Après la disparition de sa mère dans un incendie, un garçon de 11 ans doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne avec son père dans un vieux manoir où il rencontre un héron qui devient son guide dans sa tentative de percer les mystères de la vie.

Le 12e long métrage et chant du cygne annoncé du maître japonais Hayao Miyazaki, Le garçon et le héron, est le film-somme d’un géant du septième art. Une splendeur de film d’animation, magnifiquement réalisé, dont les images, les personnages et les motifs rappellent à la fois des œuvres plus anciennes du cinéaste (Le château dans le ciel, Mon voisin Totoro) et des plus récentes (Le voyage de Chihiro, Ponyo). Évoquant les Susuwatari noiraudes de Chihiro, les Warawara sont des petites créatures blanchâtres en forme de bulles qui montent vers le ciel pour naître en tant que bébés.

On retrouve du reste dans Le garçon et le héron, librement inspiré d’un roman de 1937, Et vous, comment vivez-vous ?, de Genzaburô Yoshino, tous les éléments (et pas seulement les quatre principaux...) qui ont fait le style et la réputation de Miyazaki et des studios Ghibli. Les émois de l’enfance, le deuil, la transmission, le discours écologique et humaniste, et bien sûr, la fantaisie.

Mahito, un garçon de 11 ans, quitte Tokyo pendant la Seconde Guerre mondiale après la mort de sa mère dans un incendie de l’hôpital où elle travaille, pour le village où elle a grandi. Il rencontre près du manoir où il vit avec son père un héron gris très particulier – il parle, pour commencer – qui le guidera vers une tour intrigante et deviendra à contrecœur son guide dans des univers parallèles et surnaturels, à la recherche d’un sens à donner à la vie.

Un héron allié ou ennemi ? Ce n’est pas clair. Miyazaki nous plonge dans un conte initiatique et existentialiste qui prend tour à tour des airs de rêve fantasmagorique et de cauchemar apocalyptique.

Dix ans après Le vent se lève, le cinéaste de 82 ans fait de nouveau preuve de toute sa maestria. L’animation somptueuse de cette fable pacifiste aux accents d’Alice au pays des merveilles est d’une beauté formelle éblouissante. Le récit, onirique et poétique, complexe et riche, se démarque par son intelligence et sa subtilité, avec force métaphores sur la guerre, la destruction de l’environnement et le passage du temps. Sans jamais verser dans le discours manichéen ou moralisateur.

Il s’agit, à l’image de l’ensemble de la filmographie de Miyazaki, d’un film d’une inventivité stupéfiante et d’une imagination sans borne, assez fort pour nous (les adultes), mais conçu pour eux (les enfants), pour emprunter la formule d’une campagne de pub de déodorant des années 1980. Le garçon et le héron n’est peut-être pas à classer parmi les chefs-d’œuvre de Miyazaki au même titre que Mon voisin Totoro ou Le voyage de Chihiro, mais c’est une pierre tout aussi précieuse dans l’édifice d’une filmographie remarquable. Le dernier legs d’un géant immortel.

En salle, en version française et en version originale avec sous-titres français et anglais.

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Le garçon et le héron

Film d’animation

Le garçon et le héron

Hayao Miyazaki

2 h 04

8/10