hiérarchique de monsieur.

Jeunes, beaux, riches, ambitieux, Emily (Phoebe Dynevor) et Luke (Alden Ehrenreich) ont tout pour être heureux. Or, afin de ne pas enfreindre le règlement de la firme d’investissement de Wall Street où ils sont analystes, les futurs mariés doivent garder secrète leur relation amoureuse. Ayant fait part à Luke d’une rumeur selon laquelle il obtiendrait une promotion, Emily est la première surprise lorsque Campbell (Eddie Marsan), patron de la boîte, lui annonce que c’est elle qui l’a obtenue. Si Luke se réjouit d’abord pour sa fiancée, il déchante bientôt.

Réalisatrice de séries télé (Suits, Ballers, Billions), Chloe Domont signe un premier long métrage à glacer le sang. Avec un sens aigu de l’observation, des dialogues écrits au scalpel et une mise en scène d’une précision clinique, elle décortique une relation toxique qui s’envenime et entraînera de lourdes conséquences pour les deux protagonistes, tant personnellement que professionnellement.

Tel un poison insidieux, la jalousie de Luke fragilisera non seulement le couple, mais également Emily, qui risque de compromettre sa carrière en tentant de mousser celle de l’analyste médiocre qu’est son fiancé. Commentaires désobligeants, suggestions malveillantes, gestes déplacés : tout semble calculé dans l’attitude de Luke, qui se plaît à jouer la victime pour ébranler la brillante jeune femme, qui doit mettre les bouchées doubles afin de survivre dans cet univers sans merci dominé par les hommes.

Dans cette fine analyse d’un couple à la dérive, Chloe Domont s’applique à instaurer dans un premier temps une atmosphère torride propice aux ébats sexuels des deux amants, cadrant les corps de près, suggérant un amour fusionnel. Dans un second temps, tandis que le travail d’Emily s’immisce dans l’intimité du couple – Campbell se permettant de la consulter au petit matin –, que Luke repousse les avances d’Emily, le climat du film devient de plus en plus anxiogène, conférant au drame des airs de néo-noir.

Alors que les amoureux s’éloignent l’un de l’autre, la cinéaste les rapproche une dernière fois dans une scène évoquant le soir de leurs fiançailles. Cette fois, la fougue fait place à la violence. À elle seule, cette percutante scène résume l’idée de Fair Play selon laquelle chaque mot que l’on prononce et chaque geste que l’on fait peuvent se retourner contre soi, même lorsqu’on est soi-même victime.

En salle et sur Netflix

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Fair Play (v. f. : Franc-jeu)

Drame

Fair Play (v. f. : Franc-jeu)

Chloe Domont

Phoebe Dynevor, Alden Ehrenreich, Eddie Marsan

1 h 53

7/10