Dodin Bouffant tente depuis deux décennies de convaincre Eugénie de l’épouser. Il est un gastronome de réputation internationale. Elle est sa cuisinière et son amante. Dans une ultime tentative, il va lui préparer un repas digne d’une reine.

A-t-on jamais vu au cinéma plus belle déclaration d’amour par plats fins interposés ? Très librement inspiré d’un roman du Suisse Marcel Rouff publié en 1924, La passion de Dodin Bouffant de Trân Anh Hùng, Prix de la mise en scène du plus récent Festival de Cannes, rappelle par sa démesure gastronomique Le festin de Babette.

Dodin Bouffant (Benoit Magimel) est considéré à la fin du XIXe siècle comme le « Napoléon de l’art culinaire », l’égal des grands chefs Carême et Escoffier. À ses côtés en province depuis 20 ans, Eugénie (Juliette Binoche), son assistante, cuisine les plats raffinés que Dodin conçoit.

Il y a plus entre eux que des affinités gastronomiques. Ils sont aussi amants et amoureux. Mais au désespoir de Dodin, Eugénie refuse obstinément de l’épouser. Dans une ultime tentative, il va lui préparer méticuleusement, avec une précision maladive et un soin d’orfèvre, un repas digne d’une reine.

Dès la séquence d’ouverture, de plus de 30 minutes, le cinéaste franco-vietnamien du Goût de la papaye verte (Caméra d’or à Cannes en 1993), de Cyclo (Lion d’or à la Mostra de Venise en 1995) et d’À la verticale de l’été fait valser sa caméra en cuisine avec ses personnages, dans une chorégraphie sensuelle d’une remarquable fluidité, pendant qu’ils préparent un festin pour des amis.

La qualité française, dans l’art culinaire (le chef triple étoilé Michelin Pierre Gagnaire a agi à titre de consultant) et cinématographique, s’exprime à travers ce film élégant, mais académique et lisse, choisi pour représenter la France à la prochaine cérémonie des Oscars dans la catégorie du meilleur film international.

C’est une certaine idée – pour ne pas dire un cliché – de la France et de ses traditions, du pot-au-feu au Puligny-Montrachet, qui s’exprime dans cette ode de Trân Anh Hùng à sa terre d’accueil. L’aspect didactique et ampoulé des monologues de Dodin sur la cuisine est lassant, mais même engoncés dans ce carcan, Benoît Magimel et Juliette Binoche sont lumineux. On est ému comme Eugénie par la déclaration d’amour de Dodin, impressionné par leur savoir-faire en cuisine, qui ouvre inévitablement l’appétit. Assez pour excuser au film certains excès de classicisme.

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La passion de Dodin Bouffant

Drame historique

La passion de Dodin Bouffant

Trân Anh Hùng

Juliette Binoche, Benoît Magimel

2 h 14
En salle

6/10