Réalisateur connu, Giovanni tourne un film d’époque sur le Parti communiste italien. Entre son couple en crise, son producteur en faillite et sa fille qui le délaisse, tout semble jouer contre lui. Le cinéaste devra se rapprocher des siens pour se diriger vers un avenir radieux.

Le nouveau film de Nanni Moretti a l’effet de belles et chaudes retrouvailles avec un vieux camarade. À la fois drôle et mélancolique, joyeux et nostalgique, Vers un avenir radieux est d’abord un plaidoyer pour la magie (et la survie) du cinéma d’auteur. Un art que le réalisateur italien voit comme l’ultime utopie de notre siècle fou.

Vingt ans après Journal intime, prix de la mise en scène au Festival de Cannes, en 1994, Moretti renoue avec son genre de prédilection, l’autofiction. À 70 ans, il n’a pas perdu de sa verve, dans cette satire qui se veut aussi objet de résistance à la toute-puissance des superproductions, des algorithmes et des plateformes.

Personnage bourru et égocentrique, mais aussi attachant, Giovanni, l’alter ego de Moretti, se réfugie dans un passé réconfortant avec un projet de long métrage sur le Parti communiste italien en 1956 (Silvio Orlando, l’un des acteurs du film dans le film, est merveilleux). Visiblement plus à l’aise dans le passé et la fiction que dans le présent et la réalité, le cinéaste refuse de voir la crise que traverse son couple (superbe Margherita Buy qui joue sa femme et productrice).

Vers un avenir radieux critique la société actuelle et la commercialisation du cinéma avec les plateformes comme Netflix. Moretti rend hommage à 8 1/2 et Fellini, The Swimmer et aux films de Cassavetes et de Kieślowski. On pourrait lui reprocher sa nostalgie d’un temps que les cinéphiles de moins de 20 ans ne veulent pas connaître… Mais le réalisateur sait proposer des rebondissements lumineux ; sa vision de l’art et de la vie reste porteuse d’espoir.

Il y a plusieurs scènes mémorables dans Vers un avenir radieux. La rencontre de Giovanni avec des « exécutifs » de Netflix qui, dans une novlangue à la fois absurde et inquiétante, lui donnent des conseils sur le cinéma. La scène où il se balade en trottinette électrique dans les rues de Rome, avec son producteur (Mathieu Amalric) ; celle où Moretti entame la chanson à succès Sono Solo Parole, d’abord en solo, ensuite en duo, puis en chœur avec son équipe de tournage. En terminant avec un vibrant MOTEUR ! Comme pour nous rappeler que le cinéma est images, son et lumière, mais aussi action !

Présenté en version originale italienne, avec sous-titres français ou anglais

Il Sol dell’avvenire (V.F. : Vers un avenir radieux)

Comédie dramatique

Il Sol dell’avvenire (V.F. : Vers un avenir radieux)

Nanni Moretti

Avec Nanni Moretti, Margherita Buy, Mathieu Amalric

1 h 36
En salle

8,5/10

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