Dans un monde où il est possible de prouver la compatibilité amoureuse entre deux personnes, une femme dont le couple a obtenu un test positif remet en question le résultat lorsqu’elle décroche un poste dans une clinique d’enseignement de l’amour et rencontre un instructeur.

La prémisse de Fingernails est fort intéressante. Le récit se déroule à une époque jamais révélée : esthétique rétrofuturiste, absence des technologies, mode normcore généralisée. Il existe cependant une machine qui permet d’obtenir la preuve scientifique que deux personnes sont faites l’une pour l’autre. Il suffit d’être prêt à sacrifier un ongle. Le résultat sera de 100 %, 50 % – si une seule des deux est réellement amoureuse – ou 0 %.

Anna (Jessie Buckley) et Ryan (Jeremy Allen White) ont obtenu un test positif il y a trois ans. Une routine s’est installée entre les deux et elle leur convient parfaitement. Sans raison apparente, la certitude certifiée d’Anna commence à s’effriter. Elle observe les tourtereaux autour et s’interroge.

Enseignante, elle ment à son chéri à propos d’un nouveau poste qu’elle vient d’obtenir dans une école. C’est plutôt à la Love Training Institute qu’elle a été embauchée. Duncan (Luke Wilson) dirige l’établissement qui, depuis un an, offre divers services à ses couples clients dans le but de renforcer le lien entre eux afin qu’ils augmentent leurs chances de réussir le test. Anna est formée par Amir (Riz Ahmed), un homme réservé, mais créatif et romantique.

Les nouveaux collègues se rapprochent et la relation entre Anna et Ryan est ébranlée. Rien de cela ne se fera dramatiquement – peut-être à l’exception d’une scène. Les personnages de Fingernails sont pour la plupart flegmatiques. Le fameux test est un sujet de discussion fréquent et quelque peu controversé, mais personne ne semble passionnément amoureux. Ou particulièrement jovial. Les acteurs canadiens Christian Meer et Amanda Arcuri incarnent la seule paire réellement animée par une affection réciproque.

Il s’agit du premier film en anglais du réalisateur grec Christos Nikou (Apples). Le scénario, écrit avec Sam Steiner et Stavros Raptis, voulait peut-être démontrer que l’amour n’est pas simple. Et que le véritable est rare et inexplicable. L’absence de justification de l’insatisfaction d’Anna est frustrante. Encore ici, c’est peut-être l’effet recherché…

Jessie Buckley (The Lost Daughter, I’m Thinking of Ending Things) rend bien l’ambivalence d’Anna. Sa mélancolie et sa curiosité forment une belle opposition à la nature très certaine de la vie dans Fingernails. Riz Ahmed (Sound of Metal, The Night Of) est aussi très convaincant dans le rôle de l’hermétique spécialiste de l’amour qui peine à le trouver. Finalement, Jeremy Allen White (les séries The Bear et Shameless) est un parfait chum plate.

S’inspirer de l’excentricité de Yórgos Lánthimos et de l’esthétisme de Wes Anderson est certainement une bonne base pour un long métrage, mais il manque d’amour – l’ingrédient – dans la recette de Christos Nikou pour nous charmer entièrement.

Fingernails (V. F. : L’amour au bout des ongles)

Drame romantique

Fingernails (V. F. : L’amour au bout des ongles)

Christos Nikou

Avec Jessie Buckley, Riz Ahmed, Jeremy Allen White

1 h 53
Sur Apple TV+

6,5/10